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Et s’il manquait un membre à votre Comité Exécutif ?

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Depuis quelques années, la mondialisation et la digitalisation encouragent les entreprises internationales à revoir leurs stratégies et à chercher de nouveaux axes différenciateurs pour rester compétitives sur leur marché tout en améliorant leur productivité. Et si la réponse à cette problématique était évidente mais oubliée des dirigeants ?

Il existe dans toute multinationale une fonction trop souvent sous‐évaluée, et pourtant, grâce à elle, les dirigeants seraient en mesure de mieux maîtriser leurs enjeux de rentabilité. Cette fonction cruciale qui peut apporter davantage de valeur à l’entreprise est la supply chain ou chaîne d’approvisionnement.

D’après une étude publiée récemment par Capgemini Consulting1, 75 % des dirigeants opérationnels considèrent la supply chain, et sa transformation digitale, comme importante. Au coeur de l’activité de l’entreprise, la supply chain intègre l’ensemble des flux produits et les informations relatives aux processus logistiques ; depuis l’achat des matières premières jusqu’à la livraison des produits finis. Aujourd’hui, elle n’occupe dans l’entreprise qu’une position discrète qui s’apparente à un art ancestral dont seuls quelques disciples semblent maîtriser les rouages : les responsables supply chain. Or, la fonction ‘supply’ doit être révolutionnée et s’imposer de plus en plus comme déterminante dans la course à l’économie et à la productivité des entreprises. D’une fonction support elle doit s’affirmer comme une fonction exécutive.

Qui sont ces alchimistes ?
L’exemple le plus connu est sans doute celui de l’ancien Directeur des Opérations en charge de la supply chain d’Apple : Tim Cook, aujourd’hui CEO du groupe2. Il est l’un de ceux qui ont rapidement compris les bénéfices que pouvait apporter la ‘supply’ à l’entreprise et notamment son impact sur la performance opérationnelle et financière. A l’époque, l’une des principales initiatives stratégiques de Cook a été de diminuer le nombre de fournisseurs nécessaires à la composition des produits de la marque à la pomme. Il en a réduit le volume de trois quarts, soit de 100 à 24, incitant ainsi les sous‐traitants à davantage rivaliser pour s’imposer comme un partenaire de la marque. Ce que Tim Cook avait compris, c’est qu’en maîtrisant la supply chain de chacun de ses fournisseurs, il pourrait affiner ses propres approvisionnements. En supprimant, en parallèle, la moitié de ses entrepôts (10 sur 19), la marque a pu limiter les surplus de stocks et réduire son réassort d’un mois à 6 jours en l’espace de quelques mois seulement. Grâce à ses initiatives, Apple a pu s’affranchir de nombreuses contraintes logistiques et enregistrer des marges supérieures à celles de ses concurrents. D’ailleurs, il convient de noter qu’au classement TOP 25 des Supply Chain les plus efficientes édité chaque année par le Gartner Group, Apple (avec P&G) est la référence absolue.

Gage de l’importance de l’impact opérationnel offert par la ‘supply’ dans la conduite d’une stratégie globale d’entreprise, l’exemple de Tim Cook n’est d’ailleurs pas un cas isolé, d’autres responsables responsables supply chain ont également accédé à des postes de dirigeants à l’image de Mary Barra de General Motors ou encore de Brian Krzanich d’Intel.

Leur secret ?
Ce qu’il faut comprendre aujourd’hui, c’est que le concept de la chaîne d'approvisionnement a radicalement changé au point que le terme en lui‐même apparaît comme obsolète. Car la gestion de la chaîne d'approvisionnement est surtout vue comme une chaîne d'exécution où les produits partent d’un point A vers un point B. Or, cela ne traduit pas l’étendue et l'ampleur d’une chaîne d'approvisionnement d'aujourd'hui, qui fonctionne davantage comme un réseau complexe d’acteurs intégrés que les responsables supply chain peuvent orchestrer en fonction de leurs besoins et de ceux du marché. Nous préférons évoquer le terme de Supply Chain étendu ou « End‐to‐End » (E2E).

Leur secret réside dans l’exploitation de la data qui est collectée sur l’ensemble de la chaîne logistique. A partir des éléments recensés auprès de chacun de leurs partenaires et centralisés au sein d’un outil d’aide à la décision, les responsables supply chain sont en mesure d’arbitrer certains processus industriels (gestion des stocks, de la production, prévision des ventes, etc.). Grâce à la visibilité offerte par chaque acteur de cette chaîne, via l’utilisation d’outils métier collaboratifs, ils ont la possibilité d’influer en temps réel sur chacun des maillons et d’en maîtriser/mesurer l’impact sur l’intégralité du process.

Cette approche métier fait que les responsables supply chain ont rejeté l’idée d’une organisation figée et adopté une démarche métier davantage guidée par l’agilité et la flexibilité. Une telle méthodologie drivée par la supply chain permet de mener les entreprises vers des gains importants de compétitivité, d’où l’importance de ne pas sous‐estimer cette fonction dans un contexte de marchés de plus en plus volatiles. Il est donc primordial que l’agilité opérationnelle de la supply chain trouve davantage d’écho au sein des directions afin de maximiser la profitabilité des entreprises.

La vision de ces nouveaux dirigeants issus de la ‘supply’ comme Tim Cook peut paraître très métier et trop pointue pour le corps dirigeant, cependant elle doit aujourd’hui s’imposer comme une référence, notamment auprès des entreprises cotées, afin qu’elles puissent mesurer le potentiel, économique et compétitif, offert par la supply chain. Le responsable supply chain ne doit plus oeuvrer en autarcie mais désormais participer activement aux prises de décisions de l’entreprise ; en effet, ces décisions sont prises systématiquement au regard de leur impact et des enjeux associés (amélioration du BFR, taux de service, réduction de coûts, amélioration satisfaction clients), systématiquement définis par la direction générale. Ce n’est qu’en l’intégrant au sein de leur Comité Exécutif que les dirigeants pourront réellement mesurer l’impact et l’efficience stratégique et opérationnelle garantie par la Supply Chain.

Par Michel Ramis, VP Sales & Marketing ‐ FuturMaster

1 Transformation Digitale de la Supply Chain : Etat de l’art et Perspectives, 2016 

2 Thomas White international paper, April 2011




Lu 2999 fois Dernière modification le lundi, 29 août 2016 13:57
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