Mettre du beau dans l’entreprise
Après 20 ans de réflexions et d’actions à partir de concepts tous plus intéressants les uns que les autres, comme la QVT (Qualité de vie au travail), la RSE (Responsabilité Sociétale des entreprises), la Marque Employeur (…), force est de constater qu’il n’y a jamais eu autant de stress, de burnout et de désengagement. Qu’on le veuille ou non, tous ces concepts nourrissent des experts, créent des fonctions ad hoc mais impactent peu la vraie vie des gens.
Entre la lettre et l’esprit de la lettre, les entreprises se fracassent sur le mur de l’authenticité et de l’incarnation. Les belles formules si elles ne nourrissent pas le changement, si elles ne créent pas le mouvement salutaire à la vie, elles sont rapidement vues comme des incantations sans lendemain et sans impact.
Entre les injonctions du vivre ensemble formatées à la mode de ces concepts, les entreprises et la plupart des dirigeants oublient la notion essentielle à chacun, vivre pour soi !
Vivre pour soi, c’est être en vie et tout l’enjeu pour l’entreprise est de créer les conditions de l’envie d’en être. A force de s’occuper de sujets macro, pour souvent masquer la seule réalité économique, l’entreprise est désincarnée et passe à côté de l’essentiel, l’individu. On parle de monde meilleur et on corsète les personnes sous des process et des organisations soumises en permanence à des injonctions paradoxales.
Le sentiment d’étouffer, de ne pas respirer, de ne pas être considéré, d’être à l’étroit est à la base même du désengagement intergénérationnel. La génération Z est désormais celle de la reconversion professionnelle à … 28 ans ! Hier, on changeait de voie vers 45 ans, aujourd’hui il s’agit de ne surtout pas perdre sa vie à la gagner !
La bataille est-elle perdue pour les entreprises qui vont devoir faire face dans les dix ans à venir à la baisse générale du niveau des jeunes recrues, à l’explosion de l’individualisme, aux affres du communautarisme… ?
Si l’on continue à singer des postures, c’est fort probable.
Si en revanche, les Dirigeants, salariés comme fondateurs, prennent à bras le corps l’exclusivité culturelle de leur entreprise en toute authenticité, en se donnant comme priorité absolue de prouver que le monde du travail peut être beau au sens de la considération et du respect de chacun, il y a fort à parier qu’il soit possible d’inventer enfin l’entreprise du XXIème siècle. L’authenticité impose le courage de sortir des éléments de langage formatés et d’assumer de ne pas être fait pour tout le monde. L’authenticité impose des droits et devoirs qui ne peuvent souffrir la médiocrité managériale, n’oublions qu’en tant que dirigeant, on a les managers que l’on mérite !
Mais par-dessus tout, il faut pouvoir travailler la beauté des relations en travaillant la sincérité, l’humilité, la volonté de dépassement en permettant de croire que tout est possible pour de vrai. Là où les ressources créent souvent des murs, les relations humaines jettent des ponts entre toutes les différences. La beauté humaine devrait se retrouver dans le monde professionnel. Aujourd’hui, ce doit être une question de choix pour les dirigeants dont le rôle va être de plus en plus important dans l’équilibre de la société civile.
L’alignement « Tête, cœur, tripes » qui définit le leadership spirituel distinguera très vite les pitres des vrais leaders, celles et ceux qui donnent à croire en un vrai projet de vie.
Il n’y a rien de plus beau que le faire ensemble harmonieux et la complémentarité des Talents qui donnent vie à la notion oubliée de Tribu ! L’entreprise moderne déshumanisée doit se réinventer par la beauté et l’énergie tribale. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est redécouvrir la beauté du « bon sens » !
Stop à la surenchère cosmétique du design, des baby-foot et autre sofa, oui à la vérité du cœur !
Pour exemple, depuis 2022, l’art s’est mis au service de l’emploi en sublimant l’authenticité de centaines de personnes avec l’exposition annuelle Gueules de l’emploi. La force des portraits de Christophe Duron prouvent que l’Humain se suffit à lui-même lorsqu’il s’agit d’exprimer la fierté de ce que l’on est vraiment. La beauté de l’âme, les yeux dans les yeux.
Plus que jamais, les salariés, jeunes comme séniors, ont besoin de croire en leur Tribu professionnelle. Chefs d’entreprise, soyez fiers d’être Chefs de Tribu ! Cultivez l’art du ressenti, de la joie partagée, traquer les toxiques, assumez vos rêves pour les partager… N’ayez pas peur de devenir des leaders spirituels inspirants*.
Si vous ne vous en sentez pas le courage, un seul conseil, changez de métiers, vous ferez ainsi preuve de RSE !
Par Didier Pitelet, Président Fondateur de La Maison-Henoch Consulting
*« Pour un leadership spirituel assumé – éloge de l’authenticité », Eyrolles