Les investisseurs pointent l’importance des informations de durabilité, de l’IA et des talents pour les entreprises
Les entreprises sont sous pression pour transformer leurs investissements dans l’IA en investissements à impacts, selon l’édition 2024 de la Global Investor Surveypubliée par le cabinet d’audit et de conseil PwC France et Maghreb.
73 % des investisseurs affirment que les entreprises devraient déployer des solutions d’IA à grande échelle, tandis que 66 % d’entre eux s’attendent à ce que les entreprises dans lesquelles ils investissent augmentent leur productivité grâce à l’IA au cours des 12 prochains mois.
L’enquête place également le changement technologique en tête des leviers de transformation (71 %), devant la réglementation (64 %), l’évolution des préférences des clients (61 %) et l’instabilité de la chaîne d’approvisionnement (60 %).
Enfin, en matière de ressources humaines, les attentes des investisseurs portent sur l’amélioration des compétences des collaborateurs et l’augmentation des effectifs grâce à l’IA.
Philippe Kubisa, Associé spécialiste des marchés de capitaux chez PwC France et Maghreb déclare : « Les investisseurs attendent des résultats concrets de l’IA générative en 2025 et reconnaissent que pour y parvenir il sera indispensable d’investir autant dans les compétences humaines que dans la technologie. Les dirigeants, quant à eux, se pencheront avec attention sur la manière d’optimiser les gains de productivité liés à l’IA, tout en prônant une approche globale, qui ne se limite pas à la technologie mais qui invite à repenser en profondeur le fonctionnement des entreprises. »
Les investisseurs restent prudents quant à la croissance économique mondiale
L’enquête révèle que les investisseurs font preuve d’un optimisme modéré quant à l’économie mondiale : la moitié (51 %) prévoient une progression de l’économie au cours des 12 prochains mois, les préoccupations macroéconomiques et inflationnistes étant en baisse par rapport à leur pic de 2022 (respectivement 31 % et 34 % en 2024 contre 67 % et 62 % en 2022.).
Cependant, les plus grandes préoccupations des investisseurs sont les cyber-risques (36 %) et les conflits géopolitiques (36 %), en légère augmentation par rapport à 2023.
Alors que ces risques restent au cœur des préoccupations des investisseurs, près de neuf personnes sur dix (86 %) s’accordent à dire que la capacité d’une entreprise à traverser une crise est un facteur important dans sa prise de décision d’investissement.
60 % des investisseurs estiment qu’il est également très ou extrêmement important que les entreprises repensent leurs modèles d’affaires en réponse à l’instabilité de la chaîne d’approvisionnement, et 68 % déclarent qu’elles devraient augmenter leurs investissements pour réduire les risques.
Le développement durable, un sujet stratégique lié à la création de valeur
Le sujet du développement durable continue d’être une priorité pour les investisseurs avec une attention de plus en plus soutenue sur le lien développement durable et performance, mais aussi avec un questionnement croissant sur la résilience et l’adaptation des modèles et des opérations.
Par exemple les investisseurs continuent de donner la priorité aux mesures ayant un impact sur le climat : 30 % d’entre eux estiment que les entreprises dans lesquelles ils investissent seront fortement exposées aux menaces du changement climatique au cours des 12 prochains mois.
La démonstration d’une création de valeur au travers d’une meilleure prise en compte des enjeux liés au développement durable est un sujet de plus en plus prioritaire pour les investisseurs.
Dans cette optique, les investisseurs pointent le manque de qualité des informations de durabilité et souhaitent pour 73 % d’entre eux que ces informations soient rapidement au même niveau de qualité que les informations financières et que celles-ci soient auditées de la même façon pour 72 % d’entre eux.
Sans revue externe, la confiance accordée aux publications et aux engagements publiés par les entreprises n’est pas au rendez-vous pour 76 % des investisseurs.
Les exemples récents de fragilité et de résilience des opérations de plusieurs groupes et les coûts associés ont clairement marqué les investisseurs, puisque 80 % d’entre eux seraient prêts à augmenter leurs investissements dans les sociétés qui travaillent avec leurs fournisseurs sur la résilience de la chaîne de valeur.
De la même façon, les entreprises intégrant les questions de durabilité dans le développement de leurs offres de produits et services se rendraient plus attractives pour 78 % des investisseurs.
Sylvain Lambert, Associé responsable de l’activité Développement durable chez PwC France et Maghreb, ajoute : « Clairement aujourd’hui pour les investisseurs il y a deux priorités sur les questions de durabilité : la création de valeur et le couple adaptation-résilience des modèles. De nombreux exemples dans le monde de coûts et bénéfices issus d’une mauvaise ou bonne approche stratégique du sujet sont visibles. Ils appellent donc un questionnement des investisseurs de plus en plus fort et un besoin de comprendre le niveau d’engagement stratégique des dirigeants sur ces questions. En back-office le soutien extrêmement fort des investisseurs aux initiatives normatives et réglementaires sur le sujet est la seule façon selon eux de disposer d’une information solide et comparable leur permettant de prendre leurs décisions. »
Les investisseurs voient au-delà de l’information financière
Les attentes des investisseurs s’inscrivent au-delà de l’information financière : 40 % des répondants valorisent les données sur la gouvernance et 37 % sur l’innovation. La plupart s’appuient également sur plusieurs sources d’information, notamment les communications axées sur les investisseurs (61 %) et le dialogue direct avec l’entreprise (57 %).
Aussi, beaucoup moins d’investisseurs qu’en 2023 (55 % vs 66 %) déclarent recourir aux informations financières et aux notes d’information.
L’IA joue un rôle croissant dans l’analyse de données qualitatives : 62 % des investisseurs affirment avoir renforcé leurs capacités en la matière pour mieux interpréter les informations publiées par les entreprises.
« Une information fiable est essentielle pour les marchés de capitaux. Alors que les flux de données ont une croissance exponentielle, l’IA offre des outils puissants pour analyser à la fois des données qualitatives et quantitatives. Les dirigeants doivent donc avoir une communication claire, cohérente et ciblée, pour permettre aux investisseurs de se concentrer sur ce qui a le plus de valeur », conclut Philippe Kubisa.
Méthodologie
En septembre 2024, PwC a interrogé 345 investisseurs et analystes dans 24 pays/territoires et a mené des entretiens approfondis avec 14 professionnels de l’investissement. Les répondants étaient principalement des investisseurs institutionnels, composés de gestionnaires de portefeuille (21 %), d’analystes (21 %) et de directeurs des investissements (23 %), 52 % ayant plus de dix ans d’expérience dans le secteur. Leurs investissements couvraient un éventail de classes d’actifs, d’approches d’investissement et d’horizons temporels, et les actifs sous gestion de leurs organisations varient de <500 millions de dollars à plus d’1 milliard de dollars. 53 % des personnes interrogées travaillent dans des organisations dont les actifs sous gestion totaux dépassent 10 milliards de dollars.