Facturation Électronique : la maturité des entreprises est inégale

Alors que les échéances pour la mise en place de la réforme sur la facturation approchent, la maturité des entreprises sur le sujet et leur capacité à en faire une opportunité d’optimiser leurs processus varient en fonction de leur taille, de leur secteur d’activité et de leur équipement.

Le 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront être en capacité de recevoir des factures électroniques. À cette même date, les grandes entreprises et les ETI auront également une obligation de transmission des factures électroniques. Une obligation à laquelle les PME, TPE et professionnels seront contraints un an plus tard, le 1er septembre 2027.

Face à ces échéances qui se rapprochent, les entreprises n’affichent pas toutes le même niveau de préparation. Certes, 89 % des grandes entreprises et ETI ont connaissance de cette réforme et 81% d’entre elles pensent être prêtes à l’échéance (Baromètre 2024 Generix/Markess By Exaegis).

Cependant, un petit gap reste à franchir pour atteindre un taux de connaissance de 100 %, sachant que par ailleurs, 55 % des répondant à cette étude déclarent ne pas avoir une parfaite connaissance du calendrier, 73% des obligations relatives aux cas d’usage, et même 49 % des contraintes de la facture électronique.

Du côté des PME, la connaissance de cette réforme et sa mise en application, déjà moins ancrée que pour les grandes entreprises et ETI, seraient même en recul selon le baromètre Konica Minolta de la sérénité numérique 2025. « Le constat est encore pire du côté des petites entreprises de moins de 250 collaborateurs, explique Inès Desert, directrice Communication et RSE chez Zeendoc. Il nous arrive encore fréquemment de rencontrer des prospects qui n’ont pas connaissance de cette réforme, ou qui en ont une mauvaise compréhension ».

Les incompréhensions autour de la réforme

« Si de nombreuses entreprises sont encore peu avancées dans la mise en conformité, cette situation s’explique par le calendrier de la réforme et son report en 2026 », souligne pour sa part Valentin Doligé, directeur général de Orcom, société d’expertise comptable, d’audit et de conseil. La multiplication des reports de calendrier, les modifications régulières des termes de la réforme et des versions de spécifications ou encore l’éloignement relatif des échéances de démarrage sont en effet autant de raisons qui participent à l’attentisme actuel des entreprises.

« Aujourd’hui dans l’attente de l’immatriculation définitive (sous réserve à ce stade) des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP), la question est plutôt de connaître le taux d’équipement technologique des entreprises en matière notamment de solutions de digitalisation des flux, précise Valentin Doligé. S’il est difficile d’avancer un chiffre fiable et documenté, il est toutefois communément admis que le taux d’équipement des entreprises françaises est faible, et particulièrement des TPE, en comparaison avec nos voisins européens ».

Or, les entreprises les moins informées aujourd’hui sur cette réforme sont également celles ayant le moins digitalisé leurs processus de gestion. « Par exemple, nos clients aujourd’hui équipés de la solution de gestion électronique des documents (GED) Zeendoc sont davantage informés sur les contours de cette réforme que nombre de nos prospects, ajoute Inès Desert. Ils restent cependant inquiets de ses impacts au regard notamment de son évolution constante ».

À l’inverse, les grandes entreprises qui pour la plupart ont une bonne compréhension de la réforme sont, dans 92 % des cas, déjà équipées d’une ou plusieurs solutions de facture électronique.

De nombreux bénéfices attendus

En dépit de ces craintes notamment de la part des TPE et PME, certaines entreprises, dont les plus grandes, entendent bien tirer profit de la facturation électronique pour optimiser certains de leurs processus. 99 % des entreprises interrogées dans le cadre du baromètre Generix/Markess By Exaegis ont ainsi l’intention de cibler d’autres bénéfices métiers lors de leur mise en conformité.

Leur premier objectif consiste à automatiser leurs processus de factures entrantes (près de 70 %, en hausse de 50 % par rapport à 2023). À partir de données structurées, il sera beaucoup plus aisé de rapprocher les factures avec les données des commandes, des réceptions ou encore des contrats, à la fois au niveau des en-têtes et pieds mais aussi au niveau des lignes de factures.

Cette automatisation des processus basée sur les données structurées des factures contribue par ailleurs à la réduction du cycle de traitement des factures et des retards de mise en paiement. Elle facilite par la suite le lettrage comptable et bancaire, mais aussi le recours à l’escompte et au paiement anticipé.

Les grandes entreprises et ETI entendent également en profiter pour fiabiliser leurs données (57 %, en progression de 36 % par rapport à 2023) et lutter ainsi contre les erreurs et les fraudes. Cette réforme est par ailleurs l’occasion pour 55 % d’entre elles d’optimiser leur cash, par exemple en facilitant la mise en place de l’escompte dynamique ou de l’affacturage inversé.

« Les TPE et PME sont pour leur part encore au stade de compréhension de la réforme, qui constitue néanmoins pour elles une véritable opportunité de repenser leur organisation pour en simplifier les circuits et en sécuriser les traitements, nuance Valentin Doligé. Pour en tirer de tels bénéfices, elles doivent interroger dans un premier temps leurs processus de facturation et d’achat pour en rechercher une amélioration voire une optimisation. Le choix des solutions technologiques interviendra dans un second temps après ce travail de diagnostic indispensable. Le choix de la PDP adaptée aux besoins interviendra en dernier, probablement sur le 4ème trimestre de cette année civile ».

Anne Del Pozo

Elle collabore depuis près de 20 ans à différents magazines en qualité de journaliste. Elle y traite de sujets articulés essentiellement autour de la finance, des flottes automobiles, du voyage et du tourisme d'affaires ou encore des ressources humaines. Anne del Pozo participe également à la rédaction de nombreux témoignages clients et de newsletters d'entreprise.

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