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Philippe Maillard, Groupe Suez - Un engagement, une énergie et une passion au service d’un groupe et de ses métiers

Philippe Maillard, Groupe Suez - Un engagement, une énergie et une passion au service d’un groupe et de ses métiers

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Ingénieur diplômé de l’École Polytechnique et de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, Philippe Maillard a rejoint le groupe Suez, ses études terminées, en 1993. Depuis, il n’a cessé d’évoluer au sein du groupe à la fois géographiquement et en alternant les responsabilités dans le domaine de l’eau, du recyclage et de la valorisation des déchets. À 48 ans, son parcours démontre que l’expertise technique d’un ingénieur est incontournable mais qu’il faut également une bonne dose d’adaptabilité pour optimiser une carrière. Et la « recette » ne serait pas complète sans la passion et l’engagement qui anime tout manager digne de ce nom. Rencontre avec un homme de conviction, déterminé et enthousiaste, qui aime plus que tout relever les défis…


GPO Magazine : En 1993, à l’âge de 26 ans,  vous rentrez à la Lyonnaise des Eaux en effectuant un stage de fin d’études. Vous êtes aujourd’hui directeur général France Recyclage et Valorisation des déchets, diriez-vous que la boucle est bouclée ?
Philippe Maillard : C’est beaucoup trop tôt pour le dire. Mon parcours est assez riche et varié : j’ai eu la possibilité d’alterner des fonctions dans le domaine de l’eau et du recyclage et de la valorisation des déchets tant en France qu’à l’international. J’ai la chance d’être dans un groupe qui favorise la mobilité géographique et fonctionnelle. Mais cela ne suffit pas, j’ai su également saisir les opportunités qui m’étaient proposées : j’ai accepté de changer régulièrement d’affectation géographique, ce qui n’est pas toujours évident car cela nécessite l’accord de la famille. De toute façon, à partir du moment où l’on fait un métier qui vous passionne, à aucun moment on a la sensation d’une boucle qui se ferme. Il reste plein d’autres défis à relever !

GPO Magazine : Si l’on retrace un peu votre parcours, vous avez la « bougeotte » : Anzin près de Valenciennes, l’île de Porto Rico, l’Australie et retour ensuite en France… Que vous ont apporté ces missions à l’étranger ?
P. M. : D’abord, ma famille était volontaire pour m’accompagner dans mes mobilités géographiques en France comme à l’international, ce qui est fondamental. Ensuite, en travaillant à l’international, j’ai découvert d’autres cultures, d’autres méthodes de travail et de management qu’il faut comprendre et auxquelles il faut s’adapter. Je me suis enrichi à la fois sur un plan professionnel et personnel.        Enfin, cela m’a donné un regard un peu différent, peut-être plus positif que ce que l’on peut avoir et voir en France. J’ai vécu et travaillé cinq ans à l’étranger et cela m’a permis de faire la part des choses, et de voir ce qui va ou ne va pas en France. J’ai su saisir les opportunités et je me suis enrichi de chaque expérience.

GPO Magazine : L’expérience la plus difficile : Porto Rico ?
P. M. : J’avais déjà bougé en France : Carcassonne, Valenciennes et la culture n’est pas tout à fait la même au nord et au sud d’un même pays. Il y a des contrastes concernant le comportement de vos collaborateurs et de vos clients. Porto Rico n’a pas été une expérience difficile, c’était juste le premier grand départ : c’était la première fois que je changeais radicalement de cadre de vie avec des enfants en bas âge. Il fallait parler espagnol tous les jours et j’ai dû apprendre la langue rapidement. C’était un peu compliqué effectivement mais rien d’insurmontable en tant que tel ! Et puis, vous en tirez un vrai enrichissement tant sur le plan personnel que professionnel. Quand vous changez d’environnement professionnel et de cadre de vie, il faut savoir s’adapter.

GPO Magazine : Précisément, s’adapter est-il le principal vecteur de réussite  pour un dirigeant d’entreprise?  
P. M. : Sans aucun doute, car il convient de composer avec les évolutions. Le monde évolue, la technologie évolue, les attentes des clients évoluent aussi, c’est normal, et il faut être capable de mobiliser et d’entraîner une équipe. L’adaptation est une qualité clé pour un dirigeant mais, bien entendu, il existe d’autres facteurs de réussite pour un dirigeant. Je pense notamment à l’écoute et à la capacité à être proche de ses équipes : comprendre ce qu’ils font et les solutions proposées. Il faut être capable de donner du sens pour mobiliser des équipes. Il s’agit là d’une composante opérationnelle essentielle. Enfin, il faut savoir décider surtout quand c’est compliqué : c’est ce que l’on attend d’un dirigeant.

