Comment calculer la valeur de votre entreprise ?

L’évaluation d’une entreprise est une étape fondamentale avant la conclusion de la vente. Quelles sont les méthodes d’évaluation ? En quoi le prix de cession peut-il être différent de sa valeur ? Telles sont les questions que nous avons posées à Mathieu Amice, associé-gérant du Cabinet Actheos, expert-comptable, commissaire aux comptes, expert de justice, membre de la commission « évaluation » à la CNCC* et professeur associé à l’Université de Rouen.
Quelles sont les méthodes d’évaluation ?
« Au préalable, il convient d’indiquer qu’il existe une différence entre la valeur de l’entreprise, donnée subjective qui constitue l’espace de négociation pour les pourparlers entre un cédant et un éventuel repreneur et le prix, donnée objective, qui est la conséquence matérielle de cette même négociation. Par opposition à la notion de valeur, le prix n’est jamais une qualité intrinsèque d’un objet économique. En effet, le prix résulte d’une transaction et ne peut donc exister que par cette transaction. Il dépend ainsi de toutes les circonstances qui entourent l’opération de cession de titres ainsi que des caractéristiques de chacun des participants à cette opération », indique Mathieu Amice.
Il existe plusieurs méthodes afin de déterminer la valeur d’une entreprise qui se répartissent schématiquement en trois catégories.
« Tout d’abord, des méthodes analogiques, qui consistent à appliquer aux agrégats de l’entité à évaluer (l’EBE, la marge brute, etc…) les multiples implicites issues soit des cours de bourse soit des transactions de sociétés non cotées réputées comparables. Cette méthode, très largement utilisée en matière immobilière, implique d’avoir accès à des bases de données qui recensent les prix des transactions récentes. Ces données sont rares en matière de cession de titres et, le plus souvent, ne sont accessibles que par le biais de bases de données payantes et dont l’accès est limité à des professionnels expérimentés. L’autre difficulté pratique de ces méthodes analogiques est de définir un échantillonnage de sociétés réellement comparables entre elles.
Ensuite, des méthodes intrinsèques qui consistent à calculer des flux de trésorerie prévisionnels qui sont actualisés par le moyen d’un taux d’actualisation (le plus souvent le coût moyen pondéré du capital) qui mesure les risques inhérents aux entreprises évaluées. Ces méthodes impliquent de savoir modéliser avec précision la stratégie de l’entreprise tout en intégrant des hypothèses réalistes et vraisemblables au regard des perspectives économiques du secteur concerné. Enfin, des méthodes empiriques issues d’usages professionnels faisant consensus », explique Mathieu Amice.
En quoi le prix de cession peut-il être différent de sa valeur ?
Les méthodes d’évaluation permettent au repreneur d’objectiver et de justifier le prix proposé, parfois très différent du prix attendu par le cédant. Car la valorisation d’une entreprise n’est pas une science exacte. « Le prix de cession d’une entreprise peut être très différent de sa valeur. Il suit les lois de l’offre et de la demande car le vendeur peut très bien ne pas être motivé à céder ses titres rapidement. Mais le prix va également dépendre du contexte : nouveaux marchés, opportunités d’investissements… Et également de la capacité contributive de l’acheteur, notamment si ce dernier est solvable. Dans ce dernier cas, le prix a tendance à grimper », conclut Mathieu Amice.