Quels leviers de croissance pour les entreprises ?
Dans l’environnement économique actuel incertain et atone, les dirigeants ne doivent pas répondre aux sirènes de l’attentisme, mais optimiser la rentabilité et l’efficacité de leur entreprise recentrée sur son cœur de métier et investir dans les technologies de demain pour passer cette mauvaise période.
« Dans mon entreprise, j’ai suspendu les investissements et les embauches parce qu’on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé », déclarait le 10 septembre dernier, sur RTL, Patrick Martin, le président du Medef, qui a appelé le premier ministre Michel Barnier à « rétablir la confiance des chefs d’entreprise » et à « prolonger la politique pro-entreprise menée ces dernières années ». La déclaration du « Patron des patrons » par ailleurs à la tête du groupe Martin Belaysoud, spécialisé dans la distribution de produits et services pour le Bâtiment et l’Industrie, est emblématique de la situation actuelle qui plonge les entreprises dans l’attentisme face à un contexte économique incertain et dégradé.
Se recentrer sur son cœur de métier et optimiser sa rentabilité
Faut-il pour autant que les dirigeants figent leurs projets et leurs objectifs en attendant des jours meilleurs ? « L’attentisme est la pire solution pour les chefs d’entreprise qui doivent rester en mouvement. Dans un tel contexte, le mieux est de recentrer son entreprise sur ses fondamentaux et sur sa rentabilité en travaillant ses marges brutes pour être sûr de surmonter cette mauvaise passe », indique Isabelle Saladin, présidente de I&S Advisor, premier réseau d’operating partners, des entrepreneurs qui aident les start-up, PME et ETI à atteindre leurs objectifs de croissance.
Une stratégie corroborée par un récent sondage, du cabinet conseil Monitor Deloitte, mené auprès de 128 directeurs stratégie ou directeurs de la transformation d’ETI. « 91% des cadres interrogés misent sur le recentrage de leur entreprise sur leur cœur de métier avec le souci de stabiliser leur rentabilité », résume Samuel Galbois, associé à Monitor Deloitte, en charge de Private Equity.
Faire passer auprès de ses clients ses hausses de prix
Dans cette stratégie, les entreprises ne doivent donc pas forcément réduire leurs coûts, mais plutôt revoir le prix de leur offre à la hausse et travailler leur proposition de valeur. « Maintenir une relation étroite avec ses clients est fondamental pour faire passer ses hausses de tarif et jouer franc-jeu avec un discours de vérité pour les expliquer à des interlocuteurs qui ont les même problèmes », souligne Isabelle Saladin.
Cette approche pragmatique doit être renforcée par la lutte en interne contre le manque d’efficacité en y impliquant ses équipes et ses actionnaires. « Il faut identifier les problèmes et mener des actions en conséquence. Mais aussi appliquer un plan d’action stratégique de bon sens pour atteindre son objectif de marge ou d’engagement sur le résultat. Ce qui permet de travailler sur les leviers de développement ou de croissance pérenne au-delà de cette mauvaise période et de son marché naturel », conseille Isabelle Saladin.
Investir dans les technologies ou dans les secteurs porteurs de demain
Les dirigeants doivent donc ne pas suspendre leurs investissements ou pour le moins les arbitrer en fonction de leur trésorerie (une réalité différente pour chacune d’elles), mais réfléchir au contraire aux sources de revenu futures sur des secteurs porteurs comme l’Intelligence artificielle (IA), la Cleantech ou encore l’industrie 5.0. Une stratégie manifestement adoptée par les ETI. « Les personnes interrogées par notre enquête comptent investir notamment dans l’IA pour accroître leur efficacité et leur productivité, et développer également les partenariats pour étendre leur écosystème autour de leur cœur de métier », illustre Samuel Galbois.
Les entreprises peuvent néanmoins se heurter à certaines difficultés ou contraintes dans leur stratégie d’investissement. C’est le cas dans l’IA où le marché du travail est très tendu et où elles peinent à trouver des compétences et des talents. « Les difficultés d’embauche de compétences qui sont encore rares dans le domaine pour développer des cas d’usage au sein de l’entreprise et permettre ainsi aux équipes de s’approprier cette nouvelle technologie, jettent une incertitude supplémentaire, alors que cette phase de recrutement est un prérequis à un déploiement massif de l’IA », prévient Samuel Galbois.
Savoir bien s’entourer d’autant plus en période de crise
En attendant, l’essentiel est aussi et surtout de savoir bien s’entourer. « Les chefs d‘entreprise doivent s’attacher les services ou les conseils de personnes extérieures et neutres. C’est d’autant plus primordial en période de crise », conclut Isabelle Saladin.