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L'entreprise collaborative,  une évidence  qui s'impose

L'entreprise collaborative, une évidence qui s'impose

Management Écrit par  jeudi, 03 novembre 2016 11:09 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Toutes les études le confirment : l'engouement des collaborateurs de l'entreprise pour de nouveaux modes de travail ne fait que se renforcer. En toute logique d'ailleurs puisque, dans leur vie personnelle, ils utilisent des équipements de plus en plus performants et sont devenus familiers avec les réseaux sociaux et le partage d'informations.

À un point tel, que les collaborateurs de l'entreprise, et notamment ceux de la génération Y, ont parfois l'impression que la technologie déployée sur leur lieu de travail est en retard par rapport à celle qu'ils utilisent personnellement. Selon l’édition 2016 de l'étude « Future Workforce Study » de Dell et Intel, 38 % des salariés qui travaillent en France estiment que la technologie mise à leur disposition au travail n’est pas assez intelligente. Les salariés attendent que de nouvelles technologies soient déployées dans leur entreprise pour leur permettre de travailler plus efficacement. D'ailleurs, 50 % des actifs de la génération Y en France sont prêts à changer d'entreprise si la technologie et le mode de travail que leur propose leur employeur n’est pas conforme à leurs attentes, indique cette étude. L'organisation collaborative du travail est aussi ce à quoi aspirent 59 % des employés de la génération Y !

Essentiels managers
Les entreprises qui veulent continuer à attirer et à conserver les talents doivent impérativement tenir compte de cette nouvelle donne. Pour atteindre cet objectif, le management joue un rôle essentiel. « Le manager est au service de ses équipes pour les rendre efficaces et un projet colla­­boratif a de toutes les façons vocation à changer la façon de manager », constate Vincent Bouthors, PDG de Jalios, éditeur français de solutions d’intranets collaboratifs et de réseaux sociaux d'entreprises. La mise en place d'un mode de fonctionnement davantage collaboratif, avec l'utilisation d'outils facilitant le partage de l'information et l'expression de l'intelligence collective ne peut donc aboutir que si les managers sont volontaires pour cela. « Dans un projet collaboratif, il faut qu'ils soient impliqués dès l'amont et qu'il fassent partie du noyau dur qui va construire la vision d'ensemble et piloter le dossier », précise Vincent Bouthors. Pour réaliser le cahier des charges de son nouvel intranet collaboratif, la ville d'Orléans s'est appuyée sur un réseau de 150 cadres volontaires. Une implication du management, très en amont, qui a facilité ensuite le déploiement et l'adoption de Jean'net, l'intranet collaboratif bâti autour de solutions Jalios, auprès de l'ensemble des agents de la ville et de l'agglomération.  
Des obstacles doivent être surmontés, et notamment certains préjugés. Il y a notamment une idée reçue qui a la vie dure, selon laquelle le travail collaboratif aplatirait les hiérarchies et rendrait inutile la présence d'un management intermédiaire. La réalité est très différente. Bien au contraire, le management peut trouver dans le collaboratif un moyen de voir son rôle davantage valorisé. « L'outil collaboratif peut donner une nouvelle dimension humaine au management à condition que cela soit maîtrisé, et que l'on accompagne les managers dans la conduite du changement » poursuit le PDG de Jalios. D'une manière générale, dans les entreprises françaises, peu de managers ont été formés à diriger et à motiver des équipes. L'apprentissage de la gestion des équipes s'est faite le plus souvent de manière empirique, sur le terrain. « Le plus souvent, on se retrouve manager parce que on était très bon dans le métier exercé », constate-t-il. Or, l'expertise technique est une chose, et les aspects humains et de dialogue du management en sont une autre. Alors, comment être efficace, en tant que manager, avec cette dimension humaine si complexe ? « Le manager reste dans son rôle qui est de faire en sorte que ses équipes soient efficaces, la dimension digitale du collaboratif venant compléter ce qui existe déjà et non pas le remplacer », poursuit Vincent Bouthors. Autrement dit, même si le collaboratif favorise l'implication de chacun au sein de l'entreprise et favorise la participation de tous et à tous les niveaux, il faut toujours quelqu'un qui anime les équipes et les projets, qui s'assure de leur avancée, et qui, in fine, tranche lorsque il y a lieu de le faire. Un rôle que le manager continuera d'assumer, même dans une organisation de l'entreprise davantage tournée vers le collaboratif. Au-delà de la phase de l'étude du projet et du déploiement au sein de l'entreprise, le management a encore un rôle majeur à tenir pour que le « fait collaboratif » devienne une composante de la culture d'entreprise. « C'est le management qui va faire vivre le collaboratif en s'assurant que les nouvelles habitudes de travail persistent : le changement, ça prend du temps, surtout lorsque ça touche à l'organisation de l'entreprise et il faut toujours veiller à combattre la tentation du retour en arrière », conclut Vincent Bouthors.

