Les clés pour prévenir les difficultés des entreprises

Fabrice Serkiz, conseiller Financement – Entreprise en difficulté – Transmission/reprise de la CCI de Troyes nous a délivré les cinq conseils à suivre, selon lui, pour pouvoir anticiper et donc prévenir les difficultés dans une entreprise.
1. L’indicateur principal à suivre pour un chef d’entreprise est la trésorerie
Une entreprise est en situation de cessation de paiement lorsque l’actif disponible ne permet pas de couvrir le passif exigible. Concrètement vous n’avez plus la trésorerie nécessaire pour faire face au paiement de vos différentes échéances (fournisseur, emprunts bancaires, fiscales, sociales, loyer,…). Une forte détérioration de la trésorerie est souvent synonyme d’un dysfonctionnement dans l’entreprise (baisse de rentabilité, augmentation de BFR, détournement de fond,…), raison pour laquelle il est crucial de la suivre quotidiennement.
Il est également important de réaliser des projections via un plan de trésorerie afin d’anticiper un besoin et faire le nécessaire auprès du banquier. Ce dernier n’aime pas être mis devant le fait accompli et préfère avoir en face de lui un dirigeant qui anticipe (donc qui gère) plutôt qu’un dirigeant qui subit (donc qui ne gère pas).
2. Lorsqu’un dirigeant fait face à une dégradation de trésorerie, il doit pouvoir en identifier la cause rapidement
Raison pour laquelle des outils de pilotage sont indispensables (tableaux de bord). Elle est le plus souvent liée à 2 facteurs : détérioration de la rentabilité et/ou augmentation du BFR. Dans le cas d’une détérioration de la rentabilité, le dirigeant doit pouvoir identifier la cause (baisse de CA, baisse de marge…) et mener rapidement les actions correctives nécessaires pour assainir la situation, s’il le peut bien sûr.
En ce qui concerne le BFR, il existe le « bon BFR » (augmentation de l’activité) que le banquier pourra financer via des lignes de CT (découvert, escompte, Dailly ou affacturage) et le mauvais BFR (mauvaise gestion des stock, poste clients qui augmente compte tenu d’une mauvaise qualité de ce dernier ou par manque de relance), que normalement le banquier ne financera pas.
3. « Mieux vaut prévenir que guérir »
En effet, plus la situation de difficulté a été anticipée par le dirigeant, plus l’entreprise a de chance de s’en sortir. Encore faut-il que celui-ci agisse et ne laisse pas pourrir la situation. En situation de difficulté, le temps joue contre vous.
4. Avant tout, il est nécessaire de prévenir les créanciers en cas de non-règlement à la date d’échéance
et de leurs proposer des solutions (décalage de la date de règlement, amortissement de la dette,…). Surtout ne jamais « faire le mort ».
5. Le dirigeant doit également se rapprocher de la CCI et/ou d’un CIP
(Centre d’Information et de Prévention), qui pourront l’orienter vers le ou les dispositifs adéquats en fonction du degré de difficulté dans laquelle l’entreprise se trouve :
– Le Médiateur du Crédit, dispositif mis en place par la Banque de France, qui permet de négocier avec les établissements financiers afin de trouver une solution.
– La CCSF (la Commission départementale des Chefs des Services Financiers) qui, après examen de votre dossier, pourra vous accorder un amortissement du règlement de vos dettes fiscales et sociale.
– Le Tribunal de Commerce territorialement compétent afin de rencontrer son Président et d’évaluer avec lui la situation de difficulté dans laquelle l’entreprise se trouve. À l’issue de cet entretien, vous pourrez décider du dispositif le plus adapté à votre situation : prévention des difficultés (mandat ad hoc ou conciliation judiciaire) ou bien procédure collective (sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire).
Pour résumer :
1) Suivre sa trésorerie afin d’anticiper
2) Agir et ne pas subir
3) Se faire accompagner