L’innovation dans les entreprises : comment les multinationales libèrent leur potentiel de créativité
Les investissements réalisés par les entreprises internationales en faveur de l’innovation peuvent se révéler caduques du fait d’un manque de compétences communicationnelles, selon l’étude menée par The Economist Intelligence Unit. Le rapport révèle ainsi un manque de confiance des salariés quand ils doivent partager des idées au-delà de leur service et collaborer avec des collègues d’autres pays, services ou avec des supérieurs hiérarchiques.
Ce rapport intitulé The innovative company: How multinationals unleash their creative potential – (L’innovation dans les entreprises : comment les multinationales libèrent leur potentiel de créativité) a montré que le niveau de confiance des personnes interrogées passe de 96 % lorsqu’il s’agit de communiquer avec des collègues du même service à 72 % quand les collègues sont situés dans un autre pays. Si 87 % des entreprises affirment que la collaboration interculturelle permet de faire naître des idées innovantes, 50 % déclarent en revanche que les différences culturelles freinent le partage d’idées entre collègues de différents pays.
« Innover ou mourir semble être devenu le dernier leitmotiv des entreprises », explique Peter Burman, Président d’EF Corporate Solutions. « Les dirigeants savent que c’est un fait et affirment que l’innovation est leur priorité numéro 1, mais ils sont clairement confrontés à une capacité d’innovation restreinte due à un manque de confiance de leurs salariés pour échanger avec leurs collègues d’autres pays. Les entreprises doivent repenser les compétences dont elles ont besoin pour étayer la confiance de leurs collaborateurs et leur permettre de partager leurs idées à différents niveaux hiérarchiques, dans différents services et pays. »
81 % des 350 personnes interrogées dans le cadre de l’étude affirment que l’amélioration des compétences communicationnelles de leurs équipes augmenterait la capacité d’innovation de leur entreprise. Et pourtant, près de 30 % des entreprises interrogées admettent que leurs investissements sont trop faibles, voire inexistants, et 23 % des PDG n’ont jamais suivi de formation en créativité. L’étude montre que si les PDG utilisent beaucoup les procédures de partage d’idées (95 %), l’adoption de ces dernières s’étiole hors du comité de direction : les cadres supérieurs (78 %) et les chefs de service (77 %) ont moins tendance à y recourir. Ce constat nous amène à nous interroger sur la possibilité d’impliquer l’ensemble d’une organisation de cette façon.
L’innovation en tête des priorités des entreprises
L’étude montre que la capacité à innover est réellement déterminante pour l’avenir des entreprises du monde entier. Créer de nouveaux produits et services fait partie des trois principales priorités pour 54 % des personnes interrogées dans le secteur privé, devant la réduction des coûts (42 %) ou l’investissement dans les talents (33 %). Au cours des trois dernières années, plus des trois quarts des entreprises (76 %) ont augmenté leurs investissements dans l’innovation, de manière significative pour 25 % (soit une hausse des investissements de plus de 20 %).
Développement de la créativité et de la communication internationale : la question de la responsabilité
« Deux compétences clés sont jugées essentielles pour le développement d’une culture d’entreprise innovante : celles relatives à la créativité et à la communication internationale », ajoute Peter Burman. « Or, entreprises et gouvernements se renvoient la responsabilité des formations permettant de les acquérir ».
Quelque 55 % des cadres indiquent qu’il leur incombe exclusivement de proposer des formations pour encourager l’innovation. En outre, plus d’un tiers (37 %) des entreprises interrogées indiquent que les formations proposées dans leur pays sont insuffisantes pour accroître la capacité de la population active à innover.
Et pourtant, 75 % des fonctionnaires sondés pensent qu’il ne leur incombe pas de résoudre les lacunes de créativité dans les entreprises, et que c’est la responsabilité de ces dernières. Pour les agents publics, le principal problème est la méconnaissance des formations déjà existantes, auxquelles il convient de sensibiliser la population adulte.
« Les gouvernements ne se sentent pas responsables de la formation de la population active aujourd’hui, » confirme Claes Ceder Vice-président exécutif d’EF Corporate Solutions. « Cependant, ils savent qu’ils doivent combler les lacunes en matière de compétences communicationnelles pour garantir que les étudiants bientôt diplômés seront plus ouverts à l’innovation sur le marché de l’emploi de demain. La bonne nouvelle est que des solutions peuvent être trouvées à relativement court terme pour résoudre ce problème, mais les gouvernements doivent se préparer à agir maintenant.»
« Nous avions déjà identifié que la France, comme l’Italie, avait une population active maîtrisant mal l’anglais (Indice de compétence en anglais pour les entreprises EF EPI-c). Lors de cette précédente étude, l’enseignement était pointé du doigt car souvent jugé de mauvaise qualité et s’appuyant sur des méthodes dépassées. Les entreprises nous sollicitent majoritairement pour pallier ce problème et permettre à leurs salariés de développer leurs compétences linguistiques. In fine, il s’agit de faciliter la conduite de projet en interne, y compris avec des filiales, et la négociation commerciale avec des clients étrangers. La collaboration à l’international est une composante essentielle de l’innovation dans un monde où les technologies et les marchés évoluent très rapidement. Pour 87% des répondants, elle génère de nouvelles idées », précise Mathieu Zamanian, Directeur Général Education First France.
Un manque de culture innovante qui s’explique en partie par une tolérance à l’échec faible
Les entreprises veulent mettre en place une culture favorable à l’expérimentation mais le suivi manque souvent à l’appel. 30 % des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête déplorent l’absence, dans leur entreprise, d’une culture qui encourage les nouvelles idées et tolère l’échec, et 34 % indiquent que les employés n’ont pas le temps de développer leurs propres projets. Nombre d’entreprises ont mis en place des processus formels de collecte d’idées, mais ces derniers ne sont souvent pas efficaces.
L’étude montre que dans une culture créative, chaque collaborateur se sent encouragé à suggérer des idées et la tolérance à l’échec est forte. Or, nombre d’entreprises ne prennent pas de mesure pour garantir ces conditions. Interrogée dans le cadre de l’étude, Tammy Lowry, Responsable Monde des formations et de l’efficacité organisationnelle du laboratoire pharmaceutique Roche, indique que « malheureusement, la plupart des formations classent les idées en deux catégories via les tests : bonnes ou mauvaises. Les individus peuvent ainsi perdre confiance alors même que leurs connaissances se développent. »