Réseaux sociaux en force
Ce qui est certain, c'est le fait que les pratiques collaboratives vont se multiplier dans les années à venir. Les réseaux sociaux s'ouvrent toujours plus aux entreprises, en leur proposant des utilisations spécifiques. Ainsi, après la possibilité de créer sa page Facebook entreprise, la firme de Mark Zuckerberg, s'apprête à lancer ce mois-ci en France, Facebook at work, service présenté comme un réseau social d'entreprise. Cependant, beaucoup d'observateurs estiment qu'en France, la question de la sécurité et de la confidentialité risque de freiner les entreprises. Au-delà des géants des réseaux sociaux déclinant une offre entreprise, de nouvelles start-up se lancent sur le créneau avec des initiatives originales. Lancée il y a un peu plus d'un an, LikeLunch est une application de rencontres professionnelles géolocalisées. « Cette application mobile est gratuite et permet, d'une manière très simple, de trouver des personnes dans un périmètre donné souhaitant échanger autour d'un déjeuner. Cela facilite le développement de son réseau professionnel, mais également de son business ou de sa recherche d'emploi », explique Frédéric Buron, directeur général d'Email Stratégie et fondateur de LikeLunch. Cette application est aussi un outil de prospection - pour trouver des contrats, du travail - grâce à des filtres permettant de toucher les bonnes personnes. Ainsi, « 10 % des 10 000 utilisateurs que l'application compte actuellement l'utilisent tous les jours ». Fonctionnant comme un véritable réseau social, en pratique, il suffit de consulter les contacts à proximité du lieu où l'on se trouve (dans sa ville ou la ville d'un dépla­cement professionnel), de sélectionner le profil de contact que l'on recherche, puis la personne à inviter qui accepte ou non l'invitation – et qui peut même bloquer le contact. Une fois lancée l'invitation à partager un déjeuner d'affaires, un échange sur le tchat permet de discuter et de faire connaissance. Il ne reste plus qu'à convenir d'un lieu et d'une date pour partager un repas d'affaires convivial.
Pour les grandes entreprises, groupes, fédérations, LikeLunch vient de créer le service LikeLunch Corporate, un filtre supplémentaire leur permettant de créer un groupe privé au sein de l'application. L'objectif étant de renforcer les relations et de développer de nouvelles synergies entre collaborateurs et adhérents d’une même entité. « Le fait de sortir du contexte professionnel rend plus facile d'accès la mise en relation », argumente Frédéric Buron.
L'usage de plus en plus répandu des réseaux sociaux personnels va impacter les organisations des entreprises. C'est par exemple le cas de Youtube, le réseau social basé sur le partage de vidéos. Selon une récente étude BT et Cisco de 2016, 27 % des collaborateurs d'entreprise utiliseraient YouTube à des fins professionnelles, un pourcentage doublé par rapport au chiffre enregistré en 2013 !

Lu 18613 fois Dernière modification le lundi, 07 novembre 2016 14:22
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.