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Matteo Amerio : un Startuper visionnaire derrière Navee, engagé dans la lutte contre la contrefaçon

Né en Italie, Matteo Amerio a étudié en France à l’ESCP, puis chez StartX à l’Université de Stanford aux États-Unis. Lors de son séjour aux États-Unis, il fait la connaissance en 2018 de Mathieu Daviet, Centralien et Ingénieur, avec qui il recherche un logement. Ils découvrent alors que le web est truffé de fausses annonces, notamment immobilières et de produits contrefaits. L’expérience de Matteo Amerio au sein du cabinet international de conseil Bain & Company, axée sur des projets de luxe, le sensibilise d’autant plus à ses problématiques.

À son retour en France, sa passion pour l’intelligence artificielle ainsi que son désir d’avoir un impact positif sur le monde le conduit, en 2019, à créer Navee avec Mathieu Daviet. La startup développe de nombreux partenariats disruptifs avec des marques, des plateformes et des institutions.

Il n’hésite pas à rencontrer les grands acteurs de cette lutte et nouer des contacts étroits avec CentraleSupelec, l’Unifab (Union des fabricants pour la protection internationale de la propriété intellectuelle), Google… Adoubée par les grandes marques du luxe qui bataillent inlassablement contre les contrefacteurs du monde entier, les distinctions ne tardent pas à arriver : France Future 40, Andam Awards et LVMH Innovation Awards (data et IA) en 2020, CentraleSupélec IA en 2021.

À la fin de 2023, Navee rejoint le comité anti-contrefaçon de l’INTA (International Trademark Association).

GPO Magazine : Quelles ont été les différentes étapes du développement de Navee ?

Matteo Amerio : À l’origine de notre projet, il y a cette prise de conscience que les sociétés n’avaient pas de visibilité sur ce qui se passaient sur leurs plateformes. En effet, il existe un certain nombre de marchés parallèles, de contrefaçons qui peuvent nuire à la bonne marche d’une entreprise.

Il faut s’assurer sur Internet que les clients achètent bien du vrai et à ce titre, faire la distinction entre le vrai et le faux, savoir également où sont les produits de contrefaçon. Fort de ce constat, nous avons décidé avec Mathieu Daviet d’élaborer la construction d’un moteur de recherche BtoB qui serait là pour protéger les marques et les consommateurs de ce fléau qu’est la contrefaçon.

Après notre séjour aux États-Unis, nous avons choisi de venir en France et nous avons réussi à obtenir un financement au bout de 2 ans de démarches. À la fin de l’année 2021, nous avons pu procéder à une augmentation de capital de 3,5 millions d’euros grâce à un fonds d’investissement et à la BPI.

GPO Magazine : Lutter contre la contrefaçon est un véritable défi, comment fonctionne la technologie que vous avez développé ?

Matteo Amerio : Notre engagement à travers Navee est de protéger l’image en ligne des marques en luttant contre la propagation de produits contrefaits. Concrètement, notre technologie permet de suivre et d’indexer les produits contrefaits. Elle identifie les annonces frauduleuses, les contrefaçons sur l’ensemble du web et automatise leur suppression. En cas de doute, nous faisons appel à un analyste qui va valider ou non cette suppression. Notre ambition est de lutter contre la contrefaçon non seulement de façon défensive, mais surtout en amont.

Notre engagement pour éradiquer de façon significative l’impact, la présence et la visibilité des contrefaçons en ligne va plus loin. En effet, nous avons développé de nombreux partenariats disruptifs avec des marques, des plateformes et des institutions. À cet effet, nous avons rencontré les grands acteurs de cette lutte et Navee a rejoint l’INTA (International Trademark Association) à la fin de l’année 2023.

GPO Magazine : Lorsque vous voyez l’ampleur des réseaux de contrefaçon, est-ce que cette lutte contre la contrefaçon n’est pas un peu celle de David contre Goliath ?

Matteo Amerio : Ces dernières années, la contrefaçon a connu une croissance significative favorisée par la mondialisation des échanges ainsi que par le développement d’internet et la transformation du commerce en ligne. La contrefaçon est un phénomène massif qui représente à lui seul 3,3% du commerce mondial par an. La France n’est pas épargnée par ce fléau (2è pays le plus touché par la contrefaçon) en raison notamment de transactions facilitées en ligne, les trafics s’étendent.

Pour les entreprises victimes de contrefaçon, la technologie permettant d’enlever une annonce de produits contrefaits représente un coût supplémentaire pour les entreprises, mais il est indispensable d’y recourir. L’objectif de Navee est de rendre le site, permettant de détecter des images contrefaites, plus facile d’accès et plus rapide. Il convient de rendre la vie impossible aux contrefacteurs ce qui nécessite un travail en ligne important.

GPO Magazine : Quelles sont les valeurs d’entreprise auxquelles vous êtes attaché ?

Matteo Amerio : Navee prône l’excellence et travaille avec des talents Deeptech au niveau international. Je suis particulièrement fier d’avoir au sein de notre entreprise des collaborateurs de 15 nationalités différentes. Nous n’avons pas encore de charte de bonne conduite mais nous cherchons avant tout à être une entreprise saine où nos collaborateurs se sentent respectés, sans jugement, sans hiérarchie toxique. En outre, la parité est plus que respectée car les ingénieurs femmes sont plus nombreuses que les hommes. Et cette parité s’est faite tout naturellement.

Notre objectif est de lutter à notre niveau contre les réseaux de la criminalité organisée et mafieux de la contrefaçon et de rendre le monde un peu meilleur. Le consommateur doit savoir que les trafiquants de contrefaçon utilisent le profit généré par la vente des produits pour financer d’autres activités illégales. En effet, la vente de faux produits est très fréquemment utilisée pour alimenter une économie souterraine responsable d’actes innommables comme le terrorisme.

GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de Navee ?

Matteo Amerio : Notre vision est très terre à terre : à travers Navee, nous souhaitons faire de notre mieux tous les jours afin de contribuer à éradiquer la contrefaçon. Notre volonté est tout simplement de changer les règles du jeu en collaborant avec tous les acteurs de l’écosystème que ce soit, les marques mais aussi les plateformes. Notre objectif à court, moyen et long terme est de rendre internet plus sécure. Nous allons continuer à accueillir des talents du monde entier. Car c’est une grande fierté d’avoir une culture d’entreprise aussi riche.

Navee en chiffres

  • CA 2023 : Plus de 2 millions d’euros
  • Nombre de collaborateurs : 50
  • 3 bureaux dans le monde : Paris, Asie (2 bureaux, en Indes et aux Philippines)

Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…). Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs. Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne. Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.

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