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Adapter l’entreprise à «  l’uberisation  » de l’économie

Adapter l’entreprise à «  l’uberisation  » de l’économie

Finance Écrit par  mardi, 05 juillet 2016 14:47 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Selon le PDG de Cisco, John Chambers, deux tiers des grandes entreprises auront disparu dans 20 ans et seront remplacées par de grandes plates-formes web qui « uberiseront » l’économie traditionnelle. Nous sommes donc déjà en route vers ces nouvelles formes d'entreprise. Comment en est-on arrivé à ce tsunami numérique ? Quels sont les enjeux de l’uberisation ? Comment les entreprises doivent-elles s’adapter ? Telles sont les questions que la rédaction de GPO Magazine a posé à Grégoire Leclercq, président de la Fédération des auto-entrepreneurs et cofondateur de l’Observatoire de l’Uberisation, ainsi qu’à Rémy Oudghiri, directeur de Sociovision et membre du comité de pilotage de l’Observatoire de l’Uberisation.

Il est difficile parfois pour un dirigeant de comprendre le phénomène « d’uberisation » et de voir les changements potentiels que cela peut impliquer dans sa propre entreprise.

Mais déjà, quelles sont les origines de l’uberisation ?
Depuis le début de 2015, le terme « uberisation » connaît un vif essor dans la sphère médiatique. L’une des premières utilisations est le fait du PDG de Publicis, Maurice Lévy, au détour d’une interview donnée au Financial Times*. Il évoque alors la peur des entreprises de se faire « uberiser ». « Sommes-nous toujours pertinents sur la nature du service, sur le prix ? Ne nous sommes-nous pas encroûtés ? Quelles valeurs supplémentaires puis-je apporter au client ? », s’interroge-t-il.

En effet, à l’origine de ce néologisme, on trouve la société californienne Uber, spécialiste mondial du VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur), qui s’est fait connaître en France avec la révolte des taxis dénonçant une concurrence déloyale, au vu des tarifs particulièrement bas appliqués par l’entreprise.
Le terme d’uberisation est né au carrefour de trois grandes tendances à savoir le numérique (digital, nouvelles technologies…), l’expérience de consommation et la recherche du meilleur service ainsi que l’indépendance (liberté de travailler, autonomie).
L’uberisation s’applique à de nombreux secteurs d’activité et peut donc s’étendre à toutes les start-up susceptibles de prendre des parts de marché à des acteurs traditionnels. Il s’agit là d’un phénomène global d’uberisation de la société rendue possible par l’accélération du monde digital. C’est ainsi que tous les secteurs de services sont d’ores et déjà uberisés : les transports, les voyages, le marketing, l’hôtellerie et la restauration, la santé, l’éducation, le droit,le financement, les services à domicile … Les exemples sont nombreux : Airbnb (location de logements), Blablacar (covoiturage), Deezer et Spotify (musique), PopMyDay (esthétique), Stuart (livraison), Alison (enseignement) ou encore KissKissBankBank (financement).

Quels sont les enjeux de l’uberisation ?
« L’uberisation de l’économie rompt avec le modèle économique traditionnel en bouleversant profondément et durablement notre rapport à la consommation. En effet, le consommateur a profondément changé et, désormais, on ne peut plus s’adresser à lui de la même façon. C’est ainsi que c’est le consommateur, et lui seul, qui peut choisir de porter le développement de l’uberisation de notre société. Il s’agit là d’un enjeu économique auquel les entreprises doivent faire face. En outre, il existe indéniablement de nouveaux modes de communication qui prennent leur source dans le digital. C'est là un enjeu technologique majeur qui oblige les entreprises à adopter de nouvelles pratiques. Enfin, il convient de réglementer ces pratiques nées de l’uberisation. Et il s’agit d’un enjeu juridique de taille », indique Rémy Oudghiri.
Il faut donc comprendre ce qui se joue car l’uberisation est une véritable lame de fond qui modifie en profondeur l’individu, notre relation de travail, notre modèle social et fiscal ainsi que les réflexes juridiques et économiques. « Ce bouleversement évident va se poursuivre, sauf si le législateur devait y porter un coup d’arrêt final, ce qui est possible, l’application UberPOP ayant déjà été supprimée. L’un des enjeux est donc de savoir où l’on place le curseur entre ce qui doit être la réponse des entreprises elles-mêmes, qui doivent tenir compte de ces changements et s’adapter, et ce qui est du ressort du législateur afin d’éviter les excès », poursuit Rémy Oudghiri.

