Les entreprises accélèrent l’électrification de leurs flottes

Poussées à « verdir » leurs flottes par des réglementations nationales et européennes, les entreprises accélèrent l’acquisition de modèles électriques et hybrides rechargeables pour remplacer leurs véhicules diesel. Grâce à des autonomies qui s’allongent, les véhicules électriques s’avèrent désormais plus pertinents sur les longs trajets que les hybrides rechargeables, plus adaptés à de petits parcours quotidiens…


Sous la contrainte de réglementations nationales et européennes, comme la loi d’orientation des mobilités (LOM) qui impose une proportion croissante de véhicules propres dans les flottes d’ici à 2030, le déploiement de zones à faibles émissions (ZFE) dans les grandes villes ou la décision de la Commission européenne d’interdire la vente de véhicules thermiques en 2035, les entreprises n’ont pas d’autre choix que d’accélérer l’électrification de leurs parcs.

La plupart remplacent ainsi progressivement leurs véhicules diesel et à plus long terme leurs véhicules essence par des modèles hybrides rechargeables et 100 % électriques.

Basculement des flottes en tout électrique vers 2025/2030

Cette tendance se généralise avec des stratégies similaires mais à des rythmes différents.

« Avec déjà 15 à 20 % de véhicules électrifiés dans leur flotte, 20 % de nos clients sont en avance sur le calendrier de la LOM. Ils visent à basculer la totalité de leur parc en tout électrique entre 2025 et 2030 », indique Audrey Martin, consultante chez Traxall, gestionnaire de flotte externalisée pour les grands comptes.

Cyril ChateletCertaines entreprises, les plus en avance, sont même sur le point de convertir toute leur flotte en véhicules électriques.

C’est le cas du loueur longue durée LeasePlan. Le loueur dispose déjà dans son propre parc de 108 voitures électriques et compte remplacer ses véhicules thermiques restants d’ici fin 2022, hormis 13 véhicules essence pour certains de ses gros rouleurs.

« Ces derniers véhicules thermiques seront également remplacés par des modèles électriques fin 2023 / début 2024 », précise Cyril Châtelet, directeur commercial de LeasePlan.

Les hybrides rechargeables, une transition vers les véhicules électriques

D’autres entreprises s’engagent plus prudemment dans l’électrification de leur flotte. Ainsi, le spécialiste du vitrage automobile Carglass, passe progressivement sa flotte au vert, en acquérant d’abord des modèles hybrides rechargeables. Sur ses 175 voitures de fonction, l’entreprise en possède 31 modèles comme les Kia Sportage et Niro, les Citroën C5 Aircross ou autres BMW X1.Mourad Fellah

« Notre stratégie est de remplacer progressivement nos 90 véhicules diesel par des hybrides rechargeables, puis par des véhicules électriques », confirme Mourad Fellah, responsable de la gestion du parc automobile de Carglass.

« Les hybrides rechargeables constituent en général une étape intermédiaire vers des flottes 100 % électriques. Ces nouveaux modèles répondent à la fois aux enjeux environnementaux et permettent aux collaborateurs de se familiariser avec la motorisation électrique sans se soucier de l’autonomie », explique Audrey Martin.

De son côté, Schneider Electric France a l’ambition d’électrifier en 2030 la totalité de sa flotte de 2 100 voitures de fonction diesel, avec un premier palier de 30 % de son parc en hybrides rechargeables et véhicules électriques en 2025.

« Aujourd’hui, on compte 150 véhicules électrifiés, dont 60 hybrides rechargeables et 90 électriques. Mais notre taux de renouvellement est de 57 % en hybrides rechargeables et 19 % en modèles électriques », souligne Hervé Detraz, gestionnaire de la flotte du groupe Schneider Electric France.

Des modèles électrifiés proposés en fonction des usages

Herve DetrazLes entreprises ont désormais des « car policy » qui proposent essentiellement des véhicules électrifiés à leurs collaborateurs. Ces derniers peuvent choisir leur modèle en fonction de son usage.

« On leur laisse le choix du véhicule selon son autonomie, sa taille, sa capacité de rechargement et l’usage qu’ils en font parmi les quatre modèles électriques que l’on propose dans les 5 catégories statutaires de notre car policy », expose Cyril Châtelet.

Les collaborateurs de LeasePlan qui font des trajets urbains se portent sur de petites citadines électriques à l’auto – nomie limitée, alors que les gros rouleurs optent pour des modèles électriques à l’autonomie plus importante.

Chez Schneider Electric qui a essentiellement une flotte de commerciaux et de techniciens gros rouleurs, on estime « que les véhicules électriques d’une autonomie de 400 à 500 km sont adaptés pour effectuer de longs trajets ».Audrey Martin

« Un véhicule électrique d’une autonomie de 300 km est économiquement pertinent pour les grands rouleurs qui font 200 km par jour ou 50 000 km par an. Mais cela nécessite d’avoir une borne de recharge à domicile et sur le site de l’entreprise. Ces conditions sont aussi nécessaires aux conducteurs d’hybrides rechargeables qui jouent le jeu de rouler en mode électrique. La motorisation hybride est surtout adaptée à de petits trajets quotidiens, qu’ils soient urbains ou pas », analyse Audrey Martin.

Le déploiement de points de charge pour soutenir l’utilisation des véhicules électrifiés

Pour accompagner l’usage croissant de leurs modèles électriques et hybrides rechargeables, les entreprises multiplient ainsi le déploiement de points de charge sur leurs sites et au domicile des salariés. LeasePlan a installé 92 bornes sur le parking de son siège social à Rueil-Malmaison et 75 bornes au domicile de ses collaborateurs.

Carglass planifie l’installation de 409 bornes de recharge sur ses centres de distribution et de relation client, ainsi que sur les sites tertiaires de ses directions régionales.

Enfin, Schneider Electric déploie son plan d’équipement en bornes de certains de ses sites et de ses agences qui en sont dépourvues. Le groupe financera aussi l’installation de points de charge au domicile de 119 collaborateurs.

Se former à l’utilisation des véhicules électriques et hybrides rechargeables

Les voitures à motorisation électrique ne s’utilisent pas comme leurs homologues thermiques. Elles nécessitent un mode de conduite, de consommation d’énergie, de rechargement
de batterie et de préparation de déplacements spécifiques que tout collaborateur doit maîtriser pour en optimiser l’usage et surtout l’autonomie.

Du coup, des organismes de sécurité routière proposent des formations aux entreprises.

« Notre formation est focalisée sur l’optimisation de l’autonomie des véhicules électriques par un mode de conduite économique propre à la motorisation électrique. Il s’agit d’apprendre aux conducteurs à anticiper leur conduite pour récupérer un maximum d’énergie et maintenir la plus longue autonomie possible de leur voiture », résume Marc Bodson, directeur général de Beltoise Evolution.

Ces formations sont en général délivrées sur les sites des entreprises avec leurs véhicules ou sur ceux de l’organisme de sécurité routière.

Bruno Mouly

Journaliste économique, avec près de 20 ans d'expérience en journalisme économique et en communication d'entreprise. Spécialisé en numérique, achats logistiques et mobilité. Il collabore également avec les Échos et le JDD.

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