Quelles solutions pour financer le développement de son entreprise ?
Afin de déterminer la solution de financement qui sera la mieux adaptée à son besoin, l’entreprise doit réaliser une démarche préalable d’analyse de sa situation financière et de la construction de sa demande. Le mode de financement, sa durée, et les prestataires à solliciter, en découleront alors plus facilement.
Quelle qu’elle soit, la stratégie de financement de l’entreprise doit s’aligner avec ses exigences et ses spécificités. Pour construire sa demande de financement, et faire en sorte qu’elle aboutisse positivement, l’entreprise doit donc préalablement analyser les différents facteurs qui, en interne comme en externe, sont susceptibles de l’impacter.
« La réussite d’une demande de financement repose en effet, entre autres, sur la compréhension approfondie de facteurs clés liés à la société et le groupe au sein duquel elle évolue tels que son activité, sa maturité, son mode de distribution…, ou encore ses dirigeants et actionnaires », souligne Brice Monvoisin, cofondateur de Norman K.
Analyse des besoins
À cet effet, il convient en premier lieu que l’entreprise analyse sa situation en interne et s’interroge sur son besoin. « Dans le cadre de cette démarche, il lui faut faire une revue à 360° en commençant par définir dans quelle phase de vie l’entreprise se situe : en début d’activité, en fort développement, en phase de maturité, ou dans une situation de retournement, explique Cécile Dobras, directrice Executive de BM&A. Cette première étape permettra, dans un second temps, de s’orienter vers certains types de financement et d’identifier les prêteurs idoines. L’entreprise doit également réaliser un état des lieux de ses ressources : ses actifs, son cash, les compétences internes dont elle dispose pour gérer ses financements. Il faut également être attentif à la culture de l’entreprise. En effet, le Change Management pourrait s’imposer pour les entreprises qui n’ont jamais sollicité de financement externe ».
Dans le cadre de cette démarche d’analyse des besoins, il faut également tenir compte de facteurs externes, et en particulier des parties prenantes qui accompagnent l’entreprise au quotidien (banques et actionnaires), ainsi que sur l’état du marché de la finance au moment où l’entreprise souhaite solliciter un prêt.
« La situation économique et financière du moment et son impact sur le cash et le niveau d’endettement de l’entreprise sont des éléments clés à prendre en compte lorsque l’entreprise établit sa stratégie de financement, précise Cécile Dobras. Quand les taux d’intérêt étaient négatifs, les entreprises n’avaient pas d’intérêt fort à optimiser leur génération de cash et à maximiser leur capacité d’auto-financement. À l’inverse, avec la remontée des taux d’intérêt, elles vont plutôt chercher à optimiser leur génération de cash et l’utilisation de chaque euro, avant de se tourner vers des sources de financement externe comme les crédits bancaires ».
Il leur faut alors être vigilantes car la situation économique et financière peut également influer sur les capacités des banques à prêter de l’argent. Auquel cas, la diversification des sources de financement est également de mise. « Par exemple en 2023, la liquidité a parfois fait défaut à certaines banques, réduisant ainsi leurs enveloppes de financement, explique Brice Monvoisin. Face à ces contraintes, les entreprises ont la possibilité de se tourner vers des cabinets spécialisés tels que Norman K, des fonds d’investissements / de dettes, ou encore des plate formes de Crowdfounding lorsqu’il s’agit de lever de la dette sur des sous-jacents immobiliers».
Plébisciter la bonne source de financement
Ces démarches et bonnes pratiques sont indispensables car elles servent de base pour établir la demande de financement. « Celle-ci doit d’ailleurs présenter de manière détaillée les besoins financiers, le potentiel de développement de l’entreprise ainsi que le Business Plan associé, poursuit Brice Monvoisin. Il est à ce sujet essentiel de documenter les hypothèses de son Business Plan afin d’assurer une base solide et fiable pour l’évaluation financière du projet. L’analyse du besoin doit reposer sur plusieurs ratios, en lien notamment avec l’endettement de la société et sa capitalisation. En parallèle, il convient de montrer l’implication de la société avec le montant des fonds propres apportés dans le projet et les éventuelles sûretés qui y sont associées ». Propulse by Crédit Agricole propose aux pro plus d’informations sur son blog à ce sujet.
Ces différentes démarches amont permettent également à l’entreprise de bien identifier le type de financement qu’elle peut ou qu’elle doit solliciter. Le choix d’une solution de financement dépend en effet aussi de son objectif et de sa durée. « Les financements court terme n’ont pas la même finalité que les financements de CAPEX* (sur 5 à 7 ans) ou les financements long terme », précise Cécile Dobras.
La nature de l’entreprise influe forcément sur les CAPEX. Une société de service aura, par exemple, peu d’équipement à renouveler, quand on arrivera à presque un tiers du chiffre d’affaires pour une société de travaux.
- Les crédits court terme, d’une durée de moins d’un an, sont principalement utilisés pour financer le cycle d’exploitation de l’entreprise, à savoir son besoin en fonds de roulement. « Il peut alors s’agir de lignes de découvert ou de ligne revolving, précise Cécile Dobras. Avec le revolving, elles disposent d’une enveloppe que la banque ou un pool bancaire s’engage à mettre à leur disposition. En revanche une autorisation de découvert peut s’arrêter du jour au lendemain ». Dans le cadre du crédit court terme, les entreprises peuvent également cibler le financement de certains postes de leur besoin en fonds de roulement, en particulier leur poste client ou leurs stocks. « Elles peuvent notamment céder leurs créances clients à un factor ou mettre en place un programme de titrisation, poursuit Cécile Dobras. De même, il existe différentes solutions de financement des stocks avec lesquels l’entreprise peut ou non en rester la propriétaire ».
- Les crédits moyen terme, qui généralement s’étalent entre 3 à 7 ans servent pour leur part généralement à financer les CAPEX de l’entreprise (tels qu’une nouvelle ligne de production). « Dans ce cas, ces financements sont alors souvent des crédits bancaires ou des crédits-bail », indique de son côté Brice Monvoisin.
- Les crédits long terme, au-delà de 7 ans, sont utilisés notamment par les entreprises qui ont besoin de lever de gros CAPEX. « Ils sont par exemple utilisés pour financer l’acquisition d’un fonds de commerce ou d’un sous-jacent immobilier, ajoute Brice Monvoisin. Ce sont alors essentiellement des crédits bancaires. Les entreprises peuvent également recourir au crowdfunding, mais il s’agit alors de financement immobilier court terme, en complément de fonds propres ou bridge d’opération ». Le financement participatif ou crowdfunding est en effet une alternative au prêt bancaire classique. Il permet à un porteur de projet de collecter des fonds sur Internet, par le biais d’une plateforme en ligne dédiée, auprès d’investisseurs pour financer un projet spécifique. « Les entreprises ont également la possibilité de faire appel au marché, via l’émission d’obligations », précise Cécile Dobras. Il s’agit d’une opération de financement à moyen ou long terme entre une entreprise, cotée ou non, et un nombre limité d’investisseurs, avec l’aide des experts financiers pour sa mise en place. Ces financements servent par exemple dans le cadre d’opérations de LBO (Leveraged buy-out autrement dit de rachat avec effet de levier).
*Généralement traduit en français par « dépenses d’investissement de capital », les CAPEX regroupent toutes les dépenses effectuées par une société se rattachant à ses investissements matériels. Ils sont donc soumis à une discipline stricte car ils engagent l’entreprises sur le long terme. Ils apparaissent également dans le tableau des flux de trésorerie. (Source Lefebvre Dalloz)