Comment mener à bien un projet d’électrification de sa flotte
Sujet complexe pour les entreprises, un projet d’électrification de la flotte de véhicules passe par une démarche structurée qui consiste à faire un diagnostic des usages des véhicules et des coûts associés, à adopter une politique d’acquisition de modèles électriques et hybrides rechargeables correspondant aux usages de mobilité des salariés et de déployer une infrastructure de recharge adéquate.
Quels modèles électriques ou hybrides rechargeables acquérir ? À quel rythme ? Pour quel coût et quels usages ? Quel nombre de bornes de recharge installer ? De quelle puissance ? Où les implanter ?…
« L’électrification du parc de véhicules est un sujet nouveau et un projet complexe à mettre en œuvre pour les entreprises dont beaucoup sont encore dans le flou », indique David Decultot, directeur d’ALD Business Intelligence, le département consulting du loueur de véhicules multimarques ALD Automotive.
Un guide pour aider les entreprises à structurer leur projet
Pour y voir plus clair, l’Avere-France, l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique a récemment publié un guide qui préconise de structurer son projet en trois étapes.
« La première consiste à faire un bilan de l’usage de l’ensemble des véhicules de la flotte et d’avoir ainsi une vision à 360° de la mobilité de ses salariés. C’est un diagnostic qui vise à analyser les usages des véhicules et des coûts associés à partir duquel l’entreprise peut identifier les modèles électriques ou hybrides rechargeables correspondant aux besoins des collaborateurs », explique Clément Molizon, délégué général d’Avere-France.
Contraintes par la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) d’acquérir lors du renouvellement annuel de leur parc, une part de plus en plus significative de véhicules à faible émission d’ici à 2030, les entreprises de plus 100 véhicules électrifient leur flotte à leur rythme selon leur objectif de transition énergétique.
« Certaines suivent la tendance imposée par la LOM, d’autres adoptent une stratégie plus rapide d’électrification totale ou partielle », souligne Peggy Aranda, directrice de clientèle de Fatec, gestionnaire de flottes externalisées.
Limiter les coûts de détention des véhicules électriques
En attendant, un projet d’électrification de flotte requiert de la planification, de l’implication et de l’organisation. Il doit être géré de façon très rigoureuse pour que le coût de détention des véhicules électriques, ou hybrides, ne dépasse pas celui de leurs homologues thermiques.
« L’électrification a un coût en raison du prix d’achat plus élevé des véhicules électriques et hybrides rechargeables que leurs homologues thermiques. Certaines entreprises volontaristes augmentent leur budget en conséquence, d’autres font des arbitrages entre électrification et équilibre économique », expose Laurent Hauducoeur, directeur commercial de Traxall, autre gestionnaire de flottes externalisées.
En règle générale, les entreprises s’y retrouvent dans le coût de détention (ou TCO) des véhicules électriques qui reste compétitif grâce à un usage intensif et des coûts d’usage (entretien, maintenance…) beaucoup plus faibles que les véhicules essence ou diesel.
Dimensionner son parc de bornes de recharge
« La deuxième étape est de passer à la stratégie d’électrification pour définir une politique d’achat, de gestion et d’exploitation des bornes de recharge en fonction de la part d’électrification de la flotte », affirme Clément Molizon.
Il faut ainsi dimensionner l’équipement de bornes de recharge sur sites, ou au domicile des salariés, et leur puissance pour les adapter au nombre et aux caractéristiques des véhicules électriques ou hybrides rechargeables acquis.
« Le choix des points de charge au domicile des salariés et sur le site de l’entreprise couvre 85 à 90% des besoins de mobilité en général. Ces installations sont moins coûteuses que de charger les véhicules sur les bornes publiques où le prix de l’électricité est trois à quatre fois plus élevé », résume David Decultot.
D’autant que l’installation de bornes à domicile n’est pas considérée comme un avantage en nature et que son coût pris en charge par l’entreprise est donc exclu des charges patronales.
« Il est nécessaire également de mettre en place la conduite du changement d’habitude en concertation avec les collaborateurs pour lever leur crainte du manque d’autonomie des véhicules électriques et les faire adhérer à ces nouveaux modèles », glisse Clément Molizon.
Formation à l’écoconduite des véhicules électriques
La troisième étape du projet est de mettre en œuvre le déploiement des véhicules et des bornes de recharge. « Cela demande de gérer l’installation des bornes surtout à domicile, légèrement en avance de la livraison des véhicules électriques », prévient Katia Lehnert, chef de projet mobilité durable chez Fatec.
« Il s’agit aussi de former les collaborateurs à l’écoconduite des véhicules électriques pour en optimiser l’autonomie », conclut Marc Bodson, directeur général de Beltoise Evolution, organisme de prévention routière qui forme les salariés sur ses propres sites ou sur ceux des entreprises.