Le pilotage de la performance devient à nouveau la 1ère priorité des directions financières
Les facteurs d’incertitude – géopolitiques, sociaux et économiques – apparus en 2023, ne se sont pas résorbés et amènent à une diminution du niveau de confiance des directeurs administratifs et financiers (DAF), partout dans le monde et notamment en France, où la confiance à horizon 3 ans baisse de 7 points.
Les principaux risques anticipés pour 2025 suivent ceux de 2024, liés à l’environnement politique et économique ainsi qu’à la cybersécurité. Pour y faire face, les DAF misent sur l’enrichissement des modèles de pilotage de la performance (58%) et sur le développement des compétences des collaborateurs (58%).
C’est ce que révèle la 13ème édition de l’enquête du cabinet de conseil et d’audit PwC France et Maghreb, menée en partenariat avec la DFCG, consacrée aux priorités des directions financière et intitulée « Bâtir l’avenir avec optimisme ».
L’étude 2025 se projette à plus long terme et réfléchit sur la façon de bâtir la finance de demain à travers 3 prismes qui façonneront le monde à venir : Techno, RSE et Local.
La faible croissance mondiale couplée aux taux d’intérêts élevés a entrainé une diminution de l’investissement des entreprises, qui préfèrent différer leurs projets en attendant une reprise de la consommation. Malgré l’engouement économique créé par les Jeux Olympiques et Paralympiques de cet été, le manque de visibilité des orientations politiques pourrait limiter les effets bénéfiques sur le long terme.
Dans ce contexte, les directions financières mettent en première priorité à court et moyen terme (1 et 3 ans) le pilotage de la performance, à la deuxième place en 2024, afin d’apporter davantage d’appui aux métiers et de faciliter la prise de décision. Elle est suivie de la gestion du cash, qui reste une des grandes priorités à court terme, puis de la gestion des talents (pour les grands groupes) et de la stratégie de développement (pour les ETI/PME), deux enjeux qui seront encore plus stratégiques à horizon 3 ans.
L’ancrage de la RSE chez les DAF se poursuit. A court terme, la CSRD et les éléments extra-financiers continuent de prendre du poids dans la stratégie de performance de l’entreprise, ce qui amène la plupart des directions financières à intégrer une composante RSE lors des projets de transformation. Ce mouvement, initialement perçu dans les grands groupes il y a quelques années, concerne aujourd’hui de plus en plus d’ETI.
« Dans un monde imprévisible et en perpétuelle mutation, l’accélération technologique, une vision globale de la performance et la résilience des modèles économiques sont trois dimensions de transformation profonde des entreprises que les directions financières doivent prendre en compte pour bâtir l’avenir avec optimisme », déclare Laurent Morel, Associé Consulting Finance chez PwC France et Maghreb.
Bâtir la finance de demain à la croisée de 3 mondes : techno, RSE et local
En complément du baromètre, l’enquête a proposé aux dirigeants interrogés une réflexion prospective pour imaginer la finance de demain autour de 3 mondes : Techno, RSE et Local. En effet, si 60 % des dirigeants interrogés considèrent que le modèle actuel d’affaire de l’entreprise ne sera plus viable d’ici 10 ans, il est nécessaire de repenser et de transformer ce dernier.
Si aucun des 3 mondes n’est significativement apparu comme plus probable ou plus désirable, deux piliers ressortent comme essentiels à la transformation de l’entreprise de demain : les modèles de pilotage de la performance et les compétences des collaborateurs.
Monde Techno
Dans ce monde, la data serait au cœur du métier des directeurs financiers, qui devraient développer de nouvelles compétences dans leurs équipes pour traiter les volumes importants et hétérogènes de données, pour concevoir des modèles statistiques, etc. L’utilisation de l’intelligence artificielle est déjà devenue incontournable pour les DAF, qui sont plus de 30 % à investir.
Si l’IA représente un outil de création de valeur pour l’entreprise et d’amélioration des capacités cyber, elle constitue également un nouveau facteur de menace pour l’avenir, notamment pour les fonctions comptables. Une maîtrise accrue des coûts associés à l’usage de la technologie sera nécessaire, à travers la mise en place de KPIs spécifiques pour le suivi des coûts technologiques pour 43 % des répondants et l’implémentation de modèles de costing et d’outils dédiés pour plus d’1 DAF sur 3 (36 %).
