Face aux vents adverses, les ETI fléchissent mais résistent
Les résultats du 16e Baromètre Palatine-METI du financement des ETI attestent d’une nouvelle dégradation de l’activité économique alors que les contraintes et incertitudes se renforcent considérablement, alimentées notamment par la montée des mesures protectionnistes à l’échelle internationale et par des arbitrages budgétaires défavorables à la compétitivité. Si les capacités de financement des ETI sont relativement préservées à ce stade et que les projets de croissance pour 2025 semblent faire de la résistance, ces signes de résilience demeurent fragiles.
Elles pourraient s’inverser si rien n’est fait pour consolider l’écosystème de compétitivité dans lequel évoluent les ETI. À l’heure où s’engagent les débats sur le prochain budget, ce diagnostic mérite d’être étroitement pris en compte.
L’activité reste morose, mais ne se dégrade pas davantage
Plus d’1 ETI sur 3 fait état d’un chiffre d’affaires en baisse au T1 2025 par rapport au T1 2024 et plus de la moitié estiment que la situation de leur secteur d’activité s’est dégradée sur un an, des proportions à peu près similaires à celles observées en janvier. Elles sont en revanche plus nombreuses à faire état d’un carnet de commandes moins garni (54% vs. 47%).
Par ailleurs, seules 13% observent une amélioration de leur rentabilité sur un an, même si la proportion de celles qui, à l’inverse, observent une dégradation, reflue par rapport au précédent baromètre (38,5% vs. 47,3%). Enfin, l’inquiétude pour les prochains mois domine toujours chez plus d’un dirigeant sur deux.
Des capacités de financement qui se maintiennent difficilement
La trésorerie connaît une amélioration assez nette : les ETI sont désormais 20% à faire part d’une situation en dégradation, contre 38% en avril. En revanche, elles sont plus nombreuses à avoir vu leur endettement net total se dégrader sur un an (25,6% vs. 18,2%).
Près d’1 ETI sur 4 rencontre toujours des difficultés compromettant le respect de ses covenants bancaires et plus de 4 sur 10 jugent les ratios financiers exigés compliqués voire impossible à venir. Néanmoins, le soutien des partenaires bancaires demeure élevé, avec plus de 8 ETI sur 10 obtenant des réponses favorables à leurs demandes de financement.
Une dynamique de croissance menacée par la conjoncture
Près de 72% des ETI envisagent désormais au moins un projet de croissance organique cette année, alors qu’elles étaient moins de 2/3 en janvier. Parmi elle, près de 9 sur 10 prévoient d’investir en France. 6 ETI sur 10 prévoient par ailleurs au moins un projet de croissance externe en 2025, alors qu’elles étaient moins d’1 sur 2 en janvier. Là encore, la France en serait la grande gagnante, en étant choisie par 8 ETI sur 10.
Mais ces projets pourraient subir les conséquences de la crise des droits de douane : plus d’1 ETI sur 4 se dit directement concernée par les nouvelles mesures douanières décrétées par les Etats-Unis et près de 2 ETI sur 3 anticipent un impact négatif sur leur chiffre d’affaires en 2025, si toutefois ces mesures s’installaient dans la durée.
N.B. Cette enquête a été lancée une semaine après le « Liberation Day » et la situation demeure extrêmement mouvante, rendant les projections des ETI compliquées.
En outre, les arbitrages budgétaires pour 2025 ne seront pas sans conséquences sur l’emploi :
– Pour absorber la baisse des allègements de cotisations sociales, 3 ETI sur 10 prévoient de réduire leur masse salariale et/ou leurs recrutements.
– Elles sont par ailleurs près de 2/3 à avoir réduit leurs recrutements d’apprentis ou envisager de le faire, contraintes par la baisse de l’aide au recrutement d’apprentis.
Enfin, les prédations sont en nette augmentation : 1 ETI sur 2 a été approchée pour un rachat ou une entrée au capital depuis le début de l’année (vs. 34% en 2024).
Analyse de Frédéric Coirier, PDG du groupe Poujoulat et coprésident du METI : « Dans le contexte particulièrement chaotique que nous connaissons, ces résultats sont en demi- teinte. L’activité continue de fléchir, avec des carnets de commande qui se vident, une rentabilité qui s’affaisse et une inquiétude qui s’accroît. Néanmoins, la capacité de financement affiche une relative stabilité et les projets de croissance repartent à la hausse sur un trimestre. Ainsi, malgré l’incertitude extrême qui caractérise aujourd’hui la scène internationale, les ETI tentent de tenir le cap.
Pour combien de temps ? Les difficultés se présentent sur tous les fronts : à l’échelle internationale, 2/3 des ETI appréhendent un impact négatif de la crise des droits de douane sur leur chiffre d’affaires en 2025 ; à l’échelle française, elles affichent des intentions défavorables sur le plan de d’emploi, sous l’effet des contraintes imposées par les arbitrages budgétaires pour 2025 (baisse des allègements de cotisations sociales, baisse de l’aide au recrutement d’apprentis).
Alors que s’engage déjà la discussion pour le budget 202C, il importe que la décision publique s’attache à améliorer significativement la qualité de l’écosystème dans lequel évoluent les acteurs économiques, sous peine de voir la résistance des ETI sérieusement mise à mal ».