Économiser sur les coûts énergétiques

La hausse du coût de l’énergie devient un poste de dépense de plus en plus important dans les charges d’une entreprise. Un bilan énergétique suivi des mesures appropriées permet de réaliser des économies substantielles. La fin des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité bouscule la donne.

Depuis 2002 à ce jour, les tarifs du gaz ont augmenté de 75 % et ceux de l’électricité de 40,2 %. Parmi les coûts énergétiques, la part de l’électricité est la plus importante, à 63 % du total, contre 30 % pour le gaz, et 28 % pour l’eau. Pour un responsable d’entreprise, la chasse aux gaspillages et la recherche d’efficacité énergétique deviennent une obligation. Cela passe d’abord par des changements organisationnels, des équipements plus performants, des bâtiments mieux isolés.

« Nous faisons un bilan de l’énergie consommée sur les bâtiments et les processus  industriels. Pour l’éclairage, nous recommandons une détection de présence ou de luminosité pour ne pas allumer toutes les lumières en permanence ou le remplacement des vieilles ampoules par des lampes à Led qui divisent par trois la consom­mation électrique », souligne Patrice Berruet, consultant au cabinet Euklead.

Les gisements d’économies concernent aussi les systèmes à air comprimé, très présents dans l’industrie agroalimentaire et d’autres secteurs d’activité. « Chez l’un de nos clients, le remplacement de compresseurs d’ancienne génération par des nouveaux ou la mise en place d’un échangeur, ont généré un retour sur investissement de 2 ans ½. On peut, par exemple, attendre 20  à 30 % d’économies de gaz en installant une chaudière à haut ren­dement », précise Patrice Berruet.

L’utilisation d’énergies renouvelables est aussi une piste à considérer. Pour l’électricité photovoltaïque, l’objectif est de produire en autoconsommation une part importante de l’électricité et non plus de la revendre à l’opérateur historique EDF, qui a fortement baissé les tarifs de rachat. L’énergie éolienne peut être une solution dans les régions ventées mais il ne s’agit que d’une solution d’appoint.

L’ouverture obligatoire du marché de l’énergie pousse certaines entreprises à se regrouper pour faire baisser les coûts mais surtout, négocier le contenu des contrats afin qu’ils soient mieux adaptés aux besoins des entreprises, notamment pour gérer les coûts en période de pointe. C’est le cas, par exemple, de sept sociétés papetières qui se sont associées pour présenter des demandes précises sur la fourniture de gaz. Des sociétés de courtage en énergie comme Groupe Mobility ou Pros-Energies proposent de vous guider dans la pléthore d’offres des fournisseurs de gaz ou d’électricité. L’analyse des propositions et des contrats d’énergie est en effet chronophage avec des clauses particulières telles que le choix entre un prix fixe et un prix indexé sur le marché susceptible d’augmenter brutalement, etc.

L’analyse des données massives, une piste prometteuse

La start-up Energiency s’est lancée sur le marché de l’analyse des données énergétiques avec les outils de Big Data pour fournir aux sociétés, dans le cadre d’un plan de recommandations, des informations leur permettant de gérer les tarifs spéciaux.

Arnaud Legrand, son fondateur, explique : « Nous croisons les données internes que sont les informations issues des capteurs et des compteurs d’énergie avec les données externes : météo, traitement de l’eau, de l’air, etc. Après traitement et analyse de ces données, nous proposons un plan de recommandations et des avis argumentés ».

Concrètement, le rapport délivré par Energiency permet de se situer par rapport à la concurrence ou indique, par exemple au laitier Tribalat, le nombre de kWh qu’il faut pour produire un litre de lait.

« Nos clients gagnent du temps pour renégocier leurs contrats ou mieux gérer l’effacement des heures de pointe (EJP) en électricité », précise Arnaud Legrand.

Rappelons que l’EJP permet de réduire automatiquement la consommation pour les clients qui ont souscrit à cette option, en éteignant durant quelques minutes le chauffage ou la climatisation du client. Sachant que 100 compteurs d’énergie délivrent autant d’infor­mations qu’un Airbus A 380 dans de nombreux formats de données hétérogènes (sql, xml, etc.), les outils et méthodes d’analyse issus du Big Data apportent une aide précise à condition de savoir ce que l’on cherche et comment interpréter les résultats.

Gestion, organisation des processus, appropriation des nouveaux outils, les entreprises peuvent aujourd’hui améliorer efficacement leur bilan énergétique.


La loi sur la fin des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité

Pour le gaz naturel, les offres au tarif réglementé ont commencé à disparaître depuis le 19 juin 2014. Cela concernait les très gros consommateurs raccordés au réseau de transport et les entreprises locales de distribution dont la consommation est supérieure à 100 000 MWh/an.

Le 1er janvier 2015, c’était le tour des consommateurs non résidentiels et les immeubles d’habitations consommant plus de 200 MWh/an.

Le 1er janvier 2016,  seront concernés les consommateurs non résidentiels dont la consommation est supérieure à  30 MWh, les immeubles d’habitation qui consomment plus de 150 MWh par an et les entreprises locales de distribution consommant moins de 100 000 MWh par an.

Pour les gros consommateurs d’électricité,  c’est-à-dire l’ensemble des clients ayant un contrat dont la puissance souscrite est supérieure à 36 kVA*, les tarifs jaunes et verts disparaîtront également le 31 décembre 2015.

Le choix d’une offre de marché n’est pas seulement fonction du prix. Il faut aussi observer leur évolution, le service clientèle en détail, les modes de paiement proposés, les frais en cas de résiliation.

Notez que pour le gaz, le comptage s’effectue en m3 et la facturation en kWh.

En moyenne, un mètre cube de gaz vaut à peu près 10 kilowattheures.

Le site d’information des pouvoirs publics pour les consommateurs d’électricité et de gaz naturel : www.energie-info.fr/Pro ,propose un utile comparateur pour s’orienter parmi les très nombreuses offres du marché.

* kVA : kilovoltampère

Serge Escalé

Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine

Du même auteur

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité