Comment la blockchain révolutionnera l’entreprise

La blockchain est déjà une révolution technologique. Demain, les usages qui y seront associés vont bouleverser le quotidien des entreprises. Toutefois entre les promesses de cette technologie qui a, par exemple, donné naissance au bitcoin, la fameuse crypto-monnaie, et les contours encore flous de son utilisation, il n’est pas simple de se faire son opinion. Tour d’horizon avec des spécialistes qui se penchent déjà sur cette nouvelle technologie.

Actuellement les systèmes informatiques fonctionnent sous un mode centralisateur. Les données affluent de partout, mais elles finissent toujours par être centralisées sur les serveurs de l’opérateur ou de l’entreprise. La blockchain fonctionne à l’inverse, dans un système décentralisé où les informations sont réparties sur l’ensemble des ordinateurs des utilisateurs en peer-to-peer. En même temps, la technologie est très sûre puisque les informations, par exemple des transactions, ont la forme de blocs (block) enchaînés (chain) les uns aux autres. Il est possible d’ajouter des nouvelles informations, sous la forme d’un nouveau bloc s’ajoutant aux autres, mais il est impossible d’en modifier l’ordre ou de supprimer un bloc précédent. Ainsi, une blockchain est en quelque sorte un registre sur lequel sont consignées toutes les informations relatives à une transaction, un objet, ou une monnaie virtuelle comme le bitcoin. En résumé, une blockchain permet de constituer une base de données contenant l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création.

« La blockchain est une technologie qui va changer notre mode de travail », souligne Benjamin Faraggi, fondateur de Wcom et éditeur de logiciels blockchain. « Si les entreprises vont forcément s’y intéresser, c’est parce que la blockchain possède plusieurs avantages dont celui de diminuer les coûts de traitement, de faciliter la gestion de la preuve ou encore celui de réduire les dépenses liées à la sécurisation de l’information », poursuit-il. « Avec la blockchain, les informations, une fois enregistrées, ne peuvent plus être modifiées, et ça peut avoir un intérêt pour la traçabilité des produits et la lutte contre la contrefaçon », indique Benjamin Faraggi.

Déjà des applications

« L’arrivée de la blockchain aujourd’hui est comparable à celle du web dans les années 90, dont on n’avait pas imaginé tout de suite l’énorme potentiel. Actuellement, la limite vient surtout de la capacité des entreprises à en imaginer les usages », estime Sanjay Zinnoury, spécialiste des solutions innovantes chez Insight, fournisseur IT en matériel, logiciels, solutions cloud et services IT pour les entreprises et le secteur public. Il est vrai qu’il n’est pas évident au départ de bâtir un business model autour d’une technologie blockchain. « Si elle permet juste de supprimer l’intermédiaire rémunéré pour son intervention entre un utilisateur et un prestataire, c’est juste une preuve technique mais il n’y a pas de viabilité économique derrière », précise-t-il. En revanche, il y a déjà une viabilité économique au sein de l’entreprise, par exemple dans le cadre du « zéro papier ». «La technologie blockchain peut rendre plus simples et plus rapides des process de validation ou encore la gestion des litiges par exemple », précise immediate coraldex. Le secteur financier est en avance, et utilise déjà la technologie blockchain dans le cadre d’échanges interbancaires ou encore des solutions de micropaiements.

Un cadre légal absent

Toutefois, cette technologie disruptive ne bénéficie pas encore d’un cadre légal clairement défini. En fait, ce sont tous les utilisateurs qui valident en l’utilisant, donc en l’acceptant, le fonctionnement d’une blockchain. Par exemple, tous les utilisateurs de bitcoins acceptent librement d’accorder une valeur donnée à cette monnaie virtuelle.

Une autre question qui peut se poser est celle de l’émetteur, surtout en l’absence d’un cadre légal. « En soi, la blockchain garantit l’intégrité d’une action du début de sa chaîne à la fin, mais il est indispensable que l’identité initiale de la personne qui émet le document ou la transaction puisse être validée », précise Coralie Héritier, directrice générale d’IDnomic, éditeur français de logiciels et services de confiance proposant des solutions de sécurisation des identités numériques. « Cette technologie introduit une nouvelle manière de gérer la preuve mais pour autant la preuve doit continuer d’être établie par un tiers de confiance », explique-t-elle. D’ailleurs la FNTC (Fédération des Tiers de Confiance du numérique) travaille sur le sujet du développement de la blockchain. « Tous les problèmes de sécurité doivent être traités en amont, et l’usage du certificat électronique peut permettre d’identifier et d’authentifier l’émetteur d’une blockchain », conclut Coralie Héritier. Comme toute technologie disruptive, la blockchain est en avance sur le cadre légal, réglementaire, mais aussi sur les utilisations qui restent encore, pour beaucoup d’entre elles, à trouver.

Quelques champs d’application

Dans son livre « Blockchain, la révolution de la confiance », paru aux Éditions Eyrolles en février 2017, Laurent Leloup liste plusieurs domaines où la technologie blockchain commence à être utilisée ou pourrait l’être prochainement. Ces domaines sont principalement ceux de la finance (paiements instantanés), l’assurance (micro-contrats, micro-paiements, gestion des contrats), l’État (cadastre, impôts, votes, etc.), e-commerce (paiement en ligne, plates-formes disruptives), Internet des objets, industrie (gestion des objets connectés, authentification, etc.), identité digitale, logistique (gestion des processus et des contrats), alimentation (traçabilité), propriété intellectuelle des contenus (articles, photos, etc.), authentification d’objets de valeur, enseignement (délivrance de diplômes), santé (traçabilité des médicaments, données des patients, etc.), covoiturage décentralisé, etc.

www.blockchaindailynews.com
 

Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.

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