Comment les entreprises doivent-elles s’adapter ?
Les entreprises redoutent désormais de se faire « uberiser ». Or, cette menace, annoncée depuis l'émergence du web il y a vingt ans, ne peut être considérée ni comme une nouveauté, ni comme une surprise. Les entreprises traditionnelles ne semblent pas vraiment préparées. Pourtant, ces entreprises doivent considérer ce phénomène d’uberisation comme une opportunité plutôt que comme une menace. Et elles n'ont pas d’autre choix que de s’adapter. Comment peuvent-elles alors franchir le pas de l’uberisation ? « Il existe plusieurs pistes : profiter de l’atout du digital, mutualiser les ressources entre acteurs afin d’être plus puissantes et veiller à l’excellence de la qualité.
En effet, les entreprises doivent nécessairement se réapproprier le digital et comprendre la culture digitale moderne. La mutualisation est par exemple très difficile à faire adopter aux entreprises. Les hôteliers ont du mal à franchir le pas et ne deviendront jamais aussi puissants qu’Airbnb. D’autres, comme les avocats ou les experts-comptables, ont parfaitement compris l’utilité de cette mutuali­sation et ils se regroupent pour créer leur propre plate-forme. Enfin, l’excellence de la qualité est le levier le plus important afin de concurrencer les autres entreprises. Et il y a désormais une course à la qualité », souligne Grégoire Leclercq.
Le travail stratégique à conduire est nécessairement un travail en profondeur afin qu’une entreprise réussisse à s’imposer face à ses concurrents. « En très peu de temps, Uber est devenu un concurrent sérieux et a obligé les taxis à revoir leur copie et à revenir à leurs valeurs fondamentales. Dans le contexte actuel, une entreprise doit donc bien énoncer son identité et ses priorités. En effet, dans un univers en pleine mutation, une marque qui a un contrat clair avec son client a toutes les chances d’être plébiscitée. En outre, il faut utiliser ces nouveaux acteurs, cette nouvelle économie comme un laboratoire d’idées nouvelles. Et cette nouvelle façon de faire peut devenir une opportunité afin de s’améliorer. Enfin, il faut être dans une logique de services afin de simplifier la vie du consommateur et fidéliser le client. Par ailleurs, il faut bien comprendre les outils digitaux afin d’en faire non pas un usage standard mais le plus adapté possible à sa problématique », analyse Rémy Oudghiri.
Finalement, l’entreprise doit se repositionner et se réinventer face à ses concurrents. Dans un monde de transformation rapide, l’enjeu le plus important n’est-il pas la fidélisation des clients ? « L’uberi­sation pose le problème de l’infidélité des clients. Aujourd’hui, les clients sont de plus en plus infidèles car il existe une profusion de choix possibles. Il faut donc que l’entreprise s’interroge sur la problé­matique de la fidélisation de ses clients. Car toute entreprise peut garder ses clients en lui proposant la qualité de ses services mais également en y ajoutant un petit plus qui va la différencier des autres entreprises », avance Rémy Oudghiri.

Enfin, il faut promouvoir une pédagogie de l’innovation à l’intérieur des entreprises : l’exemple des taxis face à Uber et Snapcar a montré que certains secteurs restaient dans une forme d’inertie et ne cherchaient pas à se remettre en cause. « On oublie trop souvent cette dimension pédagogique. Ce n’est pas parce que vous avez la meilleure innovation du monde que les clients vont vous suivre. Il faut faire un travail de pédagogie et expliquer à ses clients pour quelles raisons votre innovation est révolutionnaire. Il va falloir les convaincre », poursuit Rémy Oudghiri.

*Source : Interview Maurice Lévy, Financial Times, décembre 2014


Mutualisation des moyens et des ressources : une piste importante à saisir
« La période actuelle favorise la prise de conscience que l’on peut se mettre à plusieurs sur certains sujets afin de faire avancer les choses et mutualiser les coûts. Il y a proba­blement de nouveaux schémas à imaginer ainsi que de nouveaux outils de collaboration entre entreprises d’un même secteur ou de secteurs différents. On va certainement voir émerger dans les années à venir une sorte d’hybridation d’entreprises de secteurs différents qui vont avoir l’idée à un moment donné, afin de réduire les coûts, de mutualiser leurs ressources. Cette mutualisation concerne encore plus les TPE/PME qui sont tenues de faire attention à leurs coûts et d’optimiser au maximum leurs moyens », explique Rémy Oudghiri.


Génération Y : une priorité pour l’entreprise
« Nous devons prêter une oreille attentive à la génération Y car elle a une nouvelle façon de consommer. Il faut se pré­parer le mieux possible à cette façon de consommer et pro­poser des services adaptés. Non seulement, les entreprises doivent utiliser les nouveaux moyens de communication afin d’atteindre leur cible mais elles doivent s’adapter en termes de promotion et de fidélisation », préconise Grégoire Leclercq. « Il faut être à l’écoute de cette génération qui a grandi au milieu de services et d’appli­cations nomades. Elle accorde une grande importance à la rapidité, à la qualité au moindre coût ainsi qu’à l’innovation. Il s’agit d’une génération moins fidèle que la précédente car elle désire toujours mieux. Il faut l’observer comme un laboratoire et voir comment elle évolue. La génération Y doit être une priorité pour l’entreprise », complète Rémy Oudghiri.

Lu 39413 fois Dernière modification le lundi, 11 juillet 2016 15:35
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.

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