La mémoire des entreprises, une ressource stratégique au service de la performance et de la transformation des organisations

Activer la mémoire des entreprises : L’Institut Choiseul et l’Observatoire B2V des Mémoires révèlent leurs propositions.

Trop souvent cantonnée à un rôle historique ou patrimonial, la mémoire des entreprises est pourtant un levier stratégique puissant. Véritable « capital mémoire », elle agit comme un outil d’information, de décision et d’orientation.

Elle représente aussi un levier de performance et d’innovation – capable de renforcer l’attractivité des entreprises, de fidéliser les talents et de nourrir le lien intergénérationnel au sein des organisations. Malgré son potentiel, elle demeure sous-exploitée dans les stratégies managériales et décisionnelles.

De façon empirique, la mémoire des entreprises peut être définie comme l’ensemble des actions (individuelles ou collectives) et des actifs mis en place pour pérenniser, transmettre et valoriser les savoirs, savoir-faire comme savoir-être, ou leur histoire globale.

Elle recouvre deux grands volets, à la fois matériel (les bâtiments historiques d’une entreprise, par exemple) et immatériel (de la précision d’un geste aux expériences vécues et transmises oralement entre salariés).

En parallèle, la mémoire des entreprises est d’intérêt stratégique pour leurs dirigeants et leurs actionnaires. Moteur et boussole de performance opérationnelle, elle offre des pistes de résilience pour affronter les périodes de crise ou préparer l’avenir.

Outil de fidélisation, elle permet aussi d’attirer et de valoriser des collaborateurs ou des clients dans une logique marketing. De sorte qu’il est désormais nécessaire de quantifier ce qui fait du « capital mémoire » des entreprises un actif extra-financier à part entière.

Des freins à lever pour exploiter pleinement la mémoire des entreprises

Malgré son importance, la mémoire des entreprises reste trop souvent sous-valorisée. Peu de dirigeants adoptent une approche stratégique, faute de sensibilisation ou de formations adaptées. La réticence à partager ou à ouvrir l’accès aux données mémorielles freine également son exploitation, par crainte de divulgation ou d’instrumentalisation.

Enfin, l’absence d’outils et d’indicateurs pour mesurer son impact stratégique limite son intégration dans les pratiques managériales. Ces obstacles montrent l’urgence de transformer la mémoire des entreprises en une ressource pleinement mobilisée et structurée.

S’inspirer d’exemples de réussite et de dispositifs existants

Des entreprises comme Michelin, Pernod-Ricard, Air France et Roquette montrent déjà l’exemple. Ces organisations valorisent leur mémoire pour innover, renforcer leur identité culturelle et tisser des liens intergénérationnels solides.

Notamment, parce que certaines de ces entreprises ont été marquées par des enjeux de transmission – un ADN familial souvent prégnant – ou cherchent à valoriser un savoir-faire spécifique, à titre d’héritage du passé. La mémoire constitue ainsi un trait d’union entre les générations de dirigeants et de collaborateurs.

Se saisir de son histoire devient source de transformation et de performance renforcée, qui doit infuser les structures à tous les niveaux. Pour accélérer cette prise de conscience collective, il s’avère nécessaire de sensibiliser les dirigeants à travers une démarche de pédagogie et d’offres de formation.

En parallèle, le développement d’indicateurs quantitatifs et de solutions d’archivages doit permettre d’étoffer la base mémorielle à leur disposition. Les organisations patronales et les pouvoirs publics ont également un rôle d’accélérateur à jouer pour diffuser la mémoire des entreprises et la rendre pleinement accessible.

Paul Gadel, Directeur des études et des opérations de l’Institut Choiseul, souligne que : « À travers cette étude, l’Institut Choiseul et l’Observatoire B2V des Mémoires mettent en lumière le rôle stratégique du ‘capital mémoire’ dans la transformation et la performance des organisations. En valorisant cette ressource souvent méconnue, l’Institut Choiseul s’inscrit dans une démarche de sensibilisation pour que la mémoire des entreprises s’ancre dans les pratiques managériales et les décisions stratégiques ».

Anne Kieffer, Responsable des partenariats de l’Observatoire B2V des Mémoires, rappelle que : « La mémoire d’une entreprise est un gouvernail qui permet d’inspirer une stratégie de communication interne comme externe riche de sens, d’innover, de transmettre aux nouvelles générations les savoirs et savoir-faire, et de s’adapter en temps de crise en ayant un temps d’avance. Elle est primordiale dans une époque plus que jamais en quête de lien social, et de reconstruction individuelle et collective ».

Claudia Montero, Présidente d’Eurogroup Consulting, précise que : « La mémoire constitue un puissant levier pour façonner l’avenir des organisations. Elle est un actif immatériel d’une valeur considérable. Dans un contexte d’accélération des crises et de toutes les transitions sociétales, nous avons le devoir de garder vivace l’histoire de l’entreprise, la mémoire de ses pratiques et le souvenir de ses évolutions dans le temps. C’est à cette condition que nous pouvons réussir les grandes transformations des organisations et les inscrire dans un avenir durable ».


Méthodologie

Un premier travail de recherche en sources ouvertes a été entamé par l’Institut Choiseul, puis consolidé à travers une série d’audition de cadre dirigeants d’entreprises du réseau de l’Institut. Les résultats de l’enquête menée par l’IFOP pour l’Observatoire B2V des Mémoires auprès des cadres sur leur perception de la mémoire de l’Entreprise (avril 2024) ont également nourri l’étude.

La rédaction

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