La logistique des enseignes face aux défis des commandes multicanal
Pour gérer les flux logistiques des commandes des internautes et des magasins, les enseignes de la distribution s’appuient sur un stock commun de produits mais séparent les deux process de préparation de commandes qui ne répondent pas aux mêmes exigences. Lorsque ces commandes se croisent par les pratiques d’achat de « Click and Collect », elles peuvent adopter un outil numérique capable d’orchestrer l’attribution de stock et la prise de commandes par canal de vente.
À l’approche des fêtes de fin d’année, les enseignes de la grande distribution vont devoir relever deux défis majeurs. Répondre, d’une part, à un pic saisonnier d’achats en ligne et en magasins, et d’autre part, aux nouvelles pratiques des consommateurs de « Click and Collect » qui consistent à commander sur Internet et retirer son produit en magasin (Web-to-store) ou inversement, commander en magasin et se faire livrer à domicile (Store-to-web). Dans ce cas, les deux canaux de vente sur le Web et en magasins se croisent. On parle d’une distribution multicanale, voire omnicanale.
Le défi logistique est de pouvoir gérer les commandes de ces deux canaux qui n’ont pas les mêmes exigences, avec la plus grande efficacité et rapidité possible. Or, « livrer les internautes et approvisionner les magasins ne relèvent pas des mêmes process logistiques », rappelle Thomas Moreau, associé au cabinet EY Consulting, spécialiste en Supply Chain et en logistique.
Les préparations de commandes pour les achats en ligne des consommateurs se font à l’unité avec des livraisons mono-colis. Alors que celles dédiées aux réassorts des magasins se font de façon récurrente par la collecte de multiples références produits, qui sont ensuite éclatées par palettes pour être livrées aux magasins destinataires.
Mutualiser les stocks mais séparer les process de préparation de commandes
« La tendance est de mutualiser les stocks des deux canaux de distribution, plutôt que dédier un entrepôt à l’e-commerce et un autre à l’approvisionnement des magasins », indique Sébastien Marie, associé au cabinet conseil Wavestone, en charge de la Supply Chain. Par conséquent, si les enseignes ont tendance à constituer un stock commun pour satisfaire ces deux canaux de distribution, elles dissocient leurs process logistiques respectifs, le plus souvent en séparant au sein d’un même entrepôt central le process des préparations de commandes en ligne et celui destiné aux magasins.
C’est le cas de Nature & Découvertes. « 80% de l’espace de notre plateforme centrale de Trappes, dans les Yvelines, est consacré à la logistique d’approvisionnement de nos magasins et 20% à celle de nos ventes en ligne », indique Grégoire Corby, directeur logistique de Nature & Découvertes. L’enseigne Nature & Découvertes s’appuie en effet sur un seul entrepôt et un seul stock pour couvrir les besoins de réassort de sa centaine de magasins en France et de franchisés en Europe, ainsi que ceux des commandes en ligne.
La plateforme prépare les commandes d’une trentaine de magasins par jour mais les livre une fois par semaine à raison de deux à cinq palettes. Alors qu’elle traite 400 à 500 commandes des internautes quotidiennement, grâce à un process plus automatisé de convoyeurs à gare qui amènent les colis aux opérateurs pour les remplir des produits unitaires commandés en ligne. « Notre ERP calcule le réassort des magasins qui s’appuie sur le stock géré par notre WMS et alimente en même temps le stock disponible pour l’e-commerce », explique Grégoire Corby.
L’outil « Order Management System » pour gérer les commandes multicanales
Dans le cadre de son plan Ambition 2025, l’enseigne Nature & Découvertes prévoit de rendre en omnicanal la totalité de ses modalités de vente et de favoriser ainsi le traitement des flux croisés des commandes « Web-to-store » et « Store-to-web ». « Pour satisfaire l’omnicanalité des commandes, les enseignes peuvent adopter un outil numérique approprié, l’Order Management System (OMS), qui permet d’orchestrer l’attribution de stock à un canal de vente, à partir de la vision précise et complète qu’il possède de tous leurs stocks en entrepôt et en magasins », souligne Sébastien Marie du cabinet Wavestone.
« L’outil OMS a vocation à sécuriser la prise de commande en lui attribuant le bon stock et en la routant vers le bon canal de vente », ajoute Adel Ouederni, associé au cabinet EY Consulting, spécialiste également de la Supply Chain. Les solutions OMS peuvent être utilisées à part entière ou à travers des briques dans les WMS (Warehouse Management System) qui gèrent l’organisation des entrepôts, et dans les ERP des enseignes.
Placer des stocks avancés au plus près des consommateurs et des magasins
Enfin, pour accroître l’efficacité de la logistique omnicanale, l’idée est de pousser certains articles à forte rotation vers des stocks avancés dans des entrepôts régionaux ou urbains au plus près des magasins et des consommateurs. L’OMS facilite alors cette nouvelle organisation en centralisant progressivement les données de stocks et les commandes, en enrichissant et en fiabilisant la promesse client et en adaptant les règles d’orchestration de l’exécution jusqu’à la préparation des commandes.