Les risques globaux imposent de repenser les Supply Chains

Les Supply Chains sont sous pression. Outre les injonctions à mener leurs transformations numérique et environnementale, elles font face à une augmentation, une accentuation et une diversification des risques. Pour aider les entreprises, une conférence plénière du salon Euro Supply Chain le 12 juin 2025 à Mulhouse est dédiée au sujet afin de leur donner des pistes pour adapter leurs Supply Chains.

Lors de la préparation de la 4ème édition du salon Euro Supply Chain, tous nos interlocuteurs ont été unanimes : les risques augmentent, s’accentuent, se diversifient et se complexifient, mettant leurs Supply Chains à rude épreuve. Face à cette pression plurielle, ils cherchent des solutions pour mieux comprendre les risques, mieux les anticiper, mieux les déjouer et mieux les maîtriser.

C’est par exemple ce qu’explique Stelly Hauteville, responsable du service maritime et aérien de la société de transport ED-TRANS, qui prendra la parole le 12 juin aux côtés d’autres experts : son entreprise, conformément à son statut d’OEA (opérateur économique agréé par la direction générale des douanes) et à sa certification ISO 9001, est encore plus vigilante dans ses choix d’itinéraires, de destinations, de sourcing et de fournisseurs. Elle suit avec une grande attention les évolutions des risques géopolitiques et de pénuries pour élaborer et adapter en continu et en temps réel ses solutions de transport à travers le monde.

En parallèle, les incertitudes économiques et la montée des défaillances d’entreprises lui imposent d’être davantage attentive à la fiabilité et à la pérennité de ses partenaires. Elle conseille également ses clients dans leur dispositif logistique afin de sécuriser leurs flux et de garantir le bon acheminement de leurs produits.

Enfin, depuis l’an dernier, elle note une recrudescence des risques de cyberattaques (usurpation d’identité à des fins de détournements de marques et de cargaison, violation de données, vols de données, rançongiciels, etc.). Les enjeux RSE sont davantage pris en compte dans l’organisation des transports : elle souligne que ses clients ainsi que les compagnies maritimes et aériennes sont de plus en plus actifs sur ces sujets. Par ailleurs, les constantes évolutions douanières dans le contexte actuel nécessitent une vigilance accrue.

Une recomposition de l’environnement international qui oblige à agir

En effet, la situation économique, géopolitique et climatique internationale reste profondément instable et en perpétuelle reconfiguration. A cela s’ajoute l’avènement de nouvelles pratiques (commerciales, RH, etc.) et de nouvelles technologies, dont l’IA.

Non seulement, celles-ci redistribuent les cartes, mais elles possèdent également une face cachée : volatilité de la demande, sophistication des cyberattaques, montée des conflits sociaux, accélération du turnover des équipes, réorganisation du travail, pénuries de main d’œuvre qualifiée – l’OIT notait dans son rapport annuel que « 77% de employeurs rencontrent des difficultés de recrutement à l’échelle mondiale ».

Les résultats du baromètre des risques de Supply Chain, réalisé chaque année par le cabinet de conseil et d’études KYU en partenariat avec l’Ecole des Arts et Métiers, l’Association France Supply Chain et l’AMRAE, confirment la montée de l’exposition des Supply Chains aux risques : en 2024, 66% des personnes interrogées par KYU ont mobilisé leur plan de continuité d’activité pour faire face à une crise de leur Supply Chain.

Quels risques pour les Supply Chains en 2025 ?

Pour 2025, 41% des répondants à ce baromètre citent le risque géopolitique comme étant le plus critique. La multiplication des conflits à travers le monde (conflit russo-ukrainien, Proche-Orient, Moyen-Orient autour du Canal de Suez, etc.) et la montée des tensions en mer de Chine ou suite aux velléités trumpiennes annoncées sur le Groenland ou le Canada, vont entraîner une inévitable reconfiguration des échanges entre blocs.

Viennent ensuite la hausse des coûts (notamment en lien avec la remise en cause de la mondialisation et du multilatéralisme) et la volatilité de la demande (du fait de faibles taux de croissance et des effets inflationnistes des politiques protectionnistes) qui vont avoir une incidence sur les Supply Chains déployées. Sont aussi citées les faillites d’entreprises, certains fournisseurs pouvant disparaître du jour au lendemain.

Le risque climatique avec son lot de catastrophes naturelles (tsunamis, ouragans, tremblements de terre, etc.) et d’événements de plus en plus fréquents et intenses (inondations, sécheresses, incendies de forêts, etc.), est aussi très prégnant car susceptible de désorganiser les Supply Chains et de générer des pénuries de matières sur des périodes longues, avec des incidences financières lourdes. L’assureur Swiss Re a estimé qu’en 2024 les catastrophes naturelles ont fait perdre 310 milliards de dollars dans le monde, un montant en augmentation de 6% par rapport à 2023.

Enfin, les entreprises craignent la montée et la sophistication des attaques cyber. Les volumes de 1500 attaques par organisation et par semaine et de 2 PME sur 5 qui ont connu un incident sont régulièrement évoqués. Le contexte de guerre hybride généralisée et le développement de l’IA portent cette tendance.

Enfin, les entreprises craignent la montée et la sophistication des attaques cyber. Les volumes de 1500 attaques par organisation et par semaine et de 2 PME sur 5 qui ont connu un incident sont régulièrement évoqués. Le contexte de guerre hybride généralisée et le développement de l’IA portent cette tendance.

Préparer les Supply Chains aux défis de demain

Les acteurs du transport et de la logistique n’ont plus d’autre choix que de chercher de nouvelles pistes pour agir sur les risques. Si 53% des répondants au baromètre de KYU considèrent que leur système de gestion des risques de Supply Chain est insuffisant, tous étudient différentes pistes pour les conjuguer.

Parmi les pistes explorées : rendre sa collecte d’informations plus performante et mieux les exploiter pour un pilotage en temps réel des risques ; travailler avec ses fournisseurs pour les faire monter en maturité sur la question de la gestion des risques ; ou encore revoir son sourcing. 51% des répondants au baromètre KYU évoquent en effet le modifier : certains misent sur une déconcentration, d’autres optent pour un double sourcing ou pour des approches « multi-sourcing intelligent » à base d’IA. Enfin des donneurs d’ordre demandent à leurs fournisseurs de se doter de plan de continuité d’activité plus robustes.

Le défi est d’ampleur. Parce que le paysage des risques globaux évolue sans cesse, qu’ils soient géopolitiques, environnementaux ou numériques, plus que jamais, les entreprises vont devoir rendre leurs Supply Chain encore plus flexibles, sécurisées et résilientes, encore plus performantes et encore plus innovantes pour déjouer les menaces et pérenniser leur activité.

Par Laurent Grain, directeur général du Parc Expo de Mulhouse

 

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