Intégrer les Start-ups dans sa stratégie d’innovation ou de diversification

Pour créer une dynamique autour de l’innovation, nombre d’entreprises acquièrent des Start-ups pour récupérer leur innovation et la développer. Mais pour réussir, cette démarche doit respecter les divers stades de développement des jeunes pousses jusqu’à atteindre une taille critique appropriée au rachat.

Le plus court chemin pour innover est souvent de mettre la main sur la solution d’une Start-up en la rachetant ou en prenant une participation dans son capital. Nombre d’entreprises adoptent cette stratégie pour créer une dynamique autour de l’innovation.

« L’intérêt pour une entreprise d’intégrer une Start-up à sa stratégie est de bénéficier de l’agilité d’une petite structure qui peut aller très vite dans le développement d’une innovation prometteuse », indique Damien Bayle, cofondateur de multiples Start-ups.

Mais le prérequis à l’acquisition d’une Start-up passe d’abord par la réalisation d’un Proof of concept (POC), une méthode de validation de principe qui vise à évaluer la faisabilité, les besoins et la rentabilité de l’innovation. Certaines entreprises cherchent également des jeunes pousses qui ont une activité complémentaire afin de diversifier leur technologie sur un marché donné.

« Dans ce cas, les entreprises passent plutôt des partenariats commerciaux avec les Start-ups ciblées », explique Damien Bayle.

Atteindre le stade « scale-up » pour être rachetée

En général, les entreprises n’acquièrent pas des Start-ups à un stade précoce, dont la taille est trop petite. Elles attendent qu’elles réalisent une ou plusieurs levées de fond afin d’atteindre une taille critique pour être rachetées.

« Lorsque la jeune pousse parvient à stabiliser son business model, à acquérir de nouveaux clients et générer des recettes conséquentes, elle devient une Scale-up dont la taille est suffisamment appropriée à un rachat », expose Damien Bayle.

C’est jusqu’à ce stade que la technopole de l’Aube en Champagne accompagne la soixantaine de Start-ups qu’elle héberge. « Nous les accompagnons pendant 6 ans environ, de la phase d’idée à celle du développement, en passant par celles du POC et d’amorçage. Nous les mettons en relation avec des leveurs de fond ou des investisseurs pour prendre une participation dans leur capital jusqu’au stade Scale-up », confirme Michaël Noblot, directeur délégué de la Technopole de l’Aube en Champagne.

Prise de participation de Celduc dans la jeune pousse Eenuee

C’est le chemin que prend Eenuee, une jeune pousse stéphanoise qui veut lancer un avion amphibie électrique d’une autonomie de 500 km, pouvant transporter jusqu’à 19 passagers et capable de décoller ou d’atterrir sur n’importe quel terrain pour désenclaver certains territoires par des vols inter-régionaux.

Encore au stade très précoce d’un second POC de son avion à l’échelle 1/7e, Eenuee a déjà attisé la convoitise de l’industriel Celduc, spécialisé dans la production de relais statiques, des éléments de sécurité de circuit électrique.

« Celduc a investi 500 000 euros dans notre capital et devrait rajouter un montant supplémentaire pour participer à une prochaine augmentation de capital », révèle Benjamin Persiani, directeur général d’Eenuee.

Après avoir bénéficié d’une subvention publique dédiée aux projets à longue maturité et d’un partenariat de R&D avec le laboratoire Mines Saint-Etienne, sur la définition des pièces composites constituant la structure de l’avion, la jeune pousse cherche désormais des industriels spécialistes de structures composites, pour lever 4 millions d’euros qui serviraient aux partenariats industriels pour pré-étudier la structure de l’avion et tester des pièces composites qui la composent.

« Cette levée de fond doit aussi couvrir le coût du dépôt d’une dizaine de brevets que nous prévoyons, de satisfaire un POC de l’avion à l’échelle ¼ et de préparer les études d’un prototype de l’avion à l’échelle réelle », précise Benjamin Persiani.

Un appel à projets pour acquérir une Start-up dans la décarbonation des matériaux

De son côté, le cimentier Eqiom a choisi d’accélérer dans les matériaux à empreinte carbone réduite en misant sur les Start-ups d’une façon atypique. L’entreprise a ainsi lancé son « Open Innovation Challenge » en octobre 2024, un appel à projets inédit auprès des jeunes pousses mondiales capables de proposer des solutions innovantes pour décarboner les matériaux de construction.

« Un jury choisira une dizaine de jeunes pousses prometteuses, parmi les multiples candidatures déposées sur notre site web, qui feront une présentation de leur projet, avant la sélection finale d’un lauréat à partir du 24 janvier 2025 », explique Antoine Geoffroy, directeur Innovation et Solution de CRH France, maison-mère d’Eqiom.

Les critères d’exigence des solutions proposées tournent autour de l’inventivité du projet, sa faisabilité technique, son impact économique et environnemental, et la capacité de la Start-up à soutenir une forte et rapide croissance.

« Le gagnant bénéficiera d’un accès au laboratoire de recherche d’Eqiom et d’un accompagnement personnalisé qui l’aidera à mener à bien son projet », assure Roberto Huet, président d’Eqiom et de Stradal, autre filiale de CRH France, spécialisée dans les solutions durables en béton préfabriqué.

Ces essais seront financés par une dotation de 30 000 euros.

Bruno Mouly

Journaliste économique, avec près de 20 ans d'expérience en journalisme économique et en communication d'entreprise. Spécialisé en numérique, achats logistiques et mobilité. Il collabore également avec les Échos et le JDD.

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