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Le scénario du Frexit : un choc pour les entreprises

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Certains candidats à la présidentielle proposent dans leur programme une sortie de l’euro et le retour à une monnaie nationale et l’agence de notation Moody's a récemment évoqué l’hypothèse d’un Frexit (Public-Sénat le 17 mars). La zone euro connaît de fortes turbulences (crise 2007-2008, déficit commercial, inflation et baisse du pouvoir d’achat), la cohabitation entre les pays est complexe, compte tenu de la spécialisation économique industrielle des pays du Nord et de la spécialisation économique de services des pays du Sud (dont la France) et donc non exportatrice. Néanmoins, cette zone euro permet de stabiliser l’euro par rapport aux autres monnaies.

L’impact d’une sortie de la zone euro en France a été chiffré par l’Institut Montaigne à 190 milliards d’euros d’activité en moins (- 4 à -13 % du PIB). L’impact d’un Frexit sur les ménages a été souvent traité, car ce sont eux qui votent. Mais qu’en est-il pour les entreprises ?

La sortie de l’euro risque d’obérer la rentabilité des entreprises compte tenu des hypothèses réalistes suivantes :

- Dépréciation du taux de change : les importations (matières premières par exemple) auront un coût plus élevé pour les entreprises. Quant aux recettes issues des exportations, elles diminueront en raison de la baisse du taux de change. Ainsi, le taux de marge des entreprises en sera lourdement affecté ;

- Cette dépréciation à long terme entraînera une hausse des salaires au regard de la hausse des prix des importations par rapport aux prix locaux ;

- Il est probable que la France soit contrainte à payer à nouveau des droits de douane dans L’Union européenne sur les produits français. La réinstauration des barrières douanières et la mise en place d’obstacles réglementaires risquent de faire chuter les exportations françaises au sein de l’Union européenne ;

- La hausse des taux d’intérêt : si la France parvient à convertir sa dette dans la nouvelle monnaie, les prêteurs remboursés dans une monnaie dépréciée modifieront leur comportement. Ils exigeront une prime de risque élevée, se traduisant par une dépréciation du cours de la dette déjà émise et une augmentation des taux d’intérêts pour les prochains emprunts. L’augmentation pour les emprunts de plus de 10 ans sera de 3.5 à 4 points de pourcentage. Cette augmentation entrainera une augmentation de l’ensemble des taux d’intérêts dont les taux pour la dette des entreprises. Ainsi, l’augmentation des taux d’intérêts généreront hausse des charges financières des entreprises et, de ce fait, une hausse des prix de vente et une diminution de leur compétitivité. De plus, la hausse des taux d’intérêt aura un impact sur l’investissement des entreprises françaises dont dépendent de nombreux emplois ;

- La diminution des dépenses publiques et hausses d’impôts : l’accroissement de la charge d’intérêts par la hausse des taux de la dette publique impliquera une diminution des dépenses publiques, mais également des hausses d’impôts qui impacteront directement la rentabilité des entreprises en France.

Le scénario du retour au Franc entraînerait donc une série d’effets négatifs qui seraient dramatiques pour la productivité et la pérennité des entreprises françaises, conduites à licencier en masse (près de 500 000 chômeurs à terme selon l’Institut Montaigne qui conclut à une perte substantielle de la puissance économique et politique de la France). Cela donne nécessairement à réfléchir et à agir.

Par Ludovic Letellier, associé Euklead



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