Ces jeunes professionnels qui ne veulent pas être managers
Alors qu’une précédente enquête du cabinet Robert Walters présentait la tendance des Accidental Managers, cette nouvelle étude met en lumière un nouveau phénomène : le « conscious unbossing », ces jeunes professionnels ne souhaitent pas devenir manager. Valérie Pinardon, Senior Manager au sein du cabinet, revient sur les résultats de cette enquête et livre son analyse.
Seuls 2 jeunes professionnels sur 10 envisagent de devenir manager
Si les perspectives d’évolution sont essentielles pour attirer et conserver les talents, le passage en tant que manager divise. En effet, 52% des jeunes professionnels interrogés dans le cadre de cette enquête estiment que le statut manager est essentiel pour évoluer professionnellement.
« Les professionnels n’ont pas conscience de l’ensemble des évolutions possibles qui s’offrent à eux en entreprise. A envisager le statut de manager comme un passage obligé, ils se privent à la fois d’autres opportunités d’évolution, transverses par exemple, et se retrouvent à un poste pour lequel ils n’ont pas forcément d’affinités, voire de compétences, alerte Valérie Pinardon. Un risque à la fois pour eux de désengagement, mais aussi pour les équipes encadrées et l’organisation au global ».
Toutefois, s’ils envisagent de devenir managers pour évoluer, seuls 23% des jeunes professionnels interrogés déclarent vouloir accéder à ce poste pour la prochaine étape de leur carrière. Avant cela, 44% d’entre eux souhaitent changer d’entreprise, 20% déclarent vouloir créer leur propre structure, et 13% préfèrent rester à leur poste actuel.
Manager : un poste devenu trop complexe ?
Le poste de manager a lui aussi été impacté par la transformation des métiers au cours de ces dernières années. Et depuis le Covid plus particulièrement, ce poste intègre désormais les aspects de santé mentale, de bien-être au travail et d’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Ainsi, 75% des jeunes professionnels estiment que le rôle de manager s’est complexifié au cours de ces dernières années.
Si 42% des jeunes professionnels déclaraient se sentir moins engagés, on note également cette année un fort épuisement mental de cette population, expliquant ainsi qu’ils n’aient pas envie de s’engager dans la voie managériale, synonyme de difficultés supplémentaires pour certains d’entre eux.
« Cette année encore a été difficile pour les managers : il a fallu rassurer les équipes dans un contexte économique et géopolitique difficile, tout en poursuivant les efforts en matière de bien-être au travail, et en appliquant les directives de la direction », explique Valérie Pinardon.
Plus de la moitié des répondants à cette enquête (52%) déclarent ainsi que le stress et la charge de travail constituent les inconvénients majeurs du poste de manager, devant le pouvoir de décision limité (27%), et le manque de reconnaissance (15%).
L’exemplarité pour donner envie de manager
Malgré ces freins, certains jeunes professionnels souhaitent accéder au poste de manager pour transmettre leur savoir, leurs connaissances, la plupart du temps parce qu’ils se sont sentis inspirés par leur manager ou directeur.
« Les managers doivent donner envie aux jeunes générations de devenir manager à leur tour, mais également leur donner confiance et envie de transmettre leurs connaissances », appuie Valérie Pinardon.
« En tant que cabinet de recrutement, nous avons une vision large du marché et avons également ce rôle de conseil auprès des candidats, pour leur proposer des postes qu’ils n’auraient pas envisagés de prime abord », conclue Valérie Pinardon.
Méthodologie :
Enquête menée auprès de 500 jeunes professionnels (moins de 5 ans d’expérience) en France au cours du mois d’octobre 2024.
