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Plus de la moitié des salariés sont gênés par le bruit au travail

Romain Bendavid, expert des enjeux de QVCT, santé au travail et transformations professionnelles, publie avec la Fondation Jean-Jaurès une note sur le vécu du bruit et des nuisances sonores au travail et les actions mises en place pour protéger l’audition sur les lieux de travail.

Plus de la moitié des salariés (52%) déclarent être gênés par le bruit au travail et les politiques de prévention par les employeurs sont très faibles. Pourtant, il peut y avoir des conséquences professionnelles et extraprofessionnelles importantes liées à la pollution sonore telles que des répercussions sur la charge mentale du salarié, des troubles du sommeil et des dégradations des liens sociaux au travail.

État des lieux du bruit et des nuisances sonores au travail

Fin 2023, une majorité d’actifs en poste (52% précisément) déclarent être gênés par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail. Dans le détail, 17% d’entre eux affirment souffrir du bruit « souvent » et 35% « de temps en temps ». Cet étiage majoritaire fait de la protection des oreilles un véritable enjeu de qualité de vie et condition de travail (QVCT) mais aussi de productivité qu’il importe de visibiliser et de traiter.

Tous les actifs ne sont pas égaux face au bruit, il existe un clivage générationnel qui impacte davantage les salariés âgés entre 35 et 49 ans (59% contre 52% pour la moyenne des actifs), un clivage social puisque près des deux tiers des ouvriers en sont affectés (64%) et un clivage sectoriel puisque 65% des actifs évoluant dans le secteur BTP-Construction ressentent une gêne et 59% des personnes travaillant dans le secteur public.

Deux autres catégories de travailleurs sont également exposées : les Franciliens (61%) et les télétravailleurs « hybrides » (60%) ayant recours au travail à distance 2 à 3 jours par semaine et devant donc fréquemment alterner entre plusieurs environnements sonores que l’on peut supposer différents.

Les conséquences de la pollution sonore

Les nuisances sonores ont d’abord des répercussions extra auditives sur la charge mentale des travailleurs : 69% des actifs éprouvent des difficultés à suivre les conversations sur leur lieu de travail à cause du bruit ambiant. Plus précisément, 60% de cette population indique que le bruit au travail génère fatigue, lassitude et irritabilité et 50%, du stress.

Dans des proportions moindres, le bruit au travail peut engendrer des troubles plus profonds tels que des problèmes de sommeil (32%), de la souffrance psychologique (31%) et de l’hypertension artérielle (25%). Les nuisances sonores dégradent également le tissu relationnel au travail. Près de la moitié des actifs (49%) indiquent en effet qu’elles peuvent être à l’origine d’incompréhension avec les managers, 45% pointent un risque d’agressivité dans les échanges, 44% des tensions ou conflits au sein de l’équipe de travail et 43% des comportements de repli sur soi.

L’exposition à des bruits trop élevés au travail constitue la cause la plus fréquente de survenue des acouphènes. Elle est citée par 58% des Français devant celle plus générale d’exposition à des sons trop élevés dans la vie quotidienne (56%), une utilisation trop fréquente de casques ou d’écouteurs (45%), une gêne auditive temporaire (39%) et une baisse de l’audition survenant avec l’âge (37%).

Des politiques de prévention timides

Pour ce qui est de la prévention, la plupart des décisionnaires RH d’entreprises de plus de 20 salariés (81%) reconnaissent que l’audition est un enjeu nécessitant des actions de prévention : 35% des interviewés jugent utile de mener à son sujet des actions de prévention à court terme et 46% souhaitent les planifier à long terme. Au global, parmi dix actions de prévention, l’audition fait partie des moins envisagées à court terme. Sur cette échelle de temps, elle devance uniquement le dépistage de cancers (34%) et les conseils nutritifs (32%).

La réglementation destinée à réduire l’impact négatif du bruit au travail repose sur trois grandes démarches :

  • Agir sur l’environnement de travail : fabriquer des machines plus silencieuses, engager des actions pour réduire au maximum le bruit des machines déjà existantes
  • Prendre en compte la problématique du confort acoustique dans la construction ou la rénovation des locaux professionnels et utiliser les locaux de manière adaptée pour faire en sorte que le bruit y soit le plus atténué possible
  • Informer les salariés sur leur droit à utiliser et à choisir des protections auditives individuelles.

Or dans les faits, ces démarches sont très peu visibles par les employés. À peine une moitié des actifs considère que leur employeur prend suffisamment en compte le bruit et les expositions sonores.

La rédaction

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