Christian Aubertin : un entrepreneur en mouvement
En quelques années, le monde du tourisme a été profondément bouleversé par le numérique et l’économie collaborative. Certains acteurs traditionnels ont alors fait le choix de s’adapter à cette nouvelle donne et de se réinventer. C’est ainsi que Christian Aubertin, Gérant du Groupe TNP, a pris le parti de développer bien en amont son groupe sur le web, tout en investissant sur les réseaux sociaux et en construisant des séjours à la carte en ligne, afin de répondre au développement exponentiel du numérique. Explications avec un entrepreneur qui n’a de cesse d’aller de l’avant…
GPO Magazine : Pouvez-vous nous présenter les activités de votre groupe hôtelier et de votre agence de voyages ?
Christian Aubertin : Crée en 2003, le groupe TNP (Tourisme Nature et Patrimoine) est aujourd’hui composé de trois hôtels : le Moulin du Landion Hotel & Spa, le Domaine de la Forêt d’Orient Natur’Hotel Golf & Spa et le Dormeur du Val. L’agence de voyage réceptive TNP a été, quant à elle, créée simultanément à la création du groupe, initialement pour développer la commercialisation de nos hôtels atypiques (un ancien moulin à eau, un site en pleine nature…). Un développement qui s’est opérée d’une part sur le web, notamment par la commercialisation de courts séjours touristiques thématiques autour du bien-être, de l’œnotourisme, du Golf, de la nature…, et d’autre part, par l’organisation et la commercialisation de séminaires d’entreprises.
Depuis 2014, l’agence de voyage investit dans des travaux de R&D, pour pouvoir élaborer une nouvelle politique commerciale, destinée à assurer la pérennité et le développement de notre PME, dans un contexte économique difficile et un métier en pleine mutation.
GPO Magazine : Quelles sont justement les solutions que vous avez développées afin d’affronter l’avenir ?
Christian Aubertin : Suite à la profonde transformation de notre marché, les acteurs traditionnels du tourisme comme les tours opérateurs, les agences de voyages ou les chaînes hôtelières ont été déstabilisés par de « nouveaux entrants » comme booking.com, Expédia, les coffrets cadeaux et Airbnb. Pour les hôteliers, cela représente à la fois une opportunité avec l’arrivée de nouveaux segments de marché, mais aussi un risque du fait de l’augmentation importante des commissions sur les ventes et de la diminution de la fréquentation liée à l’économie collaborative. Par ailleurs, le développement « exponentiel » de l’économie numérique a multiplié les acteurs présents désormais sur le web. Dans ce contexte, alors même que nous avions déjà jusqu’en 2014 développé notre présence sur internet en multipliant nos sites web à la fois de vente en ligne et de communication de type « blog », et « investit » les réseaux sociaux, comme Facebook ou Twitter, nous devions désormais diversifier nos canaux de distribution et promouvoir la relation directe avec la clientèle. C’est la raison pour laquelle l’agence a récemment élargi son segment de marché en proposant de prendre en charge des évènements d’entreprises en dehors de nos hôtels, comme l’organisation de congrès à Troyes. Nous proposons également à notre clientèle de construire en ligne des séjours « à la carte », composés d’hébergements mais aussi d’activités proposées par d’autres partenaires (visites de caves, de musées, randonnées…). Cette démarche sur le web s’appuie techniquement sur un fonctionnement de type « place de marché », mais surtout sur une synergie territoriale entre les institutionnels du tourisme (Comité départemental du tourisme, Offices du tourisme…) et les professionnels du tourisme.
GPO Magazine : Comment voyez-vous votre groupe dans les prochaines années ?
Christian Aubertin : Nous avons pris la décision de quitter la Chaîne hôtelière volontaire à laquelle adhérait notamment le Domaine de la Forêt d’Orient. La standardisation, « l’empilement des normes », la centralisation des décisions, sans parler de l’augmentation des coûts ne nous paraissaient plus compatibles avec notre nouvelle orientation, qui était de proposer un tourisme authentique. Les premiers éléments en retour de cette nouvelle démarche peuvent laisser penser que le développement du tourisme à moyen terme peut se « réancrer » sur une synergie territoriale, faite d’une plus grande collaboration entre le secteur public et le secteur privé, et une coopération étroite entre les différents acteurs (hébergeurs, activités autour du patrimoine, de la culture, de la nature…). Dans ce contexte, l’hôtelier ne serait plus simplement un hébergeur, mais aussi un « médiateur » permettant à ses hôtes de profiter au maximum de diverses prestations. Quant à l’agence de voyage, ce serait essentiellement un organisateur de la mise en relation et le garant de la qualité tant pour les clients que pour les prestataires.
GPO Magazine : Quels sont donc, selon vous, les atouts d’un entrepreneur visionnaire ?
Christian Aubertin : Une vision est nécessaire pour donner du sens à l’action collective, que cela soit au niveau de l’entreprise et/ou dans la recherche de collaboration avec des partenaires. Par ailleurs, si l’on partage le point de vue que nous sommes dans une période de disruption où les paradigmes qui ont conditionné l’évolution économique et sociale depuis la fin de la 2ème guerre mondiale sont en déclins, voire inappropriés aujourd’hui, il faut bien tenter d’en construire d’autres par une démarche d’innovation pour assurer le développement de nos entreprises. À mon sens, c’est précisément le rôle de l’entrepreneur.