Comment mobiliser votre conseil d’administration pour s’engager sur votre trajectoire de décarbonation ?

Non seulement la nouvelle directive sur les rapports de durabilité des entreprises (ou CSRD) oblige les entreprises à être plus consciencieuses en ce qui concerne leur empreinte carbone, mais les consommateurs et les investisseurs exercent également une pression de plus en plus forte pour que les organisations se préparent à affronter l’avenir et à joindre le geste à la parole.

Des études récentes, comme celle menée par McKinsey, ont mis en évidence un « lien clair et concret » entre les déclarations RSE et les dépenses des consommateurs. De même, le Pew Research Center rapporte que « par rapport aux adultes plus âgés, la génération Z et les Millennials parlent davantage de la nécessité d’agir pour lutter contre le changement climatique ».

Ces deux points démontrent le changement de mentalité et mettent en évidence le lien entre inaction sur le CO2 et chiffre d’affaires. Il est donc de plus en plus nécessaire de prendre au sérieux la décarbonation, de fixer des objectifs scientifiques et de mettre en œuvre des stratégies de réduction de l’empreinte carbone.

Au-delà des résultats financiers, la durabilité présente d’autres avantages, notamment l’atténuation des risques et la protection de la marque contre l’attention des médias en cas d’écoblanchiment, comme on l’a vu avec les récents problèmes juridiques de KLM ou l’emballage trompeur de Coca-Cola. Cela génère aussi une plus grande satisfaction des employés et la conduite d’un changement significatif au sein de la société.

Cependant, pour mener ces changements, il faut une véritable adhésion des parties prenantes, et en premier lieu du conseil d’administration, qui doit intégrer le développement durable dans la stratégie de l’entreprise, puis cet engagement doit être suivi par tous au sein de l’organisation. Certains pensent encore qu’une entreprise « peut être soit rentable, soit durable, mais pas les deux, » comme l’a dit Debbie McCormack, global board effectiveness and sustainability lead chez Accenture.

Néanmoins, Deloitte a récemment constaté dans une étude que « 69 % des sondés ont déclaré vouloir que leur entreprise investisse dans des efforts de développement durable » et ce chiffre augmente encore dans les jeunes générations. À mesure que la mentalité des employés évolue et que les consommateurs joignent le geste à la parole lorsqu’il s’agit d’acheter des produits durables, les conseils d’administration doivent saisir l’occasion d’être des chefs de file en matière de durabilité.

Il incombe donc aux employés et aux dirigeants soucieux de l’environnement de susciter l’engagement des membres du conseil d’administration afin de donner le coup d’envoi de l’objectif « net zéro/zéro émission nette ». La tâche peut sembler ardue, mais il possible de convaincre les conseils d’administration grâce à des actions qui ont fait leurs preuves :

Démarrer la conversation

On l’a vu ces dernières années, « business as usual is no longer a viable option » et, comme cela a été démontré, 59 % des chefs d’entreprise déclarent que l’activisme des employés est le principal facteur d’augmentation de leurs efforts en matière de développement durable, ce qui indique qu’il est essentiel d’entamer ces conversations difficiles pour susciter le changement. Il convient alors de définir la stratégie actuelle de l’entreprise en matière de développement durable, les changements concrets nécessaires et les avantages qui en découlent, afin d’établir un plan clair à suivre.

Par la suite, l’intégration de ces mesures nécessaires dans les KPIs en fera une norme pour l’entreprise. Pour communiquer la nécessité de mesures durables aux dirigeants, il faut lier ces changements opérationnels à la valeur financière potentielle créée ou perdue pour mettre en évidence ce qui apportera le plus à l’entreprise ou ce sur quoi les ressources devraient plutôt être concentrées.

Nouer des alliances stratégiques

S’engager auprès des parties prenantes qui ont une influence sur les membres du conseil d’administration, comme les investisseurs, les clients historiques ou les leaders influents du secteur qui défendent le développement durable. En alignant le programme de développement durable sur les intérêts et les attentes de ces parties prenantes, vous pouvez créer une pression externe qui encourage le conseil d’administration à agir. En outre, ces alliés peuvent fournir des ressources et des informations supplémentaires qui renforcent les initiatives RSE de l’entreprise.

Éduquer, éduquer, éduquer

Les responsables RSE et les personnes concernées par le changement climatique au sein des entreprises se plaignent souvent que leurs dirigeants ne comprennent tout simplement pas la gravité de la situation dans laquelle se trouve la planète. Le premier point d’engagement est donc l’éducation. Il est important d’expliquer non seulement les risques de transition et de responsabilité associés à la nouvelle législation et les implications financières qui en découlent, mais aussi les risques physiques bien réels.

L’emplacement des usines, des entrepôts et des routes de production sera affecté par l’augmentation des températures, le risque d’inondation ou le manque d’infrastructure pour résister au changement climatique. Il s’agit là d’une menace existentielle pour les actifs, les opérations et les bénéfices éventuels de nombreuses entreprises. Compte tenu des températures prévues sur le continent européen, le plus tôt les entreprises changeront ou adopteront ces pratiques, le mieux ce sera.

Comme l’indique Forbes, « il est essentiel que les entreprises et les investisseurs prudents réfléchissent à la manière dont ils peuvent s’adapter aux effets du changement climatique et protéger leurs actifs contre les effets du climat ». Le lien évident entre le changement climatique et le risque financier suscitera l’intérêt des membres du conseil d’administration et permettra d’engager des discussions plus approfondies sur le développement durable.

Présenter des exemples de réussite

Illustrer les avantages des initiatives de développement durable par des exemples de réussite au sein du secteur ou de l’entreprise, le cas échéant. En présentant des études de cas où les pratiques durables ont permis d’améliorer la réputation de l’entreprise, l’efficacité opérationnelle ou même les performances financières, on peut démontrer de manière convaincante pourquoi il faudrait donner la priorité à ces efforts. Mettre en évidence des exemples où des concurrents ont réussi à intégrer le développement durable dans leur modèle d’entreprise peut également susciter un sentiment d’urgence et un esprit de compétition parmi les membres du conseil d’administration.

Formaliser les engagements

Une fois que le conseil d’administration a manifesté son intérêt pour les initiatives RSE, il faut s’efforcer de formaliser ces engagements au moyen de politiques et d’objectifs clairs et réalisables. Il peut s’agir de fixer des objectifs spécifiques et mesurables (comme une baisse de X % des émissions de carbone au cours d’une année donnée), d’intégrer le développement durable dans les structures de gouvernance de l’entreprise et de rendre compte publiquement des progrès accomplis. Les engagements formels responsabilisent le conseil d’administration et garantissent que le développement durable reste une priorité dans la planification stratégique à long terme.

Il est essentiel d’impliquer le conseil d’administration dans la transition vers le net-zéro, non seulement pour s’aligner sur les dernières exigences législatives et du marché, mais aussi pour garantir la viabilité à long terme de l’organisation. Grâce à l’éducation, à la communication stratégique et au leadership par l’exemple, il est possible de former des décideurs non seulement conscients de l’importance de la décarbonation, mais aussi activement engagés dans cette voie. En mettant en œuvre ces mesures, on favorise non seulement une culture de la durabilité au sein de l’entreprise, mais cela contribue également à un mouvement global plus large vers un avenir plus durable et plus résilient.

En tant que chefs d’entreprise, l’opportunité d’influencer un changement positif n’a jamais été aussi grande, et il nous incombe de saisir ce moment pour mener nos entreprises de manière responsable et durable vers l’avenir.

Par Lubomila Jordanova, CEO, Plan A

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