Se développer en Franchise : est-ce une bonne idée ?

Le modèle de la franchise est un modèle qui s’est fortement développé ces vingt dernières années. Quand en 2003 la fédération française de la franchise recensait 765 franchiseurs pour environ 34000 franchisés, elle dénombre aujourd’hui 1972 franchiseurs pour presque 85000 franchisés. Pour autant, est-ce LA stratégie de développement idéale ? Ce modèle est-il compatible avec toutes les formes d’entreprise ? Les franchiseurs réussissent-ils toujours ? Nous allons tenter de répondre à ces questions.

Le commerce isolé : le grand perdant des 30 dernières années

Le commerce isolé, à savoir un commerçant indépendant seul avec son seul établissement, est le grand perdant des mutations économiques et technologiques des 30 dernières années.

Quand les consommateurs attendent une réponse omnicanale, quand la gestion de la e-réputation et des réseaux sociaux devient vitale, quand les évolutions technologiques se succèdent à vitesse grand V (logiciels de gestion d’activité, IA…), quand les normes et règlementations deviennent toujours plus exigeantes (RGPD…), tout faire tout seul devient impossible.

Ces évolutions, ces mutations, expliquent en grande partie le développement de 3 formes de commerces en réseau : le commerce associé (groupements, coopératives), le commerce intégré (succursales) et le commerce sous enseigne (franchise).

Ces 3 modèles permettent de créer des synergies, de créer des effets de volume, et donc de rester durablement compétitif. Ils permettent également de répartir les tâches entre l’activité locale (le commerçant) et les actions nationales (la tête de réseau).

Ainsi, une étude réalisée par l’Insee, et publiée en août 2022, rappelle notamment que « les entreprises du commerce de détail sont davantage pérennes quand elles sont créées en réseau : 74 % exercent toujours leur activité cinq ans après la création en réseau, contre seulement 58 % hors réseau ».

Cette étude confirme également qu’à caractéristiques comparables (moyens financiers, niveau d’étude équivalents…), une entreprise en réseau a 1,2 fois plus de chance de survivre au-delà de 5 ans qu’une entreprise isolée.

L’envie d’entreprendre, le besoin de reconversion, un booster pour la franchise

Parmi ces 3 formes de commerce en réseau, la franchise est un modèle dont on parle souvent pour une raison majeure. Il est conçu pour permettre à des personnes qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat, de le faire en bénéficiant d’un métier clefs en main, d’un « savoir-faire ».

À la genèse d’un réseau de franchise, il y a en effet un franchiseur qui a créé un concept, et qui choisit de baser sa stratégie de développement sur le fait de proposer à des personnes de devenir entrepreneurs sous son enseigne, en exerçant le métier qu’il a déjà formalisé.

Quand les carrières longues et uniques disparaissent, quand les trentenaires et les quadras souhaitent réorienter leur carrière et changer de métier, la franchise permet cela. L’étude annuelle Banque Populaire, Kantar, Fédération française de la franchise rappelle d’ailleurs que 76 % des franchisés étaient précédemment salariés.

Une récente étude réalisée par Opinion Way pour Go Entrepreneurs et BPI France, en février 2023, met en avant le fait qu’un Français sur 4 aurait envie de créer son entreprise, mais que le principal frein (pour 66 % des français) est la peur de l’échec.

Doit-on recourir à la franchise pour entreprendre ?

La réponse est plutôt oui, mais pas toujours, et sous conditions.

Franchiseur est un métier complexe, exigeant. Se revendiquer Franchiseur n’est pas gage de succès. Le nombre d’enseignes qui passe le cap des 100 points de vente est faible. Le nombre d’apprentis franchiseurs n’arrivant pas à atteindre le point mort n’est pas négligeable.

Pour réussir votre aventure en franchise et devenir franchisé, vous allez donc devoir commencer par choisir le bon franchiseur.

Celui qui saura vous faire passer de salarié à chef d’entreprise en réseau. Celui qui portera une attention particulière à la répartition de la valeur (le fameux principe gagnant – gagnant). Celui qui veillera à ce que les ressources allouées à l’animation et à l’évolution du concept soient suffisantes pour que l’enseigne reste durablement compétitive.

Devenir franchisé est accélérateur car cela permet de capitaliser sur un concept déjà créé. C’est également réducteur de risques… à condition de rejoindre le bon réseau. Devenir franchisé, c’est aussi accepter de vivre en réseau. C’est être indépendant certes, mais c’est aussi accepter de faire des compromis dans l’intérêt général du réseau. Devenir franchisé, c’est enfin accepter que son destin entrepreneurial soit lié au destin d’un réseau (entrée d’un fonds d’investissements, changement d’actionnariat, rachat de l’enseigne par un concurrent ou un fournisseur…).

Alors, si vous êtes fondamentalement indépendant dans l’âme, si vous souhaitez maîtriser en totalité le projet entrepreneurial que vous envisagez de porter, la franchise n’est peut-être pas faite pour vous.

Si vous souhaitez construire une aventure humaine et collective, si vous souhaitez développer un projet entrepreneurial où le compromis, la confiance et le management à l’adhésion sont au cœur du système, alors la franchise est peut-être la bonne stratégie.

Par Sylvain Bartolomeu, Président Dirigeant associé de Franchise Management

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