Mesurer la maturité des directions juridiques sur les sujets ESG
Le cabinet de conseil et d’audit PwC France et Maghreb et l’Association Française des Juristes d’Entreprise (AFJE) en partenariat avec Lefebvre Dalloz et l’ESSEC Business School, dévoilent les résultats de la 1ère édition du Baromètre ESG-RSE et directions juridiques 2024. L’objectif de ce baromètre est de fournir aux entreprises, et plus précisément aux directions juridiques, une cartographie évolutive des sujets ESG-RSE dans les entreprises françaises.
L’ESG, un enjeu stratégique pour les directions juridiques
Les juristes d’entreprise reconnaissent que leur maturité et celle de leur entreprise en matière d’ESG-RSE sont encore faibles et que leur contribution se limite souvent à la conformité et à la gestion des risques. Pour devenir des partenaires stratégiques dans ce domaine, les juristes doivent développer des compétences transverses et non juridiques, tout en adoptant une approche holistique et systémique pour appréhender pleinement les enjeux business, comportementaux et numériques liés à ces sujets.
Le Baromètre 2024 “ESG-RSE et Directions Juridiques” révèle ainsi que les directions juridiques ont un potentiel important à exploiter pour accompagner la transition ESG-RSE des entreprises, mais qu’elles doivent pour cela se transformer et se former en profondeur.
Faible maturité des juristes sur les sujets ESG-RSE et nécessité de faire monter en compétence l’équipe juridique
La maturité de l’équipe juridique sur les sujets ESG-RSE est globalement très faible : les juristes estiment leur niveau de maturité moyen sur l’ESG-RSE à 4,96 sur 10, loin de la moyenne psychologique de maturité située à 7 sur 10. Les juristes se positionnent globalement au même niveau de maturité que le reste de l’entreprise, même si on distingue 4 grands profils de fonctions juridiques selon la maturité ESG-RSE de l’entreprise et la maturité ESG-RSE de la direction juridique.
On remarque que ce manque de maturité est totalement indépendant du chiffre d’affaires de l’entreprise (et donc de la taille). La question se pose alors du développement des compétences de l’équipe juridique sur les sujets ESG-RSE, notamment les compétences non-juridiques. Cela passera par la formation or seule 1 entreprise sur 2 organise des formations ESG-RSE en interne.
« L’ESG-RSE représente une opportunité pour les juristes d’entreprise de se positionner comme des acteurs clés de la transformation de leur entreprise, mais aussi un défi de taille qui nécessite une adaptation rapide et profonde de leurs compétences juridiques, comportementales, business et digitales mais également de leurs outils et de leur organisation. Le baromètre ESG-RSE et Directions Juridiques a pour ambition de les accompagner dans cette démarche, en leur offrant un état des lieux et des plans d’actions concrets », déclare Jérôme Rusak, Associé au sein de PwC Legal Business Solutions.
Les juristes considèrent que leur entreprise a une faible maturité sur le sujet ESG-RSE
Le niveau de maturité des entreprises sur le sujet ESG-RSE est plutôt faible selon les juristes puisqu’ils estiment le niveau de maturité moyenne de la politique ESG-RSE de leur entreprise à 5,5 sur 10 (entreprises de tous secteurs et de toutes tailles, y compris des plus petites sans fonction RSE). Cette vision va à l’encontre des nombreuses analyses menées par ailleurs sur la montée en puissance des entreprises sur le sujet ESG-RSE. Le positionnement de la direction juridique : un désalignement avec les priorités ESG-RSE de l’entreprise.
Les directions juridiques déclarent être principalement impliquées sur les sujets de gouvernance, et ce, quel que soit le chiffre d’affaires de l’entreprise. Néanmoins, les juristes estiment que leur implication ne cessera de progresser à tous les niveaux dans le futur – Gouvernance (de 7,8 à 8,5), Environnement (5,4 à 7), Social (4,8 à 6,3) – témoignant ainsi de leur montée en puissance en termes d’implication).
Or, les directions juridiques considèrent que leurs entreprises abordent le sujet ESG d’abord par l’Environnement, puis le Social et enfin la Gouvernance. Il existe donc un premier désalignement entre la priorité ESG de l’entreprise et le niveau d’implication des juristes. En d’autres termes, le Juridique est fortement impliqué sur le sujet ESG qui est a priori le moins prioritaire pour l’entreprise, à savoir la Gouvernance.
L’organisation de la direction juridique a peu évolué avec les sujets ESG-RSE, mais des changements structurels sont attendus
A ce stade, l’ESG-RSE a globalement entrainé des modifications limitées dans les directions juridiques : pour la moitié des répondants (46 % soit 1 entreprise sur 2), l’ESG-RSE n’a entrainé aucune modification dans l’équipe juridique. Seuls 26 % ont recruté ou créé un poste. Dans le futur, 77 % des juristes pensent que la structure organisationnelle, leur mode de fonctionnement, leur gouvernance doivent évoluer avec les sujets ESG-RSE mais paradoxalement… 78 % ne pensent pas recruter de juriste spécialisé ESG-RSE dans le futur !
L’optimisation organisationnelle passera donc par l’acquisition d’outils digitaux, encore peu présents, pour la veille, l’évaluation, le reporting et la communication sur les impacts ESG-RSE de l’entreprise, afin d’obtenir une meilleure visibilité et une plus grande légitimité
« Pour devenir un acteur clé de l’ESG-RSE, nous devons élargir nos horizons en se questionnant et en déconstruisant nos certitudes, et aller sur le terrain pour comprendre les évolutions qui sont à l’œuvre : dépasser une approche juridique réductrice des enjeux ESG-RSE, pour pouvoir les accompagner, les anticiper et jouer un rôle de catalyseur », pointe Nathalie Le Villain épouse Dubois, Vice-présidente et pilote du groupe scientifique ESG-RSE de l’AFJE et directrice juridique de Fnac Darty.
« En tant que, leader de la connaissance juridique et fiscale, et partenaire de l’AFJE, il était primordial pour Lefebvre Dalloz de participer à cet effort d’acculturation avec ce Baromètre et ainsi d’accompagner les entreprises. Cela s’inscrit dans notre raison d’être : activer la connaissance, pour une société plus juste, efficace et durable », ajoute Caroline Sordet, directrice générale des maisons d’édition Lefebvre Dalloz.
Méthodologie de l’étude
Cette étude a été réalisée à partir d’un questionnaire posté sur un site sécurisé (Sphinx) et répondu selon la méthodologie CAWI (Computer Assisted Web Interface). Le lien vers le questionnaire a été adressé par l’AFJE à un échantillon de membres de tous secteurs et de toutes tailles. 121 juristes, responsables juridiques et directeurs juridiques ont répondu entre le 7 janvier 2024 et le 3 mars 2024. Les réponses aux questions ouvertes ont fait l’objet d’une recodification pour permettre un traitement statistique.