L’emploi en alternance explose
Levier d’embauches de jeunes en CDI, le mécanisme d’emploi/formation en alternance dopé par des mesures incitatives gouvernementales est en plein essor. Il sert à colmater les problèmes de recrutement des entreprises et à financer la formation initiale des jeunes peu qualifiés, mais aussi très qualifiés à Bac+ 5 issus des grandes écoles.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Selon le dernier baromètre Adecco Analytics des offres d’emploi pour le 1er trimestre 2023, l’alternance est en hausse de 48% entre 2022 et 2023. En 2022, pas moins de 860 000 contrats en alternance ont été signés.
Le baromètre de l’alternance de BVA corrobore le fort dynamisme de ce mécanisme. Il révèle que 43% des entreprises déclarent avoir recours à l’alternance pour former de nouveaux salariés et les fidéliser à moyen terme. Plus des trois quarts des entreprises (78%) faisant appel aux contrats en alternance aujourd’hui y avaient déjà recours il y a plus de deux ans.
Il faut dire que les entreprises sont fortement incitées par le gouvernement à pratiquer ce mécanisme d’emploi/formation qui consiste à former et à recruter un jeune en alternance de sa formation ou études initiales, à un rythme de trois semaines en entreprise pour une semaine dans son établissement d’études par mois ou de trois jours en entreprise pour deux jours en études par semaine. Et cela sur des durées contractuelles de 12 mois à 24 mois ou pouvant s’étendre à la fin du cycle du cursus d’études.
38000 alternants dans les métiers des services automobiles
Le gouvernement a mis en place une série de mesures pour pousser les entreprises à pratiquer l’emploi en alternance, avec l’objectif d’atteindre un million de contrats par an d’ici 2027. En recrutant des alternants, les employeurs peuvent notamment bénéficier d’aides publiques allant jusqu’à 6 000 euros par contrat pour la première année (voir encadré).
« Ces subventions permettent de couvrir une part du coût salarial pour l’employeur, alors que les cotisations des entreprises pour la formation professionnelle reversées aux établissements dédiés financent souvent à 100% les études supérieures privées », explique Philippe Le Gall, responsable projets de l’Observatoire des métiers des services automobiles.
L’Association nationale de la formation automobile (Anfa) constate ainsi le recrutement de 1000 alternants par an pour les former aux métiers de la réparation/maintenance des véhicules, de la carrosserie /peinture et de la vente. « Parmi les 68 500 jeunes se formant à ces métiers, 38 000 titulaires de CAP, Bac Pro et BTS sont en alternance, une proportion en hausse de 78% depuis 2014 », ajoute-t-il.
50% de jeunes en alternance passe en CDI
Les entreprises peuvent également profiter d’une exonération partielle de charges patronales et salariales, soit par une réduction générale de cotisations, soit par une absence de cotisations salariales limitée à 79% du smic en vigueur.
« C’est la mesure la plus intéressante pour les entreprises, mais l’emploi en alternance contribue surtout à résoudre en partie les problèmes de recrutement depuis 2021 », souligne Jean-Pierre Galéra, directeur général adjoint de Hubside, le spécialiste des produits multimédia reconditionnés et des services dans la tech.
L’entreprise lance une campagne de recrutement de 200 alternants d’ici à janvier 2024, aux profils variés (Bac+2 et Bac+3) de responsables de magasins, vendeurs, téléconseillers, techniciens de réparation d’appareils multimédia…
« Nous avons créé deux académies de formation interne en alternance de téléconseillers et de vendeurs en magasins, des profils difficiles à recruter », indique-t-il. Un processus qui favorise le passage à l’embauche en CDI. « En moyenne 50% de nos jeunes alternants passent en CDI, avec une qualité et une performance supérieure à celle de leurs homologues recrutés directement, grâce à une meilleure intégration des savoir-faire », révèle le dirigeant.
Des jeunes ingénieurs ou des cursus de niveau Bac+5 en alternance
L’alternance touche aussi des profils très qualifiés de jeunes ingénieurs ou de niveau Bac+4/Bac+5. Paritel, opérateur télécom pour les entreprises, en a fait une politique RH déterminée.
« Les ingénieurs IT représentent 60% de nos alternants et les techniciens réseaux 40%. Au total, 60% d’entre eux transforment leur formation en CDI », expose Romain Tanguy, directeur du développement RH de Paritel. La PME recherche 28 alternants pour les métiers de l’ingénierie, l’informatique, les achats ou encore le marketing et la finance.
Pour les écoles privées, l’alternance peut garantir un haut niveau d’employabilité des étudiants à la sortie et une belle réputation. « Elle permet de mener nos étudiants à 100% d’employabilité et représente un mécanisme qui garantit une sécurité de financement des études qui peut par ailleurs aller jusqu’à 15 000 euros par an sur des métiers en tension », conclut Christophe Felidj, directeur général de l’école de commerce et de management PPA Business School, l’une des rares à proposer l’alternance dans toutes ses filières de la première à la dernière année d’études.
Les aides à l’embauche pour un contrat d’apprentissageTrois conditions doivent être remplies par toutes les entreprises pour bénéficier de la nouvelle aide instaurée à partir de 2023, dont le montant est égal à 6 000 euros : le contrat doit être un contrat d’apprentissage, il doit être conclu en 2023 et l’apprenti doit préparer un diplôme de niveau 7 maximum (bac +5). Pour les entreprises de moins de 250 salariés, cette aide est versée sans autre condition, et ce pendant la première année d’exécution du contrat. Les entreprises de 250 salariés ou plus peuvent quant à elles bénéficier de l’aide si elles respectent l’une des deux conditions suivantes :
|