Déconnexion en entreprise : Une étude pour y voir plus clair
L’OICN – Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique, co-fondé et animé par Mailoop – lance une série d’études baptisées « Panoramas des Connaissances ». Réalisés pour l’OICN par Suzy Canivenc, Docteure en Sciences de l’information et de la communication et Directrice scientifique de Mailoop, ces travaux s’appuient sur une analyse croisée d’études scientifiques et de données collectées auprès d’une dizaine d’organisations.
Alors que c’est une obligation légale depuis 2016, seuls 36% des salariés bénéficieraient de politique de déconnexion sur leur lieu de travail. Pourtant, l’omniprésence des outils numériques ajoutée à l’intensification du télétravail ont créé 3 types de dérives : infobésité, hyperconnexion ou surconnexion. De quoi parle-t-on exactement ?
Les chiffres à retenir
Selon l’OICN :
- 44% des collaborateurs, 68% des managers, et 84% des dirigeants… ont moins de 2 semaines de congés numériques par an sans un seul envoi d’email professionnel.
- Environ 20 % des emails professionnels sont envoyés hors des horaires de travail (9h-18h), et ce chiffre grimpe à 28 % chez les dirigeants.
- Les dirigeants se connectent sur 35% de leurs soirées et 52% de leurs week-ends des dirigeants (au moins 1 email envoyé).
- 32% des managers et 66% des dirigeants se reconnectent plus de 50 soirs par an.
Des concepts à connaître
- L’infobésité ou surcharge informationnelle qui explose : elle renvoie à un volume d’informations trop important à traiter au regard des capacités cognitives d’un individu et du temps dont il dispose.
Les collaborateurs se retrouvent de plus en plus submergés par un flux incessant de messages, de notifications et de données.Le chiffre à retenir : en moyenne, un salarié reçoit 135 emails par semaine et en envoie 40, qui touchent 93 destinataires (OICN). - L’hyperconnexion, c’est-à-dire la connexion excessive aux outils numériques liée à l’attente d’un message ou au désir de répondre, est, elle aussi devenue un mode de fonctionnement. Entre emails, messageries instantanées et outils collaboratifs, chacun doit traiter de plus en plus vite les informations pour en générer de nouvelles tout aussi rapidement. Pour certains, cette hyperconnexion permet de gérer le stress, pour d’autres c’est un facteur aggravant d’anxiété et d’épuisement.
Le chiffre à retenir : près de 79% des salariés envoient des emails pendant leurs congés (OICN).
Politique de déconnexion : la bonne solution ?
Face à ces constats, de nombreuses entreprises ont réagi en mettant en place des politiques de déconnexion. Cependant, ces actions bien intentionnées ont souvent des effets mitigés. Si elles envoient un signal positif en admettant les problèmes, leur rigidité et leur éloignement des réalités du terrain limitent leur efficacité.
Par exemple, les horaires fixes ou les coupures techniques ne tiennent pas compte du cas-par-cas ou des besoins opérationnels, entraînant alors l’effet inverse : elles peuvent notamment amplifier le stress de certains collaborateurs.
Il est aujourd’hui nécessaire de repenser ces initiatives pour mieux répondre aux besoins individuels et collectifs des équipes, tout en évitant les frustrations ou surcharges inutiles.
L’importance d’une approche collective
Il est primordial d’insister sur l’efficacité d’une approche collective pour réguler les pratiques numériques en entreprise. Les comportements digitaux ne peuvent pas uniquement reposer sur des prises de conscience et initiatives individuelles mais doivent s’intégrer dans une dynamique globale.
« A l’approche des fêtes de fin d’année, ce premier Panorama des Connaissances nous semblait essentiel. En effet, c’est une période pendant laquelle l’équilibre entre vie pro et vie perso peut être difficile à maintenir. Certains salariés peuvent avoir du mal à décrocher, les dirigeants et les managers, doivent en profiter pour montrer l’exemple et initier cette dynamique d’équipe pour aborder plus sereinement 2025 », souligne Suzy Canivenc, Directrice Scientifique de Mailoop, Chercheure pour l’OICN.
Quelques leviers d’action concrets à explorer :
Co-construire des règles d’usage adaptées à chaque besoin opérationnel et chaque contexte. Prôner l’exemplarité managériale : montrer qu’il est possible de fonctionner autrement. Former aux compétences communicationnelles au sens large.