David Merle, un dirigeant au goût prononcé pour le Challenge

Après une formation à l’École Nationale des Ponts et Chaussées (Ingénieur des Ponts et Chaussée) et à l’INSEAD, David Merle commence par être patron de plateforme de forage en mer chez TOTAL. Il complète son cursus par une approche plus globaliste, en gestion et management, et valide le MBA le plus réputé à Harvard Business School. Il devient ensuite PDG de plusieurs groupes industriels dans le secteur des services pétroliers. Il a envie de passer côté investisseur et finit par diriger un groupe de Private Equity dans l’énergie.
Dernier grand tournant en 2019, où passé du côté du capital risque de start-ups, il rencontre son associé, partenaire et ami, Jean Moueix, PDG du groupe Videlot, propriétaire entre autres du prestigieux vin Petrus. De cette rencontre naîtra un projet porté par des valeurs communes : Bonneval, première eau minérale de la Tarentaise, basée à Séez. En mars 2020, il devient CEO de l’entreprise savoyarde Bonneval Waters. Jamais exploitée jusqu’en 2021, l’eau de Bonneval est aujourd’hui ancrée dans son territoire. Et représentée par David Merle et son associé, Jean Moueix, des passeurs d’eau, comme ils aiment se définir, dignes de ce nom.
GPO Magazine : Pouvez-vous faire une présentation de BONNEVAL ?
David Merle : Connue depuis l’Antiquité, l’eau millénaire Bonneval, jaillit au lieu-dit Bonneval à Bourg-Saint-Maurice en Haute-Tarentaise. Cette eau n’avait jamais été commercialisée. Nous avons démarré avec mon associé Jean Moueix, en 2021, en créant l’entreprise Bonneval Waters avec dans un premier temps la marque d’eau minérale Bonneval, disponible en CHR et en grande distribution en version plate et pétillante sous plusieurs formats : verre, plastique recyclée, cube, puis enfin plus récemment aluminium.
Il s’agit d’une marque savoyarde premium, qui se veut représentante d’une région, avec une eau exceptionnelle, qui passe jusqu’à dix mille années dans la roche, avant de ressortir sans avoir vu l’influence de l’homme. C’est une eau minérale car elle est chargée des minéraux de la montagne qu’elle traverse. Elle provient d’une source artésienne de surface et notre projet commun a toujours été de protéger cette eau qui est un cadeau de la nature. Nous voulons tendre autant que possible vers l’écoresponsabilité et avoir l’impact environnemental le plus faible possible, tout en préservant la ressource.
Nous avons également dans notre portefeuille une deuxième eau, ROCHE CLAIRE, bonne pour les nourrissons. Il s’agit d’une eau faiblement minéralisée de grande qualité. Enfin, nous avons créé une eau aromatisée pétillante : JOSEPHINE, sans sucre ajouté, avec zéro calorie (avec trois saveurs : citron et rose, myrtille et tilleul, mirabelle et cannelle). Cette eau s’adresse à une population qui recherche une alternative saine et non sucrée aux boissons existantes sur le marché comme la plupart des eaux aromatisées, les sodas ou les jus.
Par ailleurs, nous avons aussi lancé MERCI WALTER qui fait de la livraison directe de cubes (5 et 10 litres) d’eaux de ROCHE CLAIRE et BONNEVAL, de jus de fruits et de produits d’entretien. Nous sommes très fiers de ce produit qui permet de réduire drastiquement la consommation de plastique et d’être entièrement recyclable.
GPO Magazine : Quels sont les engagements de BONNEVAL en tant qu’entreprise à mission ?
David Merle : Nous avons deux engagements forts, à la fois sociétaux et environnementaux, tout en nous préoccupant de la santé économique de l’entreprise. Au niveau de l’environnement, nous prélevons moins de 20% de la capacité de la ressource : l’eau non récupérée poursuit ainsi son voyage dans les nappes phréatiques. Pour des raisons environnementales, le site d’embouteillage est situé à 4 kilomètres à peine du point de jaillissement.
Nous proposons des conditionnements en plastique entièrement recyclés (RPET) après avoir fait du carton. Nous faisons le choix d’éviter les marchés où nous ne pouvons pas nous assurer de la recyclabilité de nos produits.
Nous avons également des engagements territoriaux et à cet effet, nous avons créé un fonds de dotation qui permet de soutenir des associations locales qui mettent en exergue la découverte de la nature. Notre eau est exceptionnelle et lorsque le consommateur choisit cette eau, il prend conscience non seulement des bienfaits de la nature mais également du fait qu’il s’agit d’une ressource d’une grande valeur, au cœur d’un espace naturel fragile à préserver.
GPO Magazine : À la suite de l’étude américaine du 9 janvier 2024 sur les nanoparticules, est-ce qu’il faut supprimer le plastique des bouteilles ?
David Merle : Nous avons fait des analyses de cycle de vie concernant le plastique comme premier contenant, notamment le RPET (polymère). Nous avons pu voir que le RPET se recyclait très bien et quasiment à l’infini. Et nous ne voyons aucune dégradation au niveau du PET (polytéréphtalate d’éthylène). Or, pour la majorité des consommateurs, le plastique des bouteilles est la représentation diabolisée du plastique.
Les microplastiques dont on parle actuellement proviennent en majorité des textiles et des pneus. Le polyester des vêtements est retrouvé à chaque lavage. Des millions de particules ressortent, se retrouvent dans les nappes phréatiques, dans les eaux de ruissellement et participent au cycle de l’eau. Des microplastiques : il y en a donc partout qui proviennent essentiellement de l’industrie du textile.
Une étude française récente du CNRS (janvier 2025) montre que l’on retrouve des microplastiques dans les bouteilles en plastique, mais seulement 2% des microplastiques proviennent des PET. En revanche, il y a des microplastiques qui proviennent non pas du contenant mais du contenu (l’eau) : en effet, l’origine de l’eau contient des microplastiques car cela fait des années que nos activités industrielles polluent. Ce n’est pas le cas de nos eaux, qui grâce à la localisation de nos sources sont extrêmement protégées de toute activité humaine.
Et d’ailleurs, ces chercheurs du CNRS ont trouvé des microplastiques supérieurs à la majorité des eaux en bouteille dans l’eau du robinet.
GPO Magazine : Comment parvient-on à concilier développement économique et réduction de l’impact écologique de l’Homme sur la société et la planète ?
David Merle : Je pense que les eaux minérales sont un cadeau de la nature en ce sens qu’elles sont plus protégées, plus pures. Mais il existe plusieurs façons d’envisager un tel cadeau : on peut aller très loin dans le forage des nappes phréatiques ou comme nous, refuser de pomper trop fort. Nous avons fait le choix de ne prendre que des sources artésiennes de surface afin de protéger l’environnement. Mais ce choix n’est pas inconciliable avec le fait de maintenir une activité économique forte.
Nous sommes droits dans nos bottes avec mon associé et mes collaborateurs car nous avons une activité industrielle avec une valeur (nous avons un produit unique). Et à ce titre, cela justifie notre existence.
GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de BONNEVAL ?
David Merle : Quelque part, notre marque Bonneval existera toujours et ne nous appartient plus. Je vois l’avenir de BONNEVAL dans un cycle de croissance, malgré le dérèglement climatique qui me fait de la peine, mais n’a pas d’impact sur le débit de nos eaux.
Il y aura toujours un besoin de produit pur sur la planète : l’avenir de BONNEVAL est donc tout tracé, que cela soit avec ou sans nous.
Chiffres clés de BONNEVAL
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