PME : Présumées coupables d’être trop petites ?

À compétences égales, inégalités flagrantes
Un réflexe de confort, un vrai frein à l’innovation
Ce que l’on perçoit souvent, c’est ce sentiment amer : avoir coché toutes les cases, avoir proposé une offre solide, et pourtant se voir opposer un classique « Vous n’avez pas démérité, mais l’autre paraît plus structuré ».
C’est là que le bât blesse : on juge les PME sur ce qu’elles ne sont pas encore, tandis que les grandes entreprises sont valorisées pour ce qu’elles incarnent déjà. On exige des petites structures qu’elles démontrent deux fois plus, qu’elles anticipent les doutes, qu’elles sur-compensent leur taille. On ne leur accorde presque jamais le bénéfice du doute.
Cette préférence tacite pénalise tout le monde
Au-delà de l’impact direct sur les PME, marginalisées ou exclues, ce réflexe nuit aussi aux commanditaires. En se cantonnant aux grands noms, on ferme la porte à la diversité, à l’agilité et à l’innovation. Le tissu économique s’appauvrit, la concurrence se rigidifie, et on finit par tourner en rond, dans un confort peu propice au renouvellement.
Rappelons-nous : les géants d’aujourd’hui ont souvent été les petites entreprises d’hier. Encore fallait-il leur en donner la chance.
Rééquilibrer la donne ne veut pas dire baisser le niveau d’exigence
Il ne s’agit pas de plaider pour des quotas ou un traitement de faveur, mais simplement de faire respecter le principe fondamental : être jugé à armes égales. Que ce soit sur la qualité de l’offre, l’intelligence de l’approche ou la pertinence de la méthode, pas sur le nombre de filiales ou la taille du bilan.
Il est urgent de repenser les critères d’évaluation, d’ouvrir la porte à d’autres modèles, d’autres façons de performer. C’est une invitation à sortir de la zone de confort et à miser sur le mérite, la diversité et la complémentarité.
L’avenir appartient à ceux qu’on laisse entrer dans l’arène
L’équité ne doit pas rester un concept abstrait, mais se concrétiser à chaque consultation, dans chaque décision, sur chaque grille d’évaluation. Ouvrir la porte aux PME, c’est offrir un écosystème plus dynamique, plus innovant, plus juste.
Les petites entreprises ne sont pas des figurantes. Elles sont des acteurs puissants qui méritent d’être entendus. Et pour que l’avenir soit réellement à ceux qui osent, il faut commencer par leur en donner la chance.
Par Fidel Martin, Président d’Exoé