Par ailleurs, près de 9 répondants sur 10 (89 %) estiment que la formation et la sensibilisation sont parmi les leviers les plus efficaces pour améliorer les dispositifs cyber, et 67 % évoquent la mise en place de politiques et procédures de sécurité.
Les missions des DAF évoluent et évolueront avec l’avancée technologique, qui permettra d’alléger le temps de travail consacré aux activités chronophages pouvant être exécutées grâce à la digitalisation des processus de production des états financiers. Les équipes consacreront donc plus de temps sur les activités d’analyse et pourront davantage adopter une posture de support au « business ».
Monde RSE
Garant de la performance globale de l’entreprise, le directeur financier doit intégrer les enjeux RSE dans toutes ses activités. Si ces derniers varient selon le secteur d’activité, le climat (73%), la consommation de l’eau (50%) et les conditions de travail (48 %) arrivent largement en tête des préoccupations des dirigeants financiers, loin devant la pollution chimique ou la biodiversité (16 %) ou bien l’usage des sols (12 %).
Dans ce monde RSE, les directions financières devront développer de nouvelles compétences et de nouvelles pratiques pour mieux comprendre le lien entre ces enjeux, le modèle économique de l’entreprise et sa performance. Aussi, 76 % des répondants ont déjà intégré des éléments RSE dans les revues de performance, 54 % dans les processus prévisionnels et 45 % dans le modèle de costing.
La transition ne pouvant se faire au détriment des enjeux économiques de l’entreprise, les dirigeants interrogés ont identifié les principaux leviers pour préserver les marges des entreprises dans cette projection de monde RSE :
- L’augmentation du niveau d’exigence auprès des fournisseurs et la négociation des prix d’achat plus bas pour les produits et services à impact RSE négatif (33%).
- L’augmentation des prix de vente des produits et services impactés par le coût de la transition (31 %).
- L’augmentation de la pression auprès des états et collectivités pour obtenir des subventions (19 %).
La publication d’informations de durabilité relève désormais de cadres fixés par les régulateurs et l’ambition est de faire en sorte que cette donnée arrive au niveau de qualité de l’information financière, d’ici quelques années seulement. Les prochaines étapes de la CSRD vont donner à la fonction finance un rôle majeur, qui pourrait évoluer plus en compétences (contrôle interne, contrôle de gestion, etc.) qu’en responsabilité.
L’augmentation des ressources semble donc un passage obligé pour pouvoir élargir les compétences des directions financières à la durabilité dans le cadre de leurs missions « traditionnelles ». La fonction finance doit réfléchir et anticiper, car les premières entreprises à pouvoir fournir une information robuste, fiable et alignée avec les enjeux stratégiques tout en étant en conformité avec les réglementations en vigueur, seront considérées comme les plus performantes.
Monde Local
Dans ce monde, les directions financières devront maîtriser la structure de coûts de l’entreprise et préserver les marges de cette dernière. Pour cela, les répondants de l’enquête identifient tous les 2 mêmes leviers : la rationalisation des processus (54 %) et la digitalisation des processus (45 %).
L’intensification des contraintes réglementaires reste une préoccupation forte pour les DAF, notamment dans les PME et ETI, pouvant perturber l’organisation des directions financières par les coûts générés et les ressources mobilisées pour leur mise en œuvre. Profiter de ces projets de mise en conformité pour repenser et digitaliser les processus associés se révèle alors la meilleure façon d’en tirer parti.
La résilience des modèles économiques deviendrait alors la première responsabilité des directions financières, alors que la réindustrialisation à venir sera décentralisée et davantage régionale. Les entreprises vont devoir repenser leurs chaînes d’approvisionnement, investir dans des infrastructures locales et aligner leurs pratiques sur les nouvelles valeurs de durabilité, de sobriété et d’économie circulaire. Par exemple, les multinationales devront se fragmenter en entités régionales autonomes pour réduire leur dépendance aux facteurs externes.
Dans ce monde, les DAF auraient un rôle central en guidant les entreprises vers des modèles économiques plus résilients et durables.
Méthodologie
50 dirigeants et 220 directions financières, issus de 12 secteurs d’activité, ont répondu au questionnaire de l’étude Priorités 2025 des Directions Financières. Les secteurs d’activité représentés sont : aéronautique & défense, automobile, banque & assurance, distribution, énergie & utilités, santé, infrastructure & transport, industrie, immobilier, technologie & média & télécom, secteur public et associatif.