Les collègues, en première ligne pour détecter et soutenir la santé mentale au travail
La santé mentale des salariés est devenue un sujet incontournable dans le monde du travail en France. Une récente étude menée par OpinionWay pour Factorial met en lumière les perceptions et les attentes des employés de bureau français en matière de santé mentale. Les résultats de cette enquête révèlent des tendances préoccupantes mais aussi des axes d’amélioration possibles pour les entreprises.
Le stress, fléau quotidien du monde du travail
L’état des lieux de la santé mentale dans les entreprises françaises présente un tableau contrasté. Si 82% des salariés interrogés se sentent capables de gérer le stress lié à leur travail quotidien, ce chiffre masque des réalités plus nuancées. En effet, 38% des répondants admettent qu’il leur arrive d’être complètement paralysés par le stress ressenti au travail.
Ce pourcentage est particulièrement élevé chez les jeunes de moins de 35 ans (46%) soulignant l’importance d’une attention particulière à cette tranche d’âge. Cette disparité générationnelle pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs : la pression accrue sur les jeunes professionnels pour faire leurs preuves, l’instabilité du marché du travail, ou encore la difficulté à trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle au début de sa carrière.
Un constat préoccupant émerge également : 53% des salariés ne savent pas toujours à qui parler de leur stress au travail. Ce chiffre monte à 58% pour les 35-49 ans révélant un besoin important de communication et de soutien au sein des entreprises. Cette tranche d’âge, souvent confrontée à des responsabilités professionnelles plus élevées et des obligations familiales, semble particulièrement vulnérable. Il est donc essentiel que les entreprises mettent en place des canaux de communication clairs et accessibles pour ces salariés.
L’accompagnement dans l’organisation du travail est également un point crucial, avec 48% des salariés qui aimeraient être davantage soutenus dans la gestion de leurs tâches quotidiennes. Ce chiffre monte à 60% chez les moins de 35 ans soulignant encore une fois les besoins spécifiques de cette tranche d’âge en termes de soutien et d’encadrement.
Une attente forte des salariés de partage et de soutien en santé mentale
Les salariés semblent avoir plus confiance en leurs collègues qu’en leurs services RH pour détecter les problèmes de santé mentale. En effet, 73% pensent que leurs collègues seraient plus à même de les déceler. Cette tendance interroge sur le rôle et la perception des services RH dans les entreprises françaises. La proximité quotidienne avec les collègues, une possible méfiance envers les RH, ou encore un manque de formation spécifique des RH sur les questions de santé mentale pourraient expliquer cette situation. Cette réalité appelle à une réflexion profonde sur le positionnement et les compétences des services RH en matière de santé mentale.
Face à ces défis, les salariés expriment des attentes claires en termes de partage et de soutien. 70% des répondants estiment qu’il manque des moments d’échanges sur la santé mentale dans leur entreprise. Une large majorité (74%) pense que davantage de moments de partage d’expériences sur la santé mentale au sein de leur entreprise pourraient renforcer la cohésion d’équipe et le bien-être. Ce besoin est particulièrement ressenti chez les femmes (74%) et les moins de 35 ans (77%). Ces chiffres mettent en lumière une demande claire pour plus d’ouverture et de dialogue sur ces questions au sein des organisations.
Par ailleurs, 52% des répondants affirment que leur motivation et leur efficacité sont affectées par la santé mentale de leurs collègues. Ce chiffre montre bien l’effet domino que peut avoir une mauvaise santé mentale au sein d’une équipe, affectant non seulement l’individu concerné mais aussi ses collaborateurs directs.
« Les entreprises françaises doivent intégrer la santé mentale comme un pilier de leur stratégie de Ressources Humaines et de leur culture d’entreprise. Il est crucial de renforcer la formation des managers et des RH sur les questions de santé mentale, de mettre en place des espaces de dialogue réguliers, et de développer des programmes de soutien psychologique accessibles à tous les salariés pour que ces derniers puissent aussi être en mesure de retomber les problèmes identifiés », explique Barthelemy de Badts, consultant RH chez Factorial. « Repenser l’organisation du travail pour réduire les facteurs de stress, sensibiliser l’ensemble des collaborateurs aux enjeux de la santé mentale, et adapter les politiques aux spécificités de chaque tranche d’âge sont également des axes importants ».
Méthodologie de l’étude
Le sondage a été réalisé auprès de 1058 personnes, représentatif de la population française salariée âgée de 18 ans et plus, ainsi que selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Les interviews ont été réalisées entre le 2 et 10 octobre 2024.