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Des technologies pour améliorer le confort des collaborateurs dyslexiques

Bien que le sujet soit tabou, certains collaborateurs en entreprise présentent des troubles spécifiques de la lecture, comme la dyslexie. Nombre d’entre eux ont appris à compenser leur dyslexie pour éviter toute discrimination à l’embauche ou dans le cadre de leurs missions. Il n’en reste pas moins que leur quotidien pourrait s’améliorer grâce au développement récent de dispositifs discrets et innovants, tels que des lunettes et des lampes facilitant la lecture des personnes dyslexiques. Des innovations qui suscitent un intérêt croissant, même si des interrogations persistent quant à leur efficacité scientifique sur tous les types de déficit de la lecture.

Comprendre la dyslexie

La dyslexie, ou trouble spécifique des apprentissages avec déficit de la lecture (TSApL), est un « trouble neurodéveloppemental qui se manifeste par des difficultés de lecture malgré une instruction adéquate et l’absence d’autres causes apparentes. Elle reste encore aujourd’hui complexe et multifactorielle », comme l’explique Laurence Launay, orthophoniste, dans son ouvrage : Du DSM-5 au diagnostic orthophonique : élaboration d’un arbre décisionnel (2018).

Un trouble dont l’origine ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique

La recherche explore encore aujourd’hui plusieurs origines possibles du TSApL : génétiques, cérébrales ou encore cognitives. Sur le plan génétique, plusieurs gènes candidats ont été identifiés, mais sans établir de relation simple et directe. Au niveau cérébral, une hypothèse robuste suggère une déconnexion fonctionnelle entre diverses régions du cerveau (selon Matthias Schurz et al., 2015). Au niveau du traitement cognitif, les deux principales hypothèses à l’origine du TSApL reposent sur un déficit au niveau phonologique ou un déficit au niveau visuel.

La théorie d’un déficit au niveau phonologique étant celle qui fait le plus consensus au sein de la communauté scientifique (SprengerCharolles et Colé, 2013), avec des résultats qui mettent en évidence une relation forte entre troubles phonologiques et troubles de la lecture. Sur le plan du déficit visuel, une théorie a émergé en 2017, proposée par Albert Le Floch et Guy Ropars, qui émet l’hypothèse qu’une symétrie des récepteurs dans la fovéa rétinienne pouvant être responsable de la dyslexie.

Les personnes dyslexiques, à l’inverse des normo-lecteurs, auraient deux yeux directeurs, ce qui provoquerait une superposition d’images dans leur cerveau lors de la lecture. Ce qui entraînerait chez les étudiants dyslexiques participant à l’étude la création « d’images-miroirs » pouvant entraîner des confusions de lettres. Ce manque d’asymétrie pourrait être compensé par des systèmes produisant de la lumière pulsée, tels que des lampes stroboscopiques à LED, améliorant ainsi la lecture pour les dyslexiques.

Fort de ces différentes théories, le conseil scientifique de l’Éducation nationale maintient que dans la majorité des cas, la dyslexie serait liée à un déficit phonologique. La cause de la dyslexie serait alors liée à un trouble de traitement du langage plutôt qu’à un trouble visuel. Elle souligne que seule la prise en charge en orthophonie est actuellement recommandée par la Haute Autorité de Santé. Mais elle reconnait également que, dans un moindre nombre de cas, la dyslexie pourrait être liée à un déficit du traitement visuel ou attentionnel dans le cerveau. Les associations de la FFDys, très souvent sollicitées par les familles pour avoir un avis sur l’ensemble des dispositifs stroboscopiques (lunettes ou lampes), constatent à leur niveau qu’il y a une absence de consensus pour déterminer si les bienfaits annoncés par ces technologies pour les dyslexiques sont réels.

L’utilisation de dispositifs appropriés dans certains cas

Pour ceux présentant un trouble rétinien, des dispositifs à l’instar de la lampe Lili proposée par Lili for Life peut apporter une réponse. Une enquête de satisfaction menée par OpinionWay en novembre 2023 a d’ailleurs révélé que 85% des utilisateurs recommanderaient cette lampe. Les avantages rapportés produiraient une amélioration du confort de lecture (57%), une lecture plus fluide (51%), ainsi qu’une meilleure compréhension et concentration.

La rédaction de GPO Magazine a quant à elle effectué un test de la lampe Lili de Lili for Life, avec des résultats globalement positifs en termes d’amélioration du confort visuel pour les personnes ayant des difficultés de lecture. Bien que la lampe n’ait pas « corrigé la dyslexie » lors de notre test, son activation a aidé les utilisateurs à suivre les lignes d’un texte sans avoir besoin d’utiliser leur doigt. Pour ce test, la lampe a été réglée de manière personnalisée avec l’aide de l’utilisateur et d’une orthophoniste. Nous avons observé les effets de la lampe avec et sans l’effet placebo : avec le placebo, les utilisateurs suivaient les lignes avec leur doigt ; sans le placebo, ils ont naturellement arrêté d’utiliser leur doigt pour suivre le texte. Et comme la lampe Lili se présente comme une lampe à poser sur le bureau, avec un effet de lumière pulsée invisible à l’œil nu, elle permet à son utilisateur de la disposer aisément sur son poste de travail.

Une expérience expliquée par Bertrand Descours, cofondateur de Lili for Life, qui précise que « la mission de la lampe Lili est d’améliorer le quotidien des personnes dyslexiques. Son design la rend discrète et la lampe a été conçu pour ne pas stigmatiser les personnes dyslexiques ». Une lampe disponible sur le site de la marque, chez Boulanger, la Fnac ou Darty et qui a récemment intégré le réseau Écouter Voir, qui propose de la tester avec un professionnel formé.

Une solution à envisager en milieu professionnel

Bien que les lampes et lunettes à lumière pulsée ne soient pas encore validées comme solutions aux problèmes d’apprentissage, comme le souligne le conseil scientifique de l’Éducation nationale qui en déconseille l’utilisation dans le cadre de l’éducation nationale, ces nouvelles technologies peuvent en revanche offrir des bénéfices tangibles en milieu professionnel et représenter un outil précieux pour améliorer le confort visuel des collaborateurs dyslexiques. Ces dispositifs en phase d’évaluation scientifique pourraient améliorer les conditions de travail de certains collaborateurs et ainsi contribuer à leur bien-être et à leur productivité. En reconnaissant leur potentiel pour améliorer leur confort et leur qualité de vie, ces technologies montrent déjà des promesses intéressantes.

Céline Prieur

CEO de Médias et Entreprises Depuis 2011 à la tête de Médias et Entreprises et directrice des publications GPO Magazine, GPOMag.fr, Entreprisedigitale.info et du Pôle Editorial, Céline Prieur voue une passion aux contenus éditoriaux et aux médias. Elle s’inscrit dans un processus sociétal qui consiste à créer, offrir et échanger des services de valeur. L'arrivée en force du digital a aiguisé sa curiosité, cette envie de décrypter les tendances et les modèles qui guident notre manière de penser et d'agir. Elle prend rarement la plume, préférant laisser ses équipes journalistiques décrypter les tendances pour nos dirigeants.

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