GPO Magazine : Être sur le terrain, discuter de la gestion et de la valorisation de leurs déchets avec des entreprises du BTP ou de la santé, fait-il partie de vos attributions ?
P. M. : Effectivement, cela fait partie des attributions d’un patron de rencontrer et de connaître ses clients, parfois de négocier. Il s’agit là d’une composante commerciale essentielle car il faut nécessairement rencontrer ses clients (collectivités ou entreprises). Il faut comprendre leurs attentes, être à la genèse ou finaliser des projets de partenariats. Je m’attache à aller sur les sites et à rencontrer des clients deux journées entières par mois. Je vais naturellement aussi à la rencontre des équipes sur place. Enfin, je rencontre les médias locaux une à deux fois par mois pour mettre en valeur ou inaugurer nos sites, expliquer nos métiers et ce que nous faisons dans la région de telle ou telle ville. Nos métiers sont des métiers publics qui intéressent le grand public et qui font partie de la vie d’un territoire. En effet, nous servons le public de façon directe ou indirecte. Nous sommes relativement visibles car nos métiers touchent tout le monde et nous essayons de mettre en avant à la fois nos innovations, nos technologies et nos réussites. Il est également important de contribuer à expliquer les différentes évolutions, notamment du monde des déchets vers le monde du recyclage, ce que nous faisons dans le domaine de l’eau…

GPO Magazine : Vous êtes diplômé de l’École Polytechnique, de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, comment aborde- t-on pour la première fois le monde de l’entreprise ?
P. M. : Je ne crois pas que le diplôme change la manière d’aborder une entreprise. Cependant, il y a quelques années, les grandes écoles n’étaient pas très proches du monde de l’entreprise, notamment sur son fonctionnement.  Les stages étaient heureusement là pour apprendre à se familiariser avec tous les métiers. Je pense que pour aborder le monde de l’entreprise, il faut être curieux, motivé et enthousiaste. Lorsque je suis entré à la Lyonnaise des Eaux, j’étais très motivé car à mes yeux cette entreprise représentait un métier fort.  Il faut aussi de l’ambition pour aborder ce monde, et j’en avais, mais également de l’humilité et après vous avancez.

GPO Magazine : Quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune diplômé d’une grande école qui souhaiterait devenir dirigeant d’entreprise ?  
P. M. : Chacun construit son parcours qui est fait de capacités, de talent, de réussites parfois, d’un peu de chance, d’opportunités. En ce qui me concerne, cela fait plus de 20 ans que je suis chez Suez et, à chaque fois, j’ai eu l’opportunité de pouvoir continuer à évoluer et à changer de métier. Je n’ai pas changé de groupe ou d’employeur comme cela peut arriver mais comme j’ai changé de responsabilités tous les trois ans, j’ai connu des contextes bien différents.

GPO Magazine : Est-ce que, à travers l’événement Walk in my shoes, vous aimeriez que l’on dise de vous que vous êtes un « Passeur de Talents » ?  
P. M. : Je trouve le terme « Passeur de Talents » très généreux. Lorsque j’étais à l’« X » ou aux Ponts, je trouvais passionnant d’écouter des dirigeants d’entreprise ou des cadres expliquer leur profession et j’ai beaucoup apprécié ces moments. Cela a été déterminant pour moi d’entendre des dirigeants exposer leurs métiers du BTP et de l’eau et cela m’a permis de m’orienter. Dès que j’en ai l’opportunité, j’essaye de consacrer du temps à partager mon expérience avec des étudiants. Walk in my shoes est donc une expérience parmi d’autres à laquelle je suis ravi d’être associé. Cela permet aussi de comprendre comment sont les étudiants d’aujourd’hui : c’est donc un échange intéressant.

GPO Magazine : Si l’on revient à Suez, êtes-vous fier de participer à l’aventure humaine de Suez qui dure depuis plus de 150 ans ?
P. M. : S’occuper de la gestion des ressources, de l’évolution du monde des déchets vers le monde du recyclage, de développer des solutions autour de ces enjeux est vraiment passionnant. Il s’agit de métiers utiles, indispensables, nécessaires, qui ont un intérêt très fort et cela fait plus de 20 ans que je m’y consacre. Forcément, j’éprouve de la fierté de participer à cette aventure humaine. Ce sont de beaux métiers.

