Précurseurs ou suiveurs, les acteurs de l’industrie prendront tous le virage de l’IIoT
Les objets connectés s’immiscent de plus en plus dans notre quotidien : ordinateurs, téléphones portables mais aussi montres, vêtements et d’innombrables capteurs pour la maison ou la voiture. Ces technologies sont en train de refondre le fonctionnement de notre société et notre façon de vivre. Originellement associé à la sphère du consommateur, l’Internet des Objets (ou IoT – Internet of Things) intéresse de plus en plus les industriels.
Alcimed, société de conseil en innovation et développement de nouveaux marchés revient sur l’essor de l’IIoT – Industrial Internet of Things ; brique essentielle de l’« Industrie 4.0 ».
Lancée par General Electric (GE), la notion d’IIoT ou d’internet industriel fait référence à l’amélioration de la communication entre les hommes et les produits industriels (machines, outils mais aussi véhicules, avions, bâtiments, …) permettant de nouveaux services à forte valeur ajoutée. La chaine de valeur de l’IIoT comprend globalement trois ensembles : les objets connectés et capteurs ; l’infrastructure cloud permettant la collection de la donnée, son transfert et son traitement ; et enfin les outils d’analyse de la donnée et les services en découlant.
« L’internet des objets en est encore à ses premiers pas dans l’industrie, mais son champ d’intervention est gigantesque et ses effets toucheront près de la moitié de l’économie mondiale. De même que l’arrivée d’Internet avait permis d’améliorer considérablement la productivité, l’IIoT, au côté de la robotique ou encore de l’impression 3D, pourrait donner lieu à des changements aussi importants que les précédentes révolutions industrielles » précise Arthur Torrin, Consultant à Alcimed au sein de la BU Energie Environnement et Mobilité.
Les sociétés devront centrer leurs modèles de décision sur la donnée
Par la captation et le traitement d’un grand nombre de données nouvelles, l’IIoT peut permettre d’améliorer la performance des machines et des processus industriels, et de minimiser les coûts. Et ce grâce à des nouveaux services tels que la gestion des machines à distance (sur ordinateur ou écran tactile), la maintenance prédictive, la réalité augmentée (pour guider les opérateurs dans leurs taches) ou la digitalisation des processus.
A titre d’exemples, les compagnies pétrolières ou sociétés de traitement d’eau peuvent équiper leurs pompes de capteurs permettant de prévoir les pannes et ainsi de minimiser les pertes de production et les coûts de maintenance. Le constructeur d’engins de chantier Caterpillar a quant à lui équipé ses machines et moteurs de capteurs pour aider les utilisateurs à anticiper les problèmes et gérer plus efficacement leur flotte. L’IIoT bénéficiera à l’ensemble des industries et en particulier aux industries manufacturières dont les gains de productivité sont estimés à près de 30%.
Ces nouveautés vont changer les bases de la compétition au sein de l’industrie et de nouvelles sociétés verront le jour comme ce fut le cas pour Amazon et Google avec l’avènement d’internet. En effet les acteurs du digital vont dorénavant pouvoir concurrencer les fournisseurs d’équipement industriels grâce à une nouvelle offre développée sur leurs données et leur traitement.
A l’image de GE, les sociétés qui réagiront rapidement et prendront des risques en participant à la création des standards industriels et au développement des concepts de l’usine connectée seront les grandes gagnantes. En investissant plus d’1 milliard de dollars et en recrutant des centaines de développeurs, GE a mis toutes les chances de son côté pour développer sa propre plateforme logicielle, Predix. Cette dernière fut d’abord utilisée dans l’aéronautique où GE a capitalisé sur son expertise dans la conception des moteurs d’avion pour développer des systèmes de maintenance prédictive ainsi que pour optimiser la flotte des compagnies d’aviation (en analysant près de 340 TB de données de millions de vols). Cette plateforme cloud est dorénavant aussi utilisable dans de nombreux domaines d’activité, dont la santé, la chimie ou la production d’énergie.
« Les industriels qui n’adopteront pas rapidement ces nouvelles solutions sur leurs sites – souvent par manque de compréhension des implications potentielles – prendront le risque d’accumuler un retard d’innovation difficile à rattraper. Cependant, qu’ils soient précurseurs ou suiveurs, tous les acteurs de l’industrie prendront à terme le tournant de l’IIoT », conclut Ronan Lucas, Responsable de missions chez Alcimed.
Des enjeux importants de l’IIoT
La sécurité. Il sera nécessaire de sécuriser les données qui transitent dans ces écosystèmes ultra-connectés. Cette caractéristique est partagée par l’ensemble des acteurs de l’internet des objets même si les industries sont tout particulièrement concernées du fait de l’aspect confidentiel et critique de nombre de leurs données. Aussi, avec le développement de la gestion des machines à distance, de nouvelles formes de cyber criminalité risquent d’apparaître contre lesquelles les industriels ne sont pas encore préparés.
La standardisation. Il y a aujourd’hui une réelle absence de langage et de protocole universel, ce qui donne lieu à un manque d’interopérabilité entre les différents systèmes. Or la valeur amenée par l’IIoT ne pourra être complétement débloquée qu’une fois que les standards permettront l’interchangeabilité des systèmes et protocoles.
Des consortiums ont été formés dans le but d’établir ensemble ces standards et les pratiques exemplaires utiles à l’industrie comme l’ « Industrial Internet Consortium » fondé par AT&T, CISCO, GE, Intel et IBM.
La durabilité. Les technologies du digital deviennent rapidement obsolètes alors que les cycles industriels sont généralement longs. Un manque d’interopérabilité donnerait lieu à des remplacements coûteux et complexes et il sera capital que les industriels prennent en compte dès le début les particularités de ces technologies.