Alternance et qualité de la formation : recentrons le débat sur l’essentiel !

Depuis plusieurs années, l’apprentissage connaît un essor considérable en France. Il est devenu un véritable levier d’insertion professionnelle, conciliant formation et expérience terrain. Mais à force de vouloir industrialiser le modèle, certains établissements s’éloignent dangereusement de l’esprit initial : formations inadaptées au marché, frais injustifiés pour les étudiants, ou encore méthodes pédagogiques plus soucieuses de la rentabilité que de la transmission des compétences. Les récentes propositions de loi visant à mieux encadrer l’enseignement supérieur privé à but lucratif apportent un éclairage bienvenu sur les dérives du secteur.

Il est en effet impératif de garantir une formation de qualité, sans pratiques abusives, afin de préserver l’essence même de l’alternance : un modèle gagnant-gagnant pour l’étudiant comme pour l’entreprise.

Dans cette idée, la défense d’une approche exigeante et responsable reposant sur 3 piliers essentiels : l’accessibilité, la cohérence avec le marché de l’emploi et la transparence pédagogique, paraît plus que jamais déterminante.

L’alternance : une opportunité… à condition qu’elle reste gratuite

L’un des principes fondamentaux de l’alternance, c’est la gratuité pour l’étudiant. Pourtant, certains organismes continuent de facturer des frais abusifs, sous forme de frais d’inscription, d’acompte ou de réservation de place, forçant parfois les jeunes à payer avant même d’avoir trouvé une entreprise d’accueil.

Nous soutenons la proposition visant à interdire ces pratiques et à respecter le délai de trois mois durant lequel l’étudiant peut encore trouver une entreprise d’accueil conformément à l’article L. 6222-12-1 du code du travail. Passé ce délai, s’il opte pour la formation initiale, alors les frais doivent être calculés au prorata des heures de cours suivies. Une mesure de bon sens qui protège l’étudiant sans fragiliser les écoles réellement engagées dans l’accompagnement vers l’alternance.

Autrement dit, l’apprentissage n’a pas vocation à devenir un business au détriment des étudiants. Si nous voulons continuer à attirer les talents, il faut garantir un accès juste et transparent.

Former en cohérence avec le marché

Le succès de l’alternance ne doit pas faire oublier un autre enjeu essentiel : l’adéquation entre formation et employabilité. Aujourd’hui, trop d’établissements augmentent leurs effectifs dans une logique purement commerciale, sans réelle garantie d’insertion. Résultat ? Des promotions entières formées à des métiers sans débouchés concrets.

Il est donc impératif que les écoles alignent leurs admissions avec les besoins du marché de l’emploi. La proposition de loi met en avant cette nécessité en rappelant que « l’essor des formations privées ne doit pas conduire à une multiplication de diplômes sans reconnaissance effective sur le marché du travail ».

Un diplôme sans débouché, c’est une promesse non tenue. Nous devons former pour l’emploi, pas pour remplir des salles de classe !

Innovation pédagogique : un levier, pas un prétexte

Les méthodes pédagogiques innovantes sont essentielles pour adapter l’enseignement aux évolutions du numérique, mais elles ne doivent pas servir de prétexte pour réduire les coûts au détriment de la qualité.

Derrière certains modèles vantant le e-learning ou les « méthodes projet », on observe parfois une volonté cachée de diminuer le nombre d’intervenants qualifiés, fragilisant ainsi la transmission des compétences.

Nous croyons en une pédagogie hybride, qui allie travaux pratiques, projets concrets et encadrement par des experts du secteur. L’innovation ne doit pas « rimer » avec réduction des coûts, mais avec efficacité et engagement pédagogique.

Un modèle à préserver, des pratiques à encadrer

Même s’il est fragile, l’alternance doit rester un modèle gagnant-gagnant. Il suffit de quelques pratiques douteuses pour décrédibiliser l’ensemble du système. Encadrer les frais, aligner les formations sur le marché de l’emploi et garantir une vraie qualité pédagogique, voilà les défis à relever pour que l’apprentissage reste un levier d’avenir.

L’alternance doit rester un tremplin, non un piège. Protégeons ce modèle et garantissons un accès équitable à la formation.

Par Vianney Wattinne, Directeur Général de CSB.school

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