Comment la politique RSE accroît-elle la compétitivité ?

Une forte stratégie RSE (responsabilité sociétale des entreprises) permet de gagner en compétitivité et en performance, en facilitant l’accès aux marchés nationaux et internationaux, en réduisant les coûts de gestion de matériaux polluants et en fidélisant les talents pour limiter les coûts de recrutement et accroître la qualité de travail des collaborateurs.

Existe-t-il un lien direct entre politique RSE et compétitivité et/ou performance de l’entreprise ? À en croire certaines entreprises, on serait fermement tenté de le croire. « Piloter sa stratégie RSE fait gagner en compétitivité pour plusieurs raisons, à condition de s’interroger d’abord sur l’impact des changements climatiques et sociaux sur l’activité de l’entreprise », prévient Thomas Guyot, Chief Strategy Officer (CSO) de Tennaxia, éditeur de logiciels de développement durable.

L’importance des critères RSE dans les appels d’offres

La RSE est notamment amenée à jouer un rôle majeur dans l’accès des entreprises à certains marchés. L’importance croissante des critères RSE ou ESG dans les appels d’offres publics et privés est susceptible de donner un avantage concurrentiel aux postulants vertueux.

« La RSE rassure les clients dans les appels d’offres publics, elle favorise la contractualisation », justifie Caroline Boisramé, responsable qualité chez NetExplorer, éditeur de solutions de partage et de stockage de fichiers en ligne, qui a notamment adopté une politique de frugalité et d’économie circulaire de son matériel informatique.

« Les entreprises qui répondent aux appels d’offres sans avoir adopté une politique RSE partent déjà avec un handicap vis-à-vis des autres qui font un effort dans le domaine. Par exemple, pour le réseau de transport en commun de Lyon, l’aspect environnemental représente 50 % de la note dans ses appels d’offres pour acquérir un opérateur », confirme à son tour Thomas Guyot.

Le Reporting extra-financier facilite l’accès aux marchés internationaux

Les fonds d’investissement qui entrent dans le capital des entreprises ou les rachètent sont également très regardants sur la politique RSE des entreprises ciblées. Conscients du durcissement de la réglementation environnementale, ils considèrent que les problématiques écologiques vont s’aggraver et demandent aux entreprises qu’ils détiennent ou qu’ils ciblent d’anticiper leur transition.

« La réglementation internationale, notamment sur le reporting extra-financier des entreprises, sert aussi d’aiguillon pour favoriser l’accès à certains marchés, même si la directive européenne CSRD est reportée de deux ans », estime Thomas Guyot. La Chine va notamment mettre progressivement en place d’ici à 2030, le China Sustainability Disclosure Standards (CSDS), l’équivalent de la CSRD pour les entreprises étrangères, dont l’entrée en vigueur démarrera en 2026. « Les grandes entreprises françaises qui font du business en Chine seront soumises dès l’an prochain au CSDS. Le marché sera réduit pour celles qui n’ont pas de reporting extra-financier », illustre Thomas Guyot.

Enfin, la production de déchets ou de matériaux polluants restent des postes de coûts pour les entreprises. «Si on les réduit en adoptant une économie circulaire, on réduit les coûts de la gestion des déchets pour en dégager de la trésorerie. Maîtriser la comptabilité de ces process peut donner davantage de compétitivité à l’entreprise », affirme-t-il.

Une forte politique sociale peut apporter un gain de compétitivité

L’aspect social d’une stratégie RSE peut également impacter la performance de l’entreprise. C’est le cas de la société de centre d’appels Wisecom. « Nous nous sommes créés sur un modèle atypique en nous appuyant sur deux leviers, une politique RSE avec un accompagnement social renforcé de nos collaborateurs, et l’innovation dans l’IA », expose Paola Fabiani, fondatrice de Wisecom.

Dans un secteur d’activité où le turn-over des salariés est important, attirer et fidéliser les talents sur les quatre grands métiers des centres d’appels (service client, prospection BtoB, transformation de lead et gestion de crise), contribue à réduire la facture élevée de recrutements récurrents et à accroître la montée en compétences des salariés et donc la qualité de travail.

« Tout l’enjeu est de fidéliser nos collaborateurs, une démarche qui passe par la RSE et qui nous apporte un gain de compétitivité et de performance. Car nous obtenons seulement 7% de turn-over quand le marché en affiche en moyenne 20 % », indique Paola Fabiani. Pour cela, Wisecom joue notamment sur la diversité et l’inclusion de son personnel. L’entreprise recrute des seniors, des jeunes mères et des personnes à mobilité réduite, et a mis en place dans le cadre de sa politique RSE un équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Surtout, Wisecom soigne particulièrement son accompagnement social des salariés par des mesures inédites.

« Nous nous portons caution pour leur logement et nous proposons même un prêt à taux zéro pour les accompagner lors de leur emménagement, nous contribuons financièrement aux places en crèches pour les enfants, et nous avons surtout contracté la première assurance inclusive dédiée aux plus bas salaires qui couvre les risques de la vie non pris en compte par les assurances traditionnelles », relève-t-elle. Et grâce à une forte politique interne de promotion du personnel, 90 % de ses managers aujourd’hui ont commencé dans l’entreprise au plus bas échelon !

La transition écologique, facteur d’avantage concurrentiel

Wisecom est également très actif sur le front de l’environnement. L’entreprise est signataire de la charte des achats responsables et est devenue Coq vert, un réseau d’entreprises engagées dans la transition écologique sous l’égide de l’Ademe et de Bpifrance. « Nous sensibilisons nos clients sur leurs objectifs de transition écologique, notamment sur l’empreinte carbone de la Data, une démarche qui nous donne un avantage concurrentiel », précise Paola Fabiani.

Mais pour être performante, Wisecom mise aussi sur l’innovation dans l’IA. « On a créé un Lab Innovation où on source les technologies d’intelligence artificielle. Car en automatisant les réponses aux questions des clients, l’IA permet de monter en gamme dans nos métiers, et à nos téléconseillers de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée », ajoute-t-elle.

L’utilisation d’assistant alimenté par l’IA accroît ainsi la pertinence des métiers et la performance des collaborateurs et donc de l’entreprise.

 

 

 

 

Bruno Mouly

Journaliste économique, avec près de 20 ans d'expérience en journalisme économique et en communication d'entreprise. Spécialisé en numérique, achats logistiques et mobilité. Il collabore également avec les Échos et le JDD.

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