L’objectif de tout entrepreneur est de faire croître son entreprise. Quelles sont les différentes stratégies de croissance ? Comment concevoir un plan stratégique et mettre votre entreprise sur la voie de la rentabilité et de la croissance pérenne ? Telles sont les questions que la rédaction de GPO Magazine a posé à Cyrille Garnier, avocat associé responsable du département Corporate / Fusions-Acquisitions du cabinet Simon Associés et à Jean-François Bette, avocat associé du département fiscal du cabinet Simon Associés, à Jean Paul Genoux, CEO de Dimo Sofware, à Jean-René Boidron de la Société Kameleoon et à Frank Rettmeyer, Président du Groupe Allimand.

Panorama des différentes stratégies de croissance
Au préalable, un bref aperçu sur les différentes stratégies de croissance existantes paraît nécessaire afin de réaliser un choix en toute connaissance de cause. En effet, au moment de décider comment développer son activité, le chef d'entreprise est confronté à un dilemme. Doit-il agrandir son entreprise de l'intérieur, ou de l'extérieur ?
L'entreprise a le choix entre 4 modalités de développement : stratégie de croissance interne, stratégie de croissance externe, stratégie de croissance conjointe et internationalisation.
La croissance interne (ou organique) consiste, pour l’entreprise, à développer ses capacités et ses compétences, en interne, grâce à l'acquisition de nouveaux actifs : machines, ateliers, laboratoires, brevets…Ce type de stratégie a certains avantages car grâce à cela, l’entreprise peut augmenter ses parts de marché et faire jouer l’effet d’expérience. En outre, il permet à l’entreprise de s’adapter en douceur.
Lors d’une croissance externe, l’entreprise va pouvoir développer ses capacités et ses compétences en s’associant à d’autres entreprises. Sur le plan juridique, ce mode de croissance peut se réaliser par une prise de participation, une fusion-création, une fusion-absorption, un apport partiel d’actif. Autant dire d’emblée que l’entreprise doit être en bonne santé financière afin de réaliser une croissance de ce type. C’est la condition sine qua non, et c’est à cette condition que votre entreprise pourra se développer rapidement. Mais surtout, la croissance externe constitue un excellent moyen de réduire la concurrence et de devenir leader sur un marché.
Une entreprise peut encore faire le choix d’une stratégie de croissance conjointe. Ce type de croissance consiste pour l’entreprise à coopérer avec une ou plusieurs autres entreprises, tout en restant juridiquement indépendante. Chacune des entreprises engage une partie de ses ressources pour réaliser un projet commun. Cette collaboration peut se faire entre entreprises concurrentes (alliance) ou non concurrentes (partenariat).
Enfin, une entreprise peut vouloir aller à l’international. L'internationalisation est une stratégie consistant à rechercher l'implantation de l'entreprise sur de nouveaux marchés étrangers. L'entreprise dispose de 3 modalités pour s'internationaliser : l'export, le partenariat avec une entreprise locale, l’investissement direct à l’étranger. Il y a de nombreux avantages à s’internationaliser pour une entreprise : l’accès à de nouveaux marchés, profiter des conditions avantageuses du pays d’implantation, diminuer les coûts, notamment ceux de la main d’œuvre ou augmenter la rentabilité par des économies d’échelle.

Quelles sont les étapes indispensables pour une croissance externe et interne réussie ?
Il convient, d’abord, de se faire accompagner par un spécialiste avocat et/ou expert-comptable. " Notre cabinet accompagne les entreprises de toutes tailles et tous secteurs confondus. En matière d’opérations de croissance externe, trois grands sujets doivent être traités dès la phase pré-contractuelle, à l’occasion de laquelle une lettre d’intention sera conclue entre les parties afin de fixer le cadre des négociations. Tout d’abord, il convient impérativement d’arrêter les conditions de l’audit juridique et financier à conduire lequel permettra à l’acquéreur d’avoir une vision précise de la société cible et des principaux facteurs de risques liés à l’acquisition. Mais prévenir les risques n’est pas suffisant, raison pour laquelle ma lettre d’intention prévoira également le principe d’une garantie de passif à consentir par le vendeur à l’acquéreur afin d’assurer à ce dernier une indemnisation en cas de survenance de ces risques ou de faits pouvant conduire à une diminution de l’actif de la société cible ou d’une augmentation de son passif postérieurement à l’acquisition. Enfin, il conviendra également de prévoir bien en amont de l’acquisition des modalités pratiques de la conduite des activités de la société cible à la suite de la réalisation de l’acquisition afin que la transition soit la plus neutre possible pour les clients et fournisseurs de la société cible. Il est ainsi assez fréquent de prévoir un « accompagnement » du cédant pendant quelques mois afin d’assurer une parfaite transition des activités de la cible au repreneur. L’organisation et les modalités pratique de cette transition font en général l’objet d’une convention d’accompagnement spécifique. " indique Cyrille Garnier.

Bien entendu, l'intervention d'un avocat fiscaliste est également nécessaire car il possède un œil averti sur les différents risques. "Dans le cadre d’une opération de croissance, il est indispensable de réaliser un audit fiscal approfondi de la société cible. Nous nous assurons notamment que les obligations déclaratives ont été respectées, que toutes les charges de la société cible sont justifiées et engagées dans son intérêt (management fees…)…La multiplication des contrôles fiscaux ces dernières années ne permet pas de faire l’impasse sur ces vérifications. L’avocat fiscaliste doit aussi impérativement participer à la mise en place ainsi qu'à la négociation de la garantie de passif. " complète Jean-François Bette.
L'avocat fiscaliste doit également mettre en garde son client contre les pénalités appliquées. " Aujourd'hui, l'administration fiscale a tendance appliquer des pénalités de plus en plus élevées. Il convient donc d'être extrêmement rigoureux dans la réalisation des audits et de l’incidence des risques identifiés » souligne Jean-François Bette.