L’autre façon d’analyser l’investiture de Trump
Beaucoup d’entrepreneurs ne se sentent pas concernés dans leur business par le changement américain, d’autres au contraire le sont car elles sont aux Etats-Unis ; et si ce changement géopolitique était une opportunité pour toutes nos PME ?
Donald Trump prend les commandes des Etats-Unis ce 20 janvier avec l’établissement de nouveaux équilibres économiques mondiaux. Annoncé depuis son élection, il a installé son équipe gouvernementale et est prêt à lancer la partie… sans réaction en Europe. Alors que les cartes sont déjà en train d’être rebattues avec des discussions nombreuses du côté de la Chine et de la Russie, aucune décision forte n’a été prise par l’Union Européenne. Or il est plus qu’urgent de construire une zone Euro forte si l’on veut jouer à armes égales avec nos compétiteurs américain, russe et chinois.
Trop d’entrepreneurs français regardent cette actualité avec un angle purement franco-français, laissant les analyses plus larges aux économistes et experts avertis ainsi qu’à certains dirigeants de grands groupes fortement internationalisés. Sur le terrain des PME françaises, l’élection de Donald Trump reste un non sujet. Aucune conférence du salon des entrepreneurs parisien de début février ne prévoit d’aborder le sujet. Au CES, personne n’en a parlé, pas même les personnalités politiques qui s’y sont déplacées – l’attention étant sur l’innovation technologique et les financements américains dont nos pépites pourraient bénéficier. Dans les PME plus « traditionnelles », la majorité des patrons ne se sent absolument pas concernée par ce changement politique international majeur. Tout au plus se demandent-ils, dans le cas où ils ont ouvert une filiale aux Etats-Unis, comment s’adapter au niveau local.
Pourtant la politique économique annoncée par D. Trump va créer de nouvelles opportunités pour nos PME et ETI – par exemple liées au départ de certains acteurs en Europe du fait du rapatriement de la production aux Etats-Unis ou encore aux nouvelles relations Etats-Unis/Chine, Etats-Unis/Russie et Etats-Unis/Amérique latine. Et j’en oublie certainement beaucoup.
Nos entrepreneurs doivent voir le verre à moitié plein et non plus à moitié vide ! Il faut qu’ils prennent de la hauteur et s’interrogent sur ce que pourraient être ces opportunités pour leur activité.
Car les rebonds et les succès surviennent quand l’entrepreneur regarde autrement son marché, avec un prisme international et en se mettant en quête de nouveaux leviers de croissance. Prenons l’exemple de La Redoute : Nathalie Balla et Eric Courteille l’ont reprise en 2014 alors que l’entreprise était au bord de la faillite ; aujourd’hui l’équilibre financier est quasi atteint en 2017. A la clé : une nouvelle stratégie qui comprend l’arrêt du catalogue et le déploiement de l’export vers les pays nordiques, le tout soutenu par un alignement opérationnel de l’entreprise sur cette stratégie. Cet exemple est récent mais d’autres bien avant ont su se réinventer sur leur marché, à l’image d’Afflelou avec les offres “Tchin Tchin” lancées en 1999. Car l’innovation est aussi et avant tout « business » dans l’identification de nouveaux générateurs de revenus pour l’entreprise. Et pour cela, rien de plus efficace que chercher des idées de leviers dans l’actualité économique et géopolitique.
Le sujet est d’autant plus critique que nos entrepreneurs sont confrontés à un contexte de non croissance. Sauf qu’il ne suffit pas de le dire et de s’en plaindre, il faut agir. Pour cela, il faut se projeter en cherchant dans les grands événements économiques et géopolitiques si elles peuvent générer des opportunités business.
L’investiture de Donald Trump le 20 janvier lance une nouvelle partie sur l’échiquier économique entre la France et les Etats-Unis, mais aussi plus globalement avec la Chine et la Russie. Les décisions macroéconomiques empêchent normalement notre adversaire d’avancer ses pions. Les décisions micro-économiques quant à elles permettent de faire gagner notre camp. Indépendamment les uns des autres, on peut arriver à faire échec, mais seule la puissance de l’intelligence collective nous permettra de faire mat.
Nous avons donc deux impératifs dans les prochaines semaines et prochains mois : insuffler à nos entrepreneurs une lecture « business » des faits internationaux ; et se doter d’un Président de la République qui a la culture économique des enjeux géopolitiques, et en conséquence, saura fédérer et faire avancer ses pions pour que la France gagne et compte parmi les puissances économiques leaders.