GPO Magazine : Considérez-vous que vous êtes un homme engagé ? Quels sont ces engagements ?  
P. M. : Nos métiers sont des métiers très porteurs de sens et il est difficile de ne pas être engagé lorsque l’on fait ce métier au travers des solutions que vous apportez. En effet, on ne peut pas vivre sans eau, le développement d’une société ne peut pas se faire sans une gestion des déchets la plus appropriée possible avec cette notion de plus en
plus prégnante de préservation des ressources. Mais mon engagement, et cela a toujours été le mien, est de relever les défis qui me sont confiés. Actuellement, l’un des défis est de transformer la filiale française du groupe vers le métier du recyclage et de valorisation.

GPO Magazine : Concrètement, quelles sont les actions dont vous pouvez être fier aujourd’hui dans le domaine des déchets, ou de l’eau auparavant ?  
P. M. : Dans mon poste précédent, il fallait mettre en œuvre la transformation de la Lyonnaise des Eaux, notamment adapter le modèle de l’entreprise. Actuellement, mon enjeu est de projeter l’entreprise dans son futur vers le recyclage et la valorisation, la transformer, intégrer le digital de façon forte. Il faut donc mettre en œuvre avec toute une équipe ces transformations, négocier ou renégocier certains contrats. Enfin, de façon générale, il faut trouver des solutions avec nos équipes et les déployer.
Aujourd’hui, nous travaillons sur des enjeux importants comme le recyclage des plastiques, le démantè­lement des avions ou des véhicules en fin de vie, comment limiter les plastiques dans les océans, comment réduire les gaz à effet de serre… Tout cela dans une perspective d’économie plus circulaire.

GPO Magazine : Suez a été certifié Top Employeurs France 2016 : est-ce important que des salariés se sentent bien dans leur entreprise ?
P. M. : Bien évidemment. En effet, nous sommes une activité de services et ces services sont portés par nos collaborateurs, lesquels sont pour la plupart en contact avec nos clients directs ou indirects. Ce sont nos salariés qui matérialisent le service et qui font en sorte que les solutions Suez soient connues
et mises en œuvre. Par conséquent, plus nos collaborateurs sont motivés et engagés, plus ils porteront une attention forte à la satisfaction des clients. C’est le thème de la symétrie des attentions : il faut avoir des clients et des collaborateurs satisfaits. C’est là un enjeu permanent pour notre groupe.

GPO Magazine : Quelles sont vos relations avec vos collaborateurs ?  
P. M. : J’essaye d’être proche d’eux, d’être le plus accessible possible, ouvert au dialogue et de conserver une approche opérationnelle. C’est, à mon sens, la meilleure façon de bien réfléchir et de prendre les bonnes décisions. Ma responsabilité, c’est de gérer les affaires courantes à court terme tout en préparant l’entreprise de demain. Je dois donner du sens aux 18 000 collaborateurs de l’entreprise et les mobiliser autour de ce que sera leur entreprise dans cinq ans.

GPO Magazine : Y a-t-il une vie en dehors de Suez ?
P. M. : Bien sûr qu’il y a une vie en dehors de Suez ! Ma famille, mes amis et le sport, notamment le tennis, me permettent de me ressourcer. Pendant les périodes de vacances, j’aime également voyager. C’est une question d’équilibre. Je suis également passionné d’opéra et d’égyptologie. Grand admirateur de Champollion, il y a encore quelques années je traduisais les hiéroglyphes mais j’ai un peu oublié depuis…


Suez en quelques chiffres

2e groupe mondial dans le domaine de la gestion de l’eau et des déchets
CA 2015 : 15,1 milliards d’euros
Effectif : 80 990 collaborateurs
Implantation : 70 pays (présence sur 5 continents)

Au niveau international, Suez alimente 92 millions de personnes en eau potable, 65 millions en services d’assainissement, assure la collecte des déchets de près de 50 millions de personnes, valorise 14 millions de tonnes de déchets par an et produit 5 138 GWh d’énergie locale et
renouvelable. Présent sur les cinq continents, Suez est un acteur clé de l’économie circulaire pour la gestion durable des ressources.

Chiffres Recyclage et Valorisation France
• 20 000 collaborateurs
• 80 000 clients entreprises et collectivités
• + de 400 usines de valorisation en France, dont 38 unités de valorisation énergétique, 285 centres de tri et de transfert, 84 plates-formes de compostage
• 15 millions d’habitants collectés et 3 000 collectivités clientes
• 21,1 millions tonnes de déchets manipulés
• 18,4 millions tonnes de déchets traités
• 11 millions tonnes de déchets valorisés
• + de 1,5 millions MWh d’électricité verte produite
• + de 2 millions MWh de chaleur verte produite

Lu 26025 fois Dernière modification le lundi, 07 novembre 2016 14:05